Saviez-vous que le challenge Macnab qui consiste à prélever en une journée, un saumon à la mouche, un cerf à l’approche et une paire de grouses sans chiens vient d’un roman qui met en scène trois gentlemen se livrant au braconnage ?
Le roman de John Buchan

Ce nom provient de « John Macnab« , un roman de John Buchan écrit en 1925. Le livre raconte le pari que trois gentlemen anglais, un éminent avocat, un banquier d’affaires et un comte, membre du parlement, se sont lancés au lendemain de la première guerre mondiale. Ils souffrent de ce que nous appellerions aujourd’hui la crise de la quarantaine et du souvenir des souffrances vécues pendant la première guerre mondiale car tous les trois sont des anciens combattants de ce conflit. Ils s’ennuient et cherchent à mettre un peu de piment dans leur vie.
Un ami médecin leur a conseillé de s’engager dans quelque chose qui impliquerait de surmonter des difficultés et de prendre un certain degré de risque. Aujourd’hui nous dirions sortir de la zone de confort. Et c’est ce qu’ils décident de faire – en se lançant un défi de braconnage entre gentlemen. Bien entendu, si ces actes de braconnage étaient rendus public, cela nuirait à leur réputation professionnelle et sociale. Ainsi, pour garder l’anonymat, le trio prend le « nom de guerre » commun de John Macnab.
C’est donc John Macnab qui lance un défi à plusieurs propriétaires terriens écossais en annonçant son intention de se faufiler sur leurs terres pour y chasser un cerf et pêcher un saumon. Il met les propriétaires au défi de prendre toutes les mesures contre sa tentative. Il promet aussi de verser la somme de 50 livres à une œuvre caritative s’il échoue. Mais, en cas de réusssite, ce sera au propriétaire de verser 100 livres à cette même association.


Les trois propriétaires que l’auteur du livre, John Buchan, choisit de mettre en scène sont intéressants. Il fait un portrait savoureux de trois types de propriétaires fonciers de l’époque. La première famille est représentative de la vieille aristocratie ; les anglais disent « old money ». Viennent ensuite de riches américains charmés par le mode de vie et les paysages de Highlands qui ont achété une grande propriété. Les derniers sont des nouveaux riches, un peu vulgaires et frustres. Tous trois acceptent le défi. Cependant, alors que les deux premiers se contentent d’alerter leurs gardes-chasse pour qu’ils veillent 24 heures sur 24 sur leurs cerfs, le fils de la troisième famille fait venir des voyous de la ville pour empêcher John Macnab de réussir.
Utilisant le domaine d’un vieil ami comme camp de base et, assistés de quelques habitants, dont un vieux traqueur de cerfs professionnel et un jeune pêcheur, ils se lancent dans l’aventure au coeur des Highlands écossaises et réussiront leur pari.

On dit que Buchan s’est inspiré de l’aventure réelle du capitaine James Brander Dunbar qui, quelque temps auparavant, avait braconné un cerf dans la forêt d’Inverlochy. Il avait réussi à échapper aux gardes chasse et s’était présenté au propriétaire pour lui rendre le trophée. Ce dernier, beau joueur, lui avait remis un chèque de 50 livres à l’ordre de « JBD poacher », JBD le braconnier.
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Le Macnab aujourd’hui
« John Macnab » est un livre qui est devenu culte parmi les chasseurs et les pêcheurs britanniques. Et bien sûr, certains ont eu envie de se lancer le même défi. C’est ainsi qu’est né le challenge Macnab.
Il a un peu évolué par rapport à ce qui est décrit dans le roman. Au cerf et au saumon a été rajoutée une paire de grouses à chasser sans chien et le tout est à faire en moins de 12 heures.

Il faut donc mettre au point une véritable stratégie afin de réussir. Les spécialistes s’accordent à dire que le saumon est sans aucun doute le plus difficile à réaliser, il faut donc commencer par lui puis partir à l’approche du cerf, et terminer par le couple de grouses.
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Beaucoup de domaines de chasse en Écosse proposent ce challenge Macnab. Hélas, il ne s’agit plus de la belle aventure décrite par John Buchan dans son roman ; ce sera, certes un moment inoubliable pour ceux qui auront la chance de le réaliser mais l’aspect commercial enlève toute forme d’incertitude et d’aventure réelle à ce défi.
« Qui ne sait le charme des landes ?… Elles sont comme les lambeaux, laissés sur le sol, d’une poésie primitive et sauvage que la main et la herse de l’homme ont déchirée. Haillons sacrés qui disparaîtront au premier jour sous le souffle de l’industrialisme moderne ; car notre époque, grossièrement matérialiste et utilitaire, a pour prétention de faire disparaître toute espèce de friche et de broussailles aussi bien du globe que de l’âme humaine. » Jules Barbey d’Aurevilly
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