La semaine dernière, quelques militants de L214 ont manifesté devant une boulangerie au motif que les oeufs utilisés par celle-ci n’étaient pas issus d’élévages « respectueux ». C’est l’occasion de faire le portrait de Sofie, une de ces militantes de la « cause animale ».
Elle est jeune, hyper connectée, végane, engagée et prête à tout pour sortir de l’ennui. Mais par dessus tout, elle était à la recherche d’une cause dans sa vie vide de sens de petite occidentale gâtée. « J’aime bien les animaux et j’ai une copine qui m’a parlé de la cause animale, ça m’a paru sympa. » Elle n’aime ni les bouchers, ni les éleveurs mais par dessus tout elle est anti-chasse.
Dès les premiers contacts avec les membres du collectif, Sofie (en fait ses parents l’avaient baptisée Sophie mais c’est trop classique, pas assez rebelle alors elle a courageusement changé son prénom en Sofie) se prend au jeu et se lance dans le militantisme.
Changement de vie
Pour être crédible, il faut devenir vegan. Gros changement mais elle avait envie de perdre quelques kilos, ce qui a facilité la prise de décision. Fini les produits d’origine animale.
Pas si facile que ça en fait. Pour l’alimentation, c’est un véritable parcours du combattant. Elle n’imaginait que tant de choses provenait de « l’odieuse exploitation de ces êtres sentients ». Il faut dire qu’elle n’avait jamais fait la cuisine. Resto entre copines, quelques plats cuisinés achetés à la va-vite, livraisons Uber ; sa vie connectée ne lui laissait pas assez de temps. Elle était trop absorbée par les expo d’artistes « absolument géniaux, pas encore très connus mais tu vas voir, il va exploser très vite et puis son regard sur le monde est tellement… comment dire… percutant. Moi, il me transperce ! »
Puis il a fallu se passer du reste, l’habillement entre autres. Pas facile pour elle qui aimait tellement ses pulls angora achetés à la petite boutique équitable en bas de chez elle, pas loin de Bastille. Mais sa référente chez L214 lui a fait lire les campagnes de PETA et de One Voice à ce sujet et l’évidence s’est imposée.
Elle a craqué et jeté ses pulls pour acheter leur équivalent jugé acceptable par Hugo, le chef de la section locale du mouvement. Plus de laine, plus de soie, plus de cuir, plus de plumes et bien sûr plus de fourrure. C’est fabriqué à partir de lin, de coton, de chanvre, de tencel (j’explique pour les gens qui, comme moi, découvrent la chose : fibre de bambou ou d’eucalyptus mélangée à du solvant. Ça fait envie…).
Certains sont certifiés Peta approved vegan. Le must !
Petit bémol, ces végétaux ne sont pas ou peu produits en France et la matière première doit donc parcourir la moitié de la circonférence de la terre pour être transformée en ce « petit haut si cool » maintenant pendu dans l’armoire de Sofie. Leur bilan carbone est pire que celui d’un paquebot de croisière mais de cela Sofie n’a cure, Hugo lui a souri et l’a même invitée à dîner. Alors le bilan carbone…
Les actions militantes
Sa vie aussi a changé, elle se lance dans des « actions » avec le collectif.
Elle rejoint le groupe devant des boucheries et très courageusement hurle quelques slogans et insultes à l’encontre du boucher et de sa famille pendant que Hugo lance un peu de peinture rouge sur la devanture.
Puis, voyant que les « forces de répression de l’état policier au service des lobbies de l’exploitation animale » approchent, elle s’enfuit. En fait il s’agit d’une patrouille de trois policiers plutôt débonnaires. Malheureusement ses baskets PETA approved la trahissent, elle trébuche et se fait interpeller. Ce sera sa première garde à vue. C’est une héroïne qui en ressort le lendemain matin sous les vivats du collectif qui l’emmène fêter sa libération dans le QG du groupe pour déguster une salade de mangues absolument dé-li-cieuses. Et pour cause, les mangues arrivent directement d’Inde par avion. Évidemment le bilan carbone… mais c’est jour de fête.
La prochaine action envisagée est de s’attaquer à un éleveur. Un membre du collectif, né à la campagne mais qui a rejoint la ville et a renié ses origines paysannes a un lointain cousin éleveur dans le Cantal. C’est la caricature de ce que détestent Hugo, Sofie, Lynn et Tobias. Il élève des vaches, aime son métier, participe au salon de l’agriculture chaque année et est membre de la FDSEA. Bien sûr, il ne gagne pas bien sa vie, sa femme est obligée d’avoir un travail à mi-temps au bourg voisin et ses enfants n’iront pas en vacances cet été. Tant pis, l’éleveur sera leur prochaine cible.
Pas comme Hugo qui, lui, est allé au Sri Lanka constater les bienfaits de la transformation de l’agriculture locale en agriculture bio… Certains lui ont fait remarquer que le bilan carbone de ses vacances était peu compatible avec ses luttes mais il les a fait taire en leur disant que ce n’était pas du tourisme mais un séjour militant. Alors, le bilan carbone…
Les actions anti-chasse
Pour Sofie et les autres, la quintessence de l’abomination, c’est le chasseur. Le boucher, l’éleveur le font pour vivre ; ils sont aliénés par un système qui les contraint mais le chasseur … lui, il fait ça par plaisir. Et il en est fier et le revendique. C’est le diable incarné, un mélange de Hitler, Staline et Gengis Khan. Pour Sofie, être anti-chasse est normal, évident, naturel.
Évidemment, il faudrait les rencontrer, entraver leurs actions, les insulter face à face mais… ils ont mauvaise réputation et il faudrait aller en forêt en hiver, salir ses chaussures. Et puis, « ne le dites à personne mais je me gèle avec ces pulls PETA approved« . Alors Sofie se contente de retweeter les messages de AVA, One Voice, ASPAS à partir de son IPhone dernier cri dont le bilan carbone…
« Oh, tu m’em… avec ton bilan carbone, me dit Sofie excédée. Moi je sauve les animaux !«
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