A quelques jours de la fête des mères, il semble intéressant de mettre un coup de projecteur sur un livre passionnant paru aux éditions de Montbel1, La chasse au féminin – Dianes célèbres du Moyen-Âge à nos jours. Un grand merci et un grand bravo à cette maison d’édition de maintenir ce patrimoine littéraire cynégétique.

La chasse n’a jamais été réservée aux hommes et nombre de grands chasseurs furent des chasseresses. Du Moyen-Âge à nos jours, de l’Europe à l’Asie, en passant par l’Amérique, nombreuses furent les dianes célèbres. Ce livre, écrit par Maxime de Jonge, ancien diplomate néerlandais, nous dresse le portrait des plus célèbres. Attardons-nous sur trois d’entres elles qui, d’une manière ou d’une autre, ont marqué l’histoire de notre passion.

Marie-Cécile de Laurétan, la dame aux loups

Marie-Cécile-Charlotte de Laurétan est née le 17 août 1747. Marie est initiée par son oncle à la vénerie et, très vite, elle se passionne pour la chasse, en particulier la chasse aux loups. Ses parents, qui voient d’un mauvais œil cette passion peu féminine, l’envoient au couvent des Ursulines à Saint-Omer. Mais l’établissement grouille de rats et, bientôt, Marie s’applique à les chasser à l’aide d’un gourdin. Elle a réussi à assouvir sa passion de la chasse même au sein d’un couvent !

Une fois adulte, elle constitue sa propre meute de chiens spécialement entraînés pour traquer les loups qui infestent les forêts d’Éperlecques et de Tournehem. On raconte que la baronne de Draëck aurait éliminé pas moins de 767 loups au cours de ses expéditions. Ses exploits lui ont valu la reconnaissance des villageois à époque où les attaques de loups étaient une menace constante pour les troupeaux et les habitants des campagnes.

La Diane du Brédenarde à cheval

Un chroniqueur de l’époque écrit ceci à propos de la célèbre baronne :

« Il fallait la voir, la tête nue, l’épieu au poing, parcourir les coteaux, suivie de chasseurs à la mine sauvage et de chiens non moins rébarbatifs ; les paysans, effrayés, faisaient la haie au cortège, et les jeunes filles n’écartaient qu’en tremblant les rideaux des fenêtres pour voir passer la « Diane de Brédenardre » avec ses sanglants trophées, dont au retour on clouait les têtes contre les portes du château. »

La duchesse d’Uzès, une pionnière

Si la duchesse d’Uzès entendait les débats d’aujourd’hui à propos de la place des femmes à la chasse, elle n’en croirait pas ses oreilles. Elle fut, à la fin du XIXème siècle, une pionnière dans bien des domaines.

Premère femme lieutenant de louvéterie, première femme maître d’équipage du rallye de Bonnelles (elle le restera de 1878 à 1933) et aussi première femme à passer un permis de conduire. Elle fut aussi la première femme verbalisée pour excès de vitesse. Elle roulait à 15km/h alors que la limite était de 12km/h !

Karen Blixen, une baronne danoise installée en Afrique

« J’ai possédé une ferme en Afrique, au pied du Ngong… » Tout le monde ou presque se souvient de ces mots qui ouvrent Out of Africa, le superbe film de Sydney Pollack tiré du livre Une ferme africaine de Karen Blixen. Dans ce livre, elle nous raconte sa vie en Afrique. La vie de cette danoise est, à elle seule, un roman. Initiée à la chasse par son père, elle part au Kénya rejoindre son mari et découvre la nature africaine, les safaris et les grands animaux. Elle avait emmené avec elle ses lévriers écossais et les a beaucoup utilisé pour chasser sur place.

« Tous étaient de remarquables chiens de chasse ; ils chassaient à vue et rien n’était plus beau que de les voir chasser ensemble. Je les avais emmenés avec moi, ce que je n’avais pas le droit de faire, dans les réserves de gibier, et c’était magnifique de les voir disperser les troupeaux de zèbres qui fuyaient effrayés comme si, du ciel, pleuvaient des étoiles. Quand je chassais avec eux dans la Réserve Masaï, il n’y avait jamais de gibier perdu.« 

Oui, la chasse est aussi une activité féminine. Il est bon de le rappeler à certains esprits chagrins et rétrogrades, qu’ils soient opposants à notre passion ou chasseurs. Il est d’ailleurs désolant que certains d’entres nous soient aussi fermés à ce qu’apportent les femmes à la chasse moderne. Il est affligeant de lire sur les réseaux sociaux (mais c’est souvent le terrain de jeu des médiocres) des commentaires et des publications indignes et révoltantes adressées à nos dianes d’aujourd’hui.


  1. Éditions de Montbel ↩︎

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2 commentaires sur « Dianes célèbres à travers l’histoire »

    1. Merci René mais c’est aux éditions de Montbel qu’il faut dire merci. Ils maintiennent ce patrimoine depuis 75 ans avec détermination. Il faut les encourager, les soutenir. Ils le méritent

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