Beaucoup de chasseurs se focalisent sur la vitesse initiale de la munition. C’est important mais ce n’est pas le seul facteur à prendre en compte si on veut que sa balle arrive le plus vite possible sur sa cible. Il faut aussi se pencher sur le temps de vol.

Il peut sembler logique de supposer qu’une balle ayant une vitesse initiale de 900 mètres par seconde parcourt réellement 900 mètres en une seconde. Le problème est que ce n’est pas le cas. Pourquoi ? Parce que la vitesse de la balle n’est pas constante. Dès qu’une balle quitte le canon, elle ralentit. 

Le temps de vol est déterminant

Lorsque nous comparons des cartouches et des chargements, nous pensons généralement que celle qui a la vitesse initiale la plus élevée est celle qui atteint le plus rapidement la cible. Mais à moins que les balles ne soient identiques, ce n’est pas toujours le cas. Pour les chasseurs en particulier, dont les cibles ne restent pas toujours parfaitement immobiles, la mesure la plus appropriée de la vitesse de la balle est le temps de vol, qui décrit le temps qu’il faut à une balle pour parcourir une certaine distance. Ces deux notions peuvent sembler identiques, mais ce n’est pas le cas.

Prenons un exemple. Si une balle de 150 grains avec un coefficient balistique1 de 0,314 quitte la bouche d’un 30-06 à 886 m/s, il lui faudra 0,59 seconde pour parcourir 480 mètres. Si une balle de 150 grains provenant d’une 270 Winchester avec un coefficient balistique de 0,625 quitte la bouche à 868 m/s (20 mètres par seconde plus lent), elle atteindra 480 mètres en 0,52 seconde. En se basant uniquement sur la vitesse initiale, la charge 30-06 est plus rapide, mais la balle tirée par le 270 arrive plus tôt sur la cible.

Même si le 30-06 a une vitesse initiale plus élevée, la balle de 270 a un temps de vol plus court et, par conséquent, moins de chute et de dérive due au vent.

Certes, la vitesse initiale est importante, mais il faut également savoir combien de temps met votre balle pour atteindre sa cible. Les chasseurs devraient prendre le temps de vol plus au sérieux.

Trajectoire et dérive du vent

La vitesse d’une balle, combinée à son coefficient balistique, détermine son temps de vol pour différentes distances. La connaissance de ce temps de vol permet de calculer la trajectoire et la dérive due au vent.

Pourquoi ? Parce que c’est le temps dont disposent la gravité et le vent pour influencer la balle qui fait la différence. Le temps de vol est la raison pour laquelle les balles à coefficient balistique élevé sont devenus si populaires. Les vitesses initiales rapides sont excellentes, mais à plus grande distance, une balle à coefficient balistique élevé peut avoir l’avantage. Cela vaut pour tous les tireurs. Mais cest particulièrement important pour les chasseurs, car le tir à la chasse ne se limite pas à la gestion de la trajectoire et de la dérive du vent ; le temps de vol a d’autres répercussions sur votre tir, car les animaux se déplacent.

Distance et temps

Ce facteur est particulièrement important pour les longues distances, mais il peut également jouer un rôle pour les tirs plus rapprochés, comme le montre l’exemple suivant. Un cerf marche à une vitesse d’environ 5 km/h. Si le cerf commence à marcher au moment où vous appuyez sur la détente, il avancera d’environ 0,60 mètre en une demi-seconde. Si le cerf se trouve à 480 mètres et que votre balle met une demi-seconde pour arriver à destination, elle touchera donc le cerf à environ 2 mètres derrière votre point de visée. Dans le meilleur des cas, vous raterez le cerf, dans le pire, vous le blesserez.

Ces deux photos ont été prises à 2/10e de seconde d’intervalle et ont été superposées pour montrer à quel point le cerf s’est déplacé dans ce laps de temps. Elles montrent également à quel point vous devriez corriger votre point de visée pour faire iun tir efficace.

Temps de vol et tir à longue distance

Le temps de vol devient encore plus critique pour les tirs à longue distance. Par exemple, beaucoup considèrent le 6,5 Creedmoor comme une cartouche parfaite pour le tir à longue distance, mais il faut à une balle de 6,5 Creedmoor environ 1 ¼ de seconde pour parcourir 800 mètres. Dans ce laps de temps, un cerf peut marcher ou se déplacer d’environ 1 mètre et demi.

Il faut aussi ajouter que plus le temps de vol est long, plus les paramètres aérologiques vont influer sur la trajectoire et faire dévier la balle de sa trajectoire.

Même ceux d’entre nous qui ne tirent pas à des distances et qui chassent avec des cartouches à faible vitesse comme la 30-06 ou la 9,3 ne peuvent ignorer le temps de vol. Il faut environ ¼ de seconde à une balle de 30-06 Winchester de 170 grains pour parcourir 150 mètres, et il faut encore plus de temps à une balle de 9,3 de 290 grains pour parcourir cette distance. Si un cerf fait un pas en avant au moment où vous appuyez sur la détente, il se déplacera d’environ de 30 cm dans ce laps de temps. Cela pourrait expliquer certains des mauvais tirs que vous avez infligés à des animaux au fil des ans.

Quelle conclusion ?

Il y a deux principaux enseignements à tirer de tout cela. La première est que lorsque vous comparez des cartouches, ne vous concentrez pas uniquement sur la vitesse initiale. Examinez le temps de vol à différentes distances pour déterminer quelle balle est réellement la plus rapide. L’autre point à retenir est qu’il faut sérieusement prendre en compte l’ensemble de la situation en ce qui concerne le mouvement possible de l’animal avant de tirer. La plupart des chasseurs n’imaginent pas qu’un cerf faisant un seul pas à 300 mètres puisse avoir beaucoup d’importance. C’est pourtant le cas.

Le plus important pour un chasseur est de savoir combien de temps il faudra à sa balle pour aller de l’arme jusqu’à la cible. Cela vous aidera à prendre la meilleure décision quant à l’opportunité de tirer ou non. Heureusement, le temps de vol n’est pas un secret, la plupart des bons programmes balistiques fournissent cette information.


  1. Le coefficient balistique (BC ou G) dépend non seulement des caractéristiques de la forme et du poids de la balle mais prend aussi en compte la résistance réelle de l’air à une vitesse déterminée.
    Le coefficient balistique d’une balle caractérise sa pénétration dans l’air, donc sa capacité à conserver sa vitesse et en conséquence son énergie (qui conditionne son efficacité à l’impact), à être peu sensible au vent latéral et à disposer d’une trajectoire tendue limitant les corrections de visée en hauteur.   ↩︎ ↩︎

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