L’estimation de la population de loups présents en France est importante car le nombre maximum de loups pouvant être tirés (19 % actuellement) est basé sur l’effectif global estimé. Éleveurs, chasseurs souhaitent que l’on arrête de minimiser les chiffres, à l’inverse des « amis du loup » qui y sont bien entendu favorables.
À compter du 1er janvier 2025, la méthode d’estimation de la population de loups en France va changer. Un arrêté paru au Journal officiel le 5 décembre officialise cette modification. On ne prendra en compte que les résultats issus de la la méthode dite CMR. Le ministère de la Transition écologique nous vante sa fiabilité scientifique.
L’OFB a officiellement reconnu les faiblesses de son ancienne méthode de comptage des loups et a donc décidé de la remplacer par une nouvelle technique basée exclusivement sur l’analyse génétique des traces physiques collectées. Le vernis scientifique de cette méthode ne doit pas nous tromper, il s’agit probablement de minimiser les chiffres de loups présents en France. D’ailleurs, le fait que les amis des loups se réjouissent de cette nouvelle approche est un signe qui ne trompe pas : « L’estimation de la taille de la population par la méthode capture-marquage-recapture (CMR) est une procédure scientifique reconnue et fiable », a salué la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO).
Comment comptait-t-on les loups ?
Jusqu’à présent, l’estimation était faite en croisant les résultats de deux méthodes : d’une part, la méthode de « capture-marquage-recapture » (CMR) et, d’autre part, un indicateur de population appelé « effectif minimal retenu » (EMR). La méthode CMR « est déployée à l’échelle nationale à partir de la collecte d’indices biologiques (fèces, sang, urine, dépouilles) qui font l’objet d’analyses génétiques. » (ministère de la Transition écologique) L’indicateur EMR se fonde sur l’estimation de la population réalisée en fin d’hiver à partir des observations faites par le Réseau Loup-Lynx, qui rassemble plus de 4 000 membres, professionnels ou bénévoles.
C’est le croisement des résultats de ces deux méthodes qui permettait la publication du chiffre officiel annoncé par le ministère de l’écologie.
La confiance n’exclut pas le contrôle…
Il ne s’agit pas ici de faire un procès d’intention avant même le début des analyses et avant que les résultats soient connus mais la partialité de certains agents de l’OFB est trop flagrante pour que l’on les croit sur parole. Selon l’un d’entres eux, et pas des moindres, « le loup a une mauvaise image à tort. »

Les incohérences de la nouvelle méthode
Pas d’indices, pas de loup
Les indices visuels, les hurlements et les actes de prédation ne sont plus pris en compte ! Si aucun indice physique (crotte, sang…) n’est trouvé, même dans une zone de présence connue, l’OFB risque de conclure à l’absence de loups !
De surcroit, l’OFB annonce déjà que « compte tenu des délais liés à la centralisation des prélèvements, aux délais d’analyse génétique de consolidation des données puis de modélisation statistique, les résultats seront connus en fin d’année 2025. » Nous sommes en 2024 et un organisme public doté de 659 millions d’euros de budget n’est pas capable de fournir des résultats en moins de neuf mois. Il serait peut-être judicieux de revoir les priorités budgétaire et de se doter de logiciels efficaces de collecte et d’analyse de données au lieu de d’aller étudier les chauve-souris en Afrique1…
Des zones de recherche trop limitées
Les zones de recherche d’indices génétiques sont trop limitées et ne couvrent pas toutes les zones où des loups sont présents et actifs ! Voici les zones retenues par l’OFB pour le comptage hivernal 2024-2025.

Vous constaterez qu’une grande partie du territoire où des loups sont répertoriés, n’est pas prise en compte. Voici quelques exemples :
- Ardennes : des analyses génétiques réalisées par des éleveurs ont confirmé la présence de loups, un tir de défense a même été autorisé par la préfecture2. Pourtant, il n’y aura pas de recherche d’indices, donc les loups de ce département ne seront pas pris en compte.
- Saône-et-Loire, Côte d’or : attaques quasi quotidiennes, nombreux indices officiels du réseau loup/lynx.
- Gironde : la présence d’un loup en Gironde a fait couler beaucoup d’encre dans la presse locale. Il a été photographié, des attaques ont eu lieu sur des troupeaux et l’OFB a reconnu qu’il s’agissait bien d’un loup.
- Charente et Charente-Maritime3 : Sa présence est confirmée depuis 2019 par l’Office français de la biodiversité, pour qui cette présence d’individus « dispersés » n’a rien d’étonnant.
Pourquoi ces zones, et bien d’autres, ne font-elles pas partie du plan d’échantillonnage de cet hiver ?
Un réseau basé sur des bénévoles militants qui ne transmettent pas les indices
L’OFB déclare que la méthode est basée sur la participation « de partenaires multiples tels que des professionnels (OFB, espaces naturels, forestiers, technicien des fédérations de chasse) ou de bénévoles volontaires (chasseurs, naturalistes, agriculteurs). » Et c’est là que le bât blesse car les « naturalistes » volontaires sont en général issus des rangs des pro-loups qui minimisent intentionnellement les indices de présence et déclarent clairement ne pas vouloir les transmettre4 car ils permettent d’évaluer la population globale et donc de calculer le pourcentage de tirs légaux. Voici ce que l’on peut trouver sur le site internet de Ferus.

Des analyses trop peu fiables
Seules 25% des analyses génétiques peuvent donner un résultat fiable car, dans la majorité des cas, les échantillons sont trop dégradés pour être pris en compte. Voici un exemple issu de la carte du réseau loup-lynx.

On estime qu’une population de loups a une croissance annuelle de 20%, il serait surprenant que les comptages nous annoncent une population en baisse.
- Mission Lavia : à la découverte des chauves-souris d’Afrique de l’Ouest ↩︎
- Ardennes : la préfecture autorise le tir de défense contre le loup à Briquenay ↩︎
- Après la Charente-Maritime, un loup identifié en Charente, premier depuis près d’un siècle ↩︎
- Indices de présence du loup : ne transmettez plus vos données à l’ONCFS ↩︎
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