Quand un anti-chasse devient chasseur
Imaginez un ancien opposant à la chasse qui, non seulement, devient chasseur mais décide, en plus, de combattre les mensonges et les a priori en écrivant un livre pour expliquer sa démarche et montrer ce qu’il y a de bon dans la chasse. C’est ce qui est arrivé à Olaaf Brentot qui nous explique dans cet article l’avant et l’après.
Par Olaaf Brentot
Dans une vie, il y a des dates plus mémorables que d’autres. Celles pour lesquelles on se dit « Il y a eu un avant, et un après ». Dans mon calendrier personnel, l’une d’entre elles est le 8 janvier 2017. Avant cette date, mon opinion sur la chasse et les chasseurs était très négative. Je n’étais pas un anti-chasse militant pour son interdiction, mais j’y voyais néanmoins une activité barbare, cruelle et inutile. Je n’avais alors qu’une connaissance plus que superficielle de la chasse mais à l’époque je n’en avais pas conscience.
Seulement, parfois le destin aime nous jouer des tours et mettre de grands coups de pieds dans la fourmilière de nos certitudes. Ayant grandi avec des parents non-chasseurs mais néanmoins éleveurs passionnés de chiens de Saint-Hubert, mon amour pour les chiens m’a un jour conduit à accepter, un peu à contre-cœur, une invitation à suivre une chasse au lièvre « pour voir les chiens travailler« .
Ce jour-là, j’ai vu mes certitudes sur la chasse s’effondrer complètement. Où étaient les gens au degré d’alcoolémie prononcé ? Où était le massacre d’animaux sauvages en bande organisée ? Où étaient ces êtres abjects qui ne respectent rien ni personne et tirent sur tout ce qui bouge ? En lieu et place de ces clichés, j’ai rencontré des gens charmants, accueillants, respectueux, passionnés, amoureux de leurs chiens et qui, surtout, avaient une connaissance de la nature et des habitudes des animaux que j’étais loin de soupçonner. Et ça m’a fasciné.
En une journée, l’image déplorable que j’avais de la chasse fut balayée. Je m’étais trompé.
Être dans la nature, connaître les animaux et leurs habitudes, savoir identifier leur présence et être capable de les approcher, il y avait tant de nouvelles connaissances à acquérir ! Ma curiosité était piquée. Comme souvent quand je me passionne pour un nouveau sujet, j’ai fait preuve de boulimie d’informations. Il fallait que je sache, que je connaisse, que je comprenne. J’ai lu, vu et écouté tout ce que je pouvais sur le sujet. Puis de fil en aiguille, j’en suis venu à m’imaginer, moi aussi, en train de chasser, à me projeter, seul, dans la nature, cherchant à mon tour comment je m’y prendrais pour attraper un lièvre, un chevreuil ou un sanglier.
Et c’est tout naturellement qu’au printemps suivant, je m’inscrivais à l’examen du permis de chasser.
Le « pote sympa » devenu « le monstre qui tue Bambi«
Quand on a longtemps été opposé à la chasse, devenir chasseur en l’espace de quelques mois peut avoir de quoi déconcerter son entourage. Si ma famille a, dans l’ensemble, plutôt bien accueilli la nouvelle, certains amis ont en revanche manifesté beaucoup de surprise, d’incompréhension et même de rejet pour une partie d’entre eux. Il y a ceux qui vous bloquent sur les réseaux sociaux alors même que vous n’y avez jamais posté un seul élément relatif à la chasse, et d’autres qui déclinent une invitation à venir dîner au motif qu’ils « ne voulaient manger la viande d’un animal que j’avais pris plaisir à tuer« .
C’est un fait, depuis que je chasse, j’ai perdu certains amis. Et si je le regrette, je ne peux pas complètement leur en vouloir d’avoir une mauvaise image de la chasse et des chasseurs, j’étais comme eux avant.
Car il en va de la chasse comme des opinions politiques, religieuses ou autres. Ce qu’on en pense est souvent rangé dans la catégorie des opinions identitaires, c’est-à-dire des opinions par lesquelles on se définit moralement et socialement en tant qu’individu. Changer d’avis sur un tel sujet est difficile car cela remet en cause l’image – et donc aussi l’estime – que l’on a de soi, tout comme celle qu’on renvoie aux autres. Tout l’éventail de nos valeurs s’en trouve perturbé et cela occasionne un réel inconfort psychologique. Personne n’aime se rendre compte qu’il s’est trompé, et encore moins qu’on le lui dise. Aussi, devoir remettre en question une telle opinion peut s’avérer très difficile, surtout si le sujet nous tient particulièrement à cœur.
Ce que j’aurais dû savoir avant de dire « Je n’aime pas la chasse«
Trois ans après avoir obtenu le permis de chasser, et trois saisons passées à participer à nombre de passées, battues, billebaudes, approches et affûts, j’ai prolongé l’immersion dans le monde cynégétique en passant d’abord ma Journée de Formation Obligatoire pour la chasse à l’arc, puis le Brevet Grand Gibier, et enfin, suite à un déménagement, mon permis de chasser norvégien. Il est donc naturellement arrivé un moment où mes connaissances sur la chasse et la nature était telles que j’étais quotidiennement confronté à nombre de sottises proférées sur le sujet, que ce soit dans la presse, sur les réseaux sociaux ou même simplement auprès de proches.

Face à tant d’approximations, d’idées reçues et de fake news concernant la chasse, et devant l’incapacité à renvoyer mes interlocuteurs vers une source unique où ils pourraient trouver une information complète sur le sujet, je me suis mis en tête d’écrire un livre pour expliquer la chasse à ceux qui, comme moi auparavant, la jugeaient sans la connaître réellement.
Grâce à ce livre, je voulais contribuer à éduquer le public sur les aspects méconnus de la chasse, y compris les techniques de chasse durable, les règles strictes qui la régissent, ainsi que ce qu’elle apporte à la nature et à notre société. Mon livre « Repenser la chasse » (éditions du Gerfaut) vise à ouvrir un dialogue nécessaire sur la chasse et à encourager une réflexion plus nuancée sur cette pratique. Il s’adresse aussi bien aux chasseurs, qu’aux antichasses et aux sans opinions. L’objectif de cet ouvrage n’est nullement de chercher à convaincre, et encore moins de recruter de futurs chasseurs, mais simplement de donner les clés qui permettent de se construire une image plus juste, une opinion plus objective, complète et renseignée de cette activité que l’on pratique depuis l’aube de l’humanité.
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