Rôle crucial des chasseurs européens dans la conservation de la tourterelle des bois : nouvelles preuves

Malgré le moratoire sur la chasse de cette espèce, ce sont bien les chasseurs qui s’impliquent dans sa gestion et sa conservation comme le prouve une étude publiée récemment dans un journal scientifique.

Une étude conduite sur sa voie de migration ouest

Cette étude est basée sur une enquête menée dans les trois principaux pays de la voie de migration occidentale de cet oiseau : Portugal, Espagne et France. L’enquête visait à décrire et à quantifier les mesures appliquées sur les terrains de chasse qui favorisent la tourterelle des bois et à identifier les motivations et les obstacles à la mise en œuvre de mesures de gestion ciblant la tourterelle des bois.

Les auteurs ont reçu 931 réponses à l’enquête, les réponses de la France proviennent des l’administration départementales et de l’OFB.

Bien que l’espèce fasse l’objet d’un moratoire dans ces pays, la moitié des territoires de chasse étudiés ont indiqué que la tourterelle des bois faisait l’objet de mesures de gestion de leur part. Notamment, 98 % des personnes interrogées au Portugal et en Espagne ont fourni de l’eau pendant l’été, et 84 % de l’ensemble des terrains de chasse ont fourni de la nourriture. En outre, 50 % des répondants géraient des forêts et 47 % mettaient en œuvre des mesures de gestion agricole, cruciales pour la tourterelle des bois car elle prospère dans la zone intermédiaire (écotone) entre les habitats forestiers et les terres agricoles.

Un obstacle majeur, le financement

En outre, 58% des répondants ont mentionné que davantage de mesures de gestion axées sur la tourterelle des bois pourraient être mises en œuvre. Les principaux obstacles sont le financement, car les chasseurs et les gestionnaires de gibier financent eux-mêmes la gestion menée dans la plupart des cas, et la gouvernance de l’utilisation des terres, car les décisions en matière de gestion des terres appartiennent au propriétaire et il n’est pas toujours possible pour les chasseurs de prendre part à ces décisions.

La gestion globale du petit gibier bénéficie à cette espèce

L’article souligne qu’une proportion significative de terrains de chasse mène des mesures de gestion qui peuvent bénéficier à la tourterelle des bois pendant la saison de reproduction en Europe, bien qu’elles ne ciblent pas exclusivement l’espèce. Par exemple, la gestion des espèces de petit gibier, qui consiste à fournir des habitats d’alimentation (bordures de champs, cultures pour la faune sauvage, etc.) et de nidification (arbustes et gestion forestière) ou des céréales et de l’eau supplémentaires pour les perdrix, ou les pratiques de gestion ciblant les lapins et les lièvres ou les faisans sauvages, qui comprennent souvent la mise en œuvre de cultures de couverture, de bordures de champs et de la gestion des haies. Même la gestion du grand gibier en Espagne, comme le cerf rouge et le chevreuil, comprend la gestion des forêts et des cultures qui améliore la disponibilité des graines sauvages pour la tourterelle des bois. Les chasseurs mettent en œuvre un large éventail et une grande diversité de mesures de gestion de l’habitat qui ont un impact positif sur la conservation et le rétablissement de la tourterelle des bois.

En conclusion, cet article fournit des preuves supplémentaires du rôle crucial que les chasseurs européens jouent dans la conservation de la faune sauvage en gérant les habitats et en investissant d’importantes ressources pour améliorer les habitats, à leurs propres frais. Les chasseurs sont des acteurs clés de la biodiversité et de la conservation, y compris pour le rétablissement de la tourterelle des bois qui n’est plus chassée.

Les partenaires de l’étude

En collaboration avec la Fundación Artemisan, les organisations suivantes ont mené cette étude : Instituto de Investigación en Recursos Cinegéticos (IREC, Espagne), Office Française de la Biodiversité (France), Universidade de Lisboa (Portugal), Fédération Départementale des Chasseurs du Doubs (France), et Centre de Ciència i Tecnologia Forestal de Catalunya (Espagne). Cette recherche a été financée par la Commission européenne (ENV.D.3/SER/2019/2021).