Le 18 octobre prochain une manifestation est organisée à Foix pour soutenir des agriculteurs, des éleveurs et des chasseurs attaqués en justice par des associations radicales. L’Ariège est encore une fois au coeur des combats qui opposent les partisans d’une ruralité vivante et incarnée aux tenants d’une écologie anti-humaniste qui cherche à vider campagnes et montagnes pour pouvoir mettre en oeuvre le ré-ensauvagement.
Pourquoi cette manifestation ?
En mai 2018 des associations et groupuscules écologistes radicaux organisent un colloque dans le village de la Bastide de Sérou. Il s’agit pour les organisateurs « de dresser un bilan des atteintes à l’environnement dans le département de l’Ariège ». Toutes ces associations militent depuis des années pour la ré-introduction des ours dans les Pyrénées, contre l’utilisation de l’eau par les agriculteurs, contre le droit de chasse et contre tous les projets de développement économique dans la région.
En réaction, la FDSEA, les Jeunes Agriculteurs, l’Association pour la Sauvegarde du Patrimoine d’Ariège-Pyrénées (ASPAP), la FDC 09 ont appelé à manifester le même jour devant le lieu de l’évènement. Les organisateurs du colloque prétendent avoir été victimes de violences et attaquent 6 personnes et 4 organisations au tribunal correctionnel pour atteinte à la liberté d’expression. Les peines peuvent être lourdes.
Il est important de montrer notre soutien aux défenseurs d’une ruralité vivante et d’être présent le 18 octobre à Foix qui devient la capitale de la ruralité que nous aimons et que nous défendons.
Voici le lien Facebook de l’évènement : https://www.facebook.com/events/1191723311730860/?ref=newsfeed

Le contexte
C’est l’ours qui est à l’origine des tensions en Ariège. Sa réintroduction, décidée depuis Paris sans aucune concertation avec les habitants, est perçue par ces derniers comme une négation de leur existence et de leur volonté de vivre de leur travail sur ce territoire.
A l’inverse, certains militent en faveur de l’ours. L’association FERUS est en pointe pour tenter de légitimer cette politique de ré-ensauvagement. C’est une association (voir son site internet 1) de défense et de sauvegarde des grands prédateurs qui prétend oeuvrer « pour une cohabitation grands prédateurs / troupeaux domestiques » mais n’a de cesse de critiquer l’élevage et les éleveurs qu’elle accuse de tous les maux. A titre d’exemple, voici la conclusion d’une de leurs communications : « Soit le Président de la Chambre d’agriculture de l’Ariège ignore tout cela, et c’est grave à son poste ; soit il le sait et il ment, c’est grave également. » Comment tenir de tels propos et prétendre œuvrer à la cohabitation ?
Comme à Nantes avec le combat contre l’aéroport de Notre-Dame des Landes qui est devenu le centre de gravité de la « convergence des luttes », l’affrontement entre pro et anti-ours a attiré en peu de temps toute une nébuleuse d’associations, de groupuscules pseudo-écologistes en mal de cause à défendre et d’activistes déterminés à « changer le monde ».
Les groupes, sous-groupes, associations, collectifs, regroupements de collectifs fleurissent. Certains ne comptent que cinq adhérents mais la tactique de ces activistes est simple : créer le plus de structures possibles pour donner l’impression du nombre. Il suffit de lire les publications de cette mouvance pour s’en rendre compte. Chaque appel à manifester compte des dizaines de signatures d’organisations toutes plus inconnues les unes que les autres. La liste des organisations présentes en mai 2018 lors du colloque agité de la Bastide de Sérou est éloquente.

Deux conceptions du monde qui s’affrontent
La cohabitation entre les sarouels et les bérets n’est pas apaisée, c’est le moins que l’on puisse dire.
D’un côté, les tenants d’une écologie radicale pour qui l’homme est responsable de tous les maux de la terre et dont il faut absolument limiter la capacité de nuisance.
De l’autre des habitants d’un territoire qui veulent être pris en compte et qui souhaitent continuer à vivre et travailler décemment sur la terre de leurs ancêtres.
Cette opposition ne se limite pas à la présence de l’ours. Les groupuscules radicaux responsables de cette situation sont aussi des partisans de la décroissance et de la « convergence des luttes », expression qui traduit bien les origines idéologiques de ces militants. On y retrouve pêle-mêle des opposants à l’ouverture d’une mine de tungstène, à la chasse du grand tétras, à la réouverture d’une carrière de marbre, au compteur Linky… Il y a des « faucheurs volontaires », des groupes qui militent contre les bassines de retenue d’eau pourtant si nécessaires aux agriculteurs, des partisans de la création d’une monnaie locale « éthique et solidaire » et évidemment L214 qui saute sur toute occasion pour attaquer l’élevage français.
L’article paru sur le blog de Médiapart à propos des évènements de La Bastide de Sérou est révélateur de la philosophie politique qui anime ces activistes, son titre aussi : « Convergence des luttes pour défendre l’environnement en Ariège »2. Son auteur cherche à « métisser le social et ‘écologie », il prône les sciences citoyennes, la lutte contre les jets privés, la finance solidaire, le partage des richesses…
La phraséologie utilisée est, elle aussi, révélatrice « contre manifestants agressifs, propos xénophobes, discours de haine, pratiques qui rappellent les pires moments des milices… ». On aura bientôt droit « aux pires heure de notre histoire », le point Godwin de l’expression politique, la phrase qui diabolise et stigmatise définitivement l’interlocuteur, dénature à l’avance tout ce qu’il pourra dire.
En Ariège, c’est bien à un combat de civilisation que nous assistons. N’oublions pas ce que disait l’historien Raymond Delatouche « Il n’est pas d’exemples dans l’Histoire qu’une civilisation ait résisté à la destruction de sa base paysanne. »3
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- https://www.ferus.fr
- https://fr.readkong.com/page/convergence-des-luttes-pour-defendre-l-environnement-en-4075389
- Le paysan révolté : entretiens avec Raymond Delatouche, éditions Mame, coll. Trajectoires, 1993
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