Depuis l’adoption de la directive oiseaux, la commission européenne (qui, je le rappelle, n’est pas élue par les citoyens) n’a de cesse d’attaquer la chasse par tous les moyens. Actuellement les technocrates européens s’attaquent à la chasse aux oiseaux migrateurs et proposent un moratoire pour 4 espèces et une baisse de 50% des prélèvements pour 3 autres. Les chasseurs européens vont-ils se laisser faire ? La FACE et la FNC seront-elles à la hauteur de l’enjeu ?
La réunion qui a eu lieu hier (28 novembre) à Bruxelles montre qu’une majorité de pays européens est opposée à ces mesures. Les pays membres se retrouveront donc en décembre pour étudier une nouvelle version de cette proposition. Il faut noter que les pays d’Europe centrale (la Pologne en particulier) sont prêts à accepter car ils ne se sentent pas concernés. On ne chasse pas ces espèces chez eux et ils ne font preuve d’aucune solidarité. Gardons-le en mémoire…
Il faut que les chasseurs comprennent que la chasse d’autrefois est finie ; l’époque où l’on chassait sans contrainte est terminée. Toutes les réglementations qui s’appliquent à la chasse française sont issues de directives européennes qui ont force de loi. On peut s’en offusquer et s’énerver, cela ne change rien. La France a délégué des pans entiers de sa souveraineté à l’Union européenne et nous le payons tous les jours. Les espèces que nous pouvons chasser ne sont plus déterminées en France mais à Bruxelles par des experts. Ce sont eux qui jugent si la chasse de telle ou telle espèce est durable1 ou pas et si elle est compatible avec l’état de conservation des ses effectifs. Quand on sait comment travaillent ces experts, cela fait froid dans le dos. L’exemple de la tourterelle des bois de la caille des blés est édifiant.
Les « experts » européens
Selon le dernier rapport sur l’état de la nature dans l’UE, la moitié des espèces inscrites à l’annexe II de la directive (42 espèces) serait dans un état de conservation défavorable. La Commission a donc créé en 2022 une task force sur le rétablissement des oiseaux (TFRB). L’objectif est d’analyser la situation et de préconiser des mesures pour faciliter leur rétablissement. Selon les déclarations officielles, l’objectif est
« de rétablir l’état favorable de la population de l’espèce afin qu’elle puisse être retirée en toute sécurité des catégories menacées de la liste rouge de l’UICN. »
Nous savons trop bien que l’inscription sur la liste rouge en tant qu’espèce menacée n’est jamais remise en question même si l’espèce retrouve des effectifs satisfaisants. Le but réel est d’en interdire la chasse ou la régulation de manière définitive. L’exemple du cormoran est là pour le prouver. Ces experts sont tous ou presque acquis à la théorie du ré-ensauvagement qui considère que l’homme est responsable de tous les maux de la planète et qu’il faut qu’il limite son empreinte sur la nature au maximum.
Ce sont les « experts » de la « Task Force for Recovery of Birds » qui viennent de recommander un moratoire sur quatre espèces de migrateurs : le fuligule milouin, le canard siffleur, la caille des blés, la grive mauvis et une réduction des prélèvements de moitié pour trois autres espèces, la sarcelle d’hiver, le canard souchet, le canard pilet.
Qui nous défend ?
Il est donc impératif que la chasse européenne mais surtout la chasse française soit bien défendue dans ces instances. Qui représente les chasseurs lors de ces discussions ? Les chasseurs européens sont défendus par la FACE et c’est un fonctionnaire du ministère de l’écologie qui défend la chasse française. Bien entendu, il va à Bruxelles après de nombreuses réunions avec les experts de la FNC. Mais on peut se demander quelles sont les consignes qu’il reçoit ensuite de la part du ministre une fois que les entrevues avec la FNC sont terminées. On se rappelle que la ministre Pompili n’a jamais voulu que ses services défendent la chasse à Bruxelles ou au Conseil d’État.
Pour pouvoir se défendre correctement et disposer de données fiables, il faut que les chasseurs déclarent leurs prélèvements ! Sans cela, nos défenseurs ne peuvent pas contredire les soi-disants experts de Bruxelles.
En ce qui concerne les espèces de gibier d’eau il faut noter le travail remarquable fait par l’Association Nationale des Chasseurs de Gibier d’Eau (ANCGE). C’est elle qui, tout au long de l’année, apporte ses données techniques et scientifiques. C’est elle aussi qui essaie de convaincre les politiques de la justesse de son point de vue et qui, au final, est le principal avocat de la cause des chasseurs de migrateurs. Ceux-ci doivent se rendre compte de la chance qu’ils ont d’avoir une association qui lutte aussi efficacement.
Quel est l’état des populations d’oiseaux concernées ?
Le milouin est en effet en baisse significative, selon les spécialistes français. L’étude des prélèvements montre une plus grande proportion de mâles que de femelles, ce qui est un signe inquiétant.
Pour le siffleur, nos spécialistes sont en total désaccord avec Bruxelles qui ne prend en compte que les effectifs présents sur le territoire des état membres de l’Union européenne. Or, 70% du cycle migratoire de cette espèce se déroule en Russie et Bélarus. C’est pareil pour les pilets et les souchets.
Il est quand même incroyable que l’étude d’espèces migratrices s’arrête aux frontières de l’Union européenne ! Il y a une Europe politique et une Europe géographique…
Il semble qu’il y ait moins de cailles des blés qui remontent des tropiques pour venir se reproduire chez nous. Est-ce parce que ces oiseaux sont moins nombreux ?

Un grand spécialiste des migrateurs, Jean-Claude Ricci, ancien directeur de l’IMPCF (Institut Méditerranéen du Patrimoine Cynégétique et Faunistique) avance une toute autre hypothèse. Depuis 30 ans les pays du Maghreb, qui sont sur le chemin retour de la migration, ont fait d’énormes travaux d’irrigation pour augmenter leur production agricole. Il estime qu’une bonne proportion de ces oiseaux, ayant trouvé des conditions favorables là-bas, se reproduisent dorénavant au Maghreb et ne viennent donc plus chez nous. Les « experts » européens ne comptabilisent que les oiseaux présents chez nous ; ils en déduisent donc que les effectifs ont fortement baissé. Birdlife qui est l’organisme mondial de référence n’a d’ailleurs aucune donnée à propos des pays du Maghreb. La zone est en gris sur leurs cartes ! C’est exactement la même situation pour la tourterelle des bois dont le sort a été scellé il y a déjà quelques années.
Voici comment certaines décisions sont prises !
Jean-Claude Ricci ne comprend absolument pas pourquoi la grive mauvis ferait l’objet d’un moratoire puisque cette espèce se porte bien (elle est inscrite en LC sur la liste de l’UICN, ce qui veut dire sans problème) et les estimations de population montrent une augmentation des effectifs. On passe de 20 à 21 millions d’adultes reproducteurs de 2015 à 2021 selon les spécialistes.

La machine bureaucratique de l’UE semble bien être au service des idéologues du ré-ensauvagement et de la décroissance. Notons que les nominations des membres de la commission viennt d’ailleurs d’être entérinées sans problème par certains députés français qui sont bien plus combatifs avant les élections qu’après…
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