Le mythe d’Actéon puni par Artémis et dévoré par ses chiens est une invitation à la mesure et aux respect des règles.

Actéon est le fils d’Aristée et d’Autonoé, fille de Cadmos et d’Harmonie. Le centaure Chiron lui enseigna l’art de la chasse et il passait le plus clair de ses journées à pratiquer cet art en compagnie de sa meute de cinquante chiens.

Un jour qu’il chassait dans les bois du Cithéron, il surprit accidentellement Artémis et ses compagnes qui se baignaient nues.

Artémis et Actéon de Jacob Jordeens

La déesse outrée de paraitre nue devant un mortel, l’aspergea de quelques gouttes d’eau, récita quelques paroles magiques et Actéon fut changé en cerf.

Ovide Moralisé, 1301-1321

Actéon s’enfuit alors dans la profondeur des bois. Dès que la meute eut reniflé l’animal sauvage elle le prit en chasse puis l’ayant rejoint les chiens se jetèrent sur lui et le mirent en pièces.

Ce mythe a inspiré tous les plus grands artistes, peintres et écrivains. Un des plus célèbres récits est celui d’Ovide dans ses Métamorphoses :

Pourquoi ai-je vu ce que j’ai vu ? Pourquoi mes yeux sont-ils coupables ?
Pourquoi n’ai-je mesuré ma faute qu’après l’avoir commise ?
Actéon surprit Diane nue par mégarde :
Il n’en fut pas moins proie de ses propres chiens.

Le myhe a aussi été immortalisé par Charles III, rois de Naples lorsqu’en 1750 il décida de construire un palais devant rivaliser avec celui de Versailles. Il en confia l’exécution à l’architecte Luigi Vanvitelli qui en dessina aussi le parc. Celui-ci s’étend sur 120 hectares à l’arrière du palais et la longue allée se termine par une cascade qui se déverse dans le bassin de Diane et Actéon où deux immenses sculptures racontent la légende.

La signification du mythe

Georges Sorel disait « Il faut juger les mythes comme des moyens d’agir sur le présent. »

En punissant Actéon, Artémis protège sa pudeur mais la pudeur est ici à entendre comme le respect de la nature. Ce passage de la mythologie grecque doit nous rappeler que la chasse ne peut se concevoir sans éthique et sans conscience et que la déesse châtiera ceux qui s’affranchissent des règles et tombent dans l’excès.

Dominique Venner l’évoque dans un des ses ouvrages et en profite pour insister sur le fait que notre passion doit être « vécue dans les règles ». Il nous rappelle que :

« C’est par la force qu’Artémis défend le royaume inviolable de la sauvagerie. Elle tue férocement les mortels qui, par leurs excès, mettent la nature en péril. Ainsi en fut-il de deux chasseurs enragés, Orion et Actéon. En l’outrageant, ils avaient transgressé les limites au-delà desquelles l’ordre du monde bascule dans le chaos. Le symbole n’a pas vieilli, bien au contraire. »


Puisque nous parlons d’excès et de dérives, je vous incite à lire (si ce n’est déjà fait) cet article à propos des abus de certains organisateurs de chasses commerciales. L’un d’entres eux, en particulier, est coutumier de pratiques qui s’apparentent plus à du braconnage qu’à de la chasse. Il est dommage qu’une influenceuse française en fasse la promotion…


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