La nature ne se régule pas toute seule, contrairement à ce que disent les partisans du ré-ensauvagement ; en voici une nouvelle démonstration. Une étude1 de la société britannique d’écologie (British Ecological Society) pointe du doigt la responsabilité des prédateurs dans le déclin des populations d’oiseaux.

En Europe occidentale on constate un déclin marqué de certaines espèces d’oiseaux. Le discours dominant pour expliquer ce phénomène est qu’il est dû aux activités humaines, agriculture, artificialisation des sols et chasse. Hormis la chasse, les autres facteurs ont certainement un impact mais ils ne sont pas les seuls.

Cette étude démontre de manière pertinente que les prédateurs communs (corvidés, renards…) ont un impact significatif sur les effectifs d’oiseaux et, en particulier, sur ceux nichants au sol.

La directive oiseaux de l’Union européenne a focalisé ses efforts sur la restauration des habitats afin de contrer le déclin des populations d’oiseaux ; c’est important, en effet, mais pas suffisant. Le rôle des prédateurs n’a jamais été mentionné, étudié ni même envisagé dans cette directive.

Ce n’est pas une surprise, les instances européennes ont été infiltrées et gangrenées par des activistes verts et sont soumises à un lobbying intensif des associations dites de protection de la nature. Pour ces dernières, il est impensable de devoir admettre que le déclin d’une espèce animale soit causé par une autre espèce et pas uniquement par l’homme. Le rôle des prédateurs ne peut donc être envisagé et étudié. Le faire serait admettre trois choses qu’ils nient absolument :

  • la nature ne se régule pas toute seule dans nos territoires fortement anthropisés ;
  • l’intervention humaine est la seule solution pour contrer le déclin de certaines espèces animales ;
  • la régulation des prédateurs par les chasseurs s’avère bénéfique et source d’équilibre.

Toute la politique européenne de protection de la nature est basée sur le postulat selon lequel l’homme est source de tous les péchés du monde et qu’il faut limiter autant que possible son impact sur l’environnement. C’est de là que viennent les intentions de mettre 10% du territoire europée en zones de protection forte. Dans ces zones, l’activité humaine sera fortement limitée, voire totalement interdite. Cela veut dire plus d’agriculture, plus d’élevage, plus de chasse, plus de pêche, plus de randonnées. Ces directives européennes ont déja été transcrites dans le droit français2. Il est à noter que cette stratégie européenne de protection de la nature est à l’origine des plans « Farm to fork » et « Greeen deal » qui sont une des raisons du mouvement de révolte des agriculteurs européens. Autrement dit, pour sauver la tourterelle des bois, on sacrifie la souveraineté alimentaire des européens. Brillante démonstration de l’entrisme vert dans nos institutions.

Résumé de l’étude

Déclin des oiseaux européens : devons-nous repenser les approches de gestion des prédateurs généralistes abondants ?

  1. Les espèces d’oiseaux sont en déclin dans toute l’Europe. La politique européenne actuelle, à savoir les directives Oiseaux et Habitats, se concentre sur la gestion de l’habitat comme moyen d’arrêter le déclin. Cet article explore le rôle de la prédation dans le déclin des populations d’oiseaux et se demande si nous devons reconsidérer notre approche de la gestion des prédateurs généralistes.
  2. Nous avons analysé les tendances des populations d’oiseaux et les changements dans leur répartition en Europe, en Grande-Bretagne et en Irlande, reflétant un gradient croissant d’abondance de prédateurs généralistes (principalement le renard roux Vulpes vulpes et les espèces de la famille des Corvidae). Nous avons testé si les espèces d’oiseaux nichant au sol, considérées comme plus vulnérables à la prédation, étaient en déclin plus important que d’autres stratégies de nidification. Nous avons également comparé les espèces désignées à l’Annexe I aux espèces non désignées comme indicateur de la gestion de l’habitat.
  3. Nous avons constaté qu’en Europe, 74 % des espèces d’oiseaux nichant au sol étaient en déclin, contre 41 % des autres espèces. Cela était particulièrement évident en Grande-Bretagne, où la tendance était de 66 % contre 31 %, et en Irlande, de 71 % contre 20 %. Les espèces nichant au sol étaient significativement plus susceptibles d’être en déclin que les autres espèces.
  4. Ces tendances concordent avec l’idée selon laquelle le déclin des populations est au moins partiellement lié à l’abondance accrue de prédateurs généralistes. En Grande-Bretagne, les espèces nichant au sol risquaient moins de connaître un déclin si elles étaient couvertes par la désignation de l’Annexe I. Cependant, en Europe et en Irlande, le statut de l’Annexe I n’a pas atténué l’effet de la stratégie de nidification.
  5. Implications politiques. La législation actuelle est clairement insuffisante pour empêcher un déclin généralisé des oiseaux nichant au sol, et c’est le cas dans toute l’Europe, en Grande-Bretagne et en Irlande. Ignorer le rôle des prédateurs généralistes dans les paysages modernes pourrait conduire à de nouveaux déclins et pertes. Nous avons besoin de toute urgence d’expériences à grande échelle pour établir la causalité de l’impact des prédateurs généralistes sur les oiseaux nichant au sol dans différents environnements. Si nous valorisons nos espèces d’oiseaux nichant au sol, il faut réfléchir au contrôle des prédateurs généralistes largement répandus, au moins jusqu’à ce que les biotopes soient restaurés.

  1. European bird declines: Do we need to rethink approaches to the management of abundant generalist predators? ↩︎
  2. Décret n° 2022-527 du 12 avril 2022 pris en application de l’article L. 110-4 du code de l’environnement et définissant la notion de protection forte et les modalités de la mise en œuvre de cette protection forte ↩︎

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