Récemment, Peter Singer le gourou des antispécistes (auteur du livre La libération animale qui a lancé le mouvement de l’anti-spécisme en Occident) a relayé et fait la publicité d’un article 1 prônant la zoophilie paru sur un forum internet anglophone dédié aux idées « controversées ».
Ce forum se présente comme un site d’articles scientifiques et s’est fait la spécialité d’accueillir des contributions parfois « surprenantes ». Voici comment il se définit sur sa page d’accueil :
« Le Journal of Controversial Ideas offre un forum pour une discussion prudente, rigoureuse et non polémique sur des questions largement considérées comme controversées, dans le sens où certaines opinions à leur sujet peuvent être considérées par de nombreuses personnes comme moralement, socialement ou idéologiquement répréhensibles ou offensantes. La revue offre aux auteurs la possibilité de publier leurs articles sous un pseudonyme, afin de se protéger des menaces qui pèsent sur leur carrière ou leur sécurité physique. »
Singer nous demande de lire et réfléchir
Peter Singer, sur son tweet présente cet article de la manière suivante :
« Ce document remet en question l’un des tabous les plus forts de la société et plaide en faveur de la licéité morale de certaines formes de contact sexuel entre humains et animaux. Cet article offre une perspective controversée qui appelle à une discussion sérieuse et ouverte sur l’éthique animale et l’éthique sexuelle. Lisez et réfléchissez.«
Que veut dire par là Peter Singer ? Le philosophe utilitariste nous conseille-t-il de ne pas nous enfermer dans des schémas de pensée trop restrictifs et trop étriqués ? Nous demande-t-il de nous ouvrir à des idées nouvelles sans préjugés et a priori ? S’agit-il de dépasser nos interdits moraux et de considérer cette pratique comme moralement acceptable ?

Ce n’est pas la première fois que Singer essaie de présenter la zoophilie comme un acte moralement envisageable. Dans un entretien au Point le 24 août 2019 2, il déclarait : « Si la zoophilie est un crime, même si aucun acte de cruauté n’est commis, et que l’animal est libre de partir si il ou elle préfère le faire, il s’agit aussi d’un crime sans victime. »
Comment l’auteur de l’article justifie la zoophilie
Voici quelques extraits de ce document. Ils sont traduits en français et vous pourrez vous référer à la version anglaise disponible en téléchargement en bas de cet article. L’auteur définit d’abord ce qu’est la zoophilie :
« Par zoophilie, j’entends l’engagement humain dans des relations amoureuses et/ou sexuelles avec des animaux (non humains). […] La zoophilie couvre une variété d’activités romantiques et sexuelles. Ces dernières ne se limitent pas à la pénétration vaginale ou anale, mais incluent également la masturbation, le contact oro-génital, le frottage, le voyeurisme zoophile, etc. »
L’auteur va jusqu’à parler de relations romantiques avec des animaux avant de nous décrire par le menu le large éventail des activités possibles. Il faut avoir le coeur bien accroché. Il explique ensuite que l’humain ne doit plus être considéré comme un être à part. C’est le fondement même de l’antispécisme.
« Je voudrais affirmer que la zoophilie est possible, c’est-à-dire qu’il n’est pas moralement mauvais de se livrer à la zoophilie. Pour ce faire, je prendrai pour accordé une vision largement antispéciste ou une perspective non anthropocentrique qui rejette l’exceptionnalité de l’humain. »
Il va encore plus loin dans les raisonnements surprenants en affirmant que cette approche antispéciste n’est même pas nécessaire pour défendre cette pratique.
« Cela ne veut pas dire que la zoophilie ne peut pas être défendue avec une approche anthropocentrique. En fait, la manière la plus simple de conclure qu’il n’y a rien de mal à la zoophilie consiste à postuler que les humains ont une position morale bien plus élevée que les animaux, donc que la zoophilie n’est qu’un exemple parmi tant d’autres d’utilisation et d’exploitation autorisées d’animaux à des fins humaines. Alternativement, nous pourrions procéder de manière comparative et soutenir que si les pratiques actuelles impliquant des animaux ne sont pas mauvaises, alors la zoophilie ne l’est pas non plus. »
Avec ce genre de sophismes, de logique fallacieuse, nous voyons ce qui inspire les campagnes de communication agressive de PETA qui cherche, par exemple, à assimiler insémination artificielle des animaux d’élevage et zoophilie. Le lien entre cette argumentation bancale en faveur de la zoophilie et les attaques de PETA contre l’utilisation des animaux à des fins domestiques est patent. Si l’élevage est licite, pourquoi la zoophilie ne le serait-elle pas ?
Après nous avoir bien décrit ce qui est possible et pourquoi c’est possible à grands renforts de syllogismes et de logique spécieuse, l’auteur essaie de nous rassurer en mettant des limites à la zoophilie. Elles sont au nombre de deux : la douleur et l’absence de consentement.
« Il est clair que certains cas de zoophilie sont mauvais. Les activités très nocives pour les animaux, comme comme la pénétration humaine des poulets ou des lapins, sont évidemment interdits. […] De plus, ce qui interdit certains cas de zoophilie, ce sont les mêmes types de conditions (telles que la douleur ou l’absence de consentement) que dans des relations sexuelles entre humains. »
Ouf, nous voilà rassurés, poulets et lapins sont exclus et il faut rechercher le consentement de l’animal concerné ! L’auteur compare même la zoophilie à des relations sexuelles entre humains : ce qui est interdit entre humains l’est aussi avec les animaux… Nous sommes bien au coeur du projet antispéciste qui vise à déconstruire la notion même d’humanité. C’est la dignité de la vie humaine qui est mise en cause. Il faut d’ailleurs lire à ce sujet le livre 3 très intéressant et instructif de Paul Sugy, journaliste au Figaro, L’extinction de l’homme – Le projet fous des antispécistes.
Mais un peu plus loin l’auteur écrit : « Il ne fait aucun doute que certaines pratiques sexuelles nuisent à l’animal impliqué, que ce soit l’intention première du participant humain (dans le cas du zoosadisme) ou non – tout acte de pénétration sur des lapins ou des poulets est susceptible de leur nuire gravement. Ceci cependant, ne suffit pas à établir que la zoophilie est une erreur. »
L’auteur conclue ainsi : « Il est temps pour les philosophes, les défenseurs des droits des animaux et les décideurs de reconsidérer leur vision de la zoophilie. »
Je vous laisse le choix des réactions à ce « travail » d’une haute tenue scientifique, morale et philosophique. En ce qui me concerne, après avoir réprimé mes hauts le coeur et mon envie de rencontrer l’auteur pour lui expliquer mon point de vue de manière disons… virile, je me suis remémoré cette phrase de Ernst Jünger qui nous rappelle qu’attenter à la dignité de l’homme nous prépare à des tyrannies ignobles.
« Telles sont les caves au-dessus desquelles s’élèvent les fiers châteaux de la tyrannie et c’est au-dessus d’elles que nous voyons monter l’encens de leurs fêtes : puantes cavernes d’un genre sinistre, où de toute éternité l’engeance réprouvée se délecte lugubrement à souiller la liberté et la dignité humaine. »
Ernst Jünger – Sur les falaises de marbre
Sources :
- ZoophiliaIs Morally Permissible by Fira Bensto (pseudonym) ↩︎
- La libération animale est une question politique majeure ↩︎
- https://www.tallandier.com/livre/lextinction-de-lhomme/ ↩︎
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