Pourquoi s’intéresser au Conseil Économique Social et Environnemental (CESE) ? Et bien parce que certains dirigeants de la chasse française en font partie et qu’il vient de proposer quelques mesures1 en faveur de la nature en collaboration avec le WWF. Collaboration surprenante puisque le WWF ne fait pas partie des organismes qui aiment particulièrement la chasse même s’il a reconnu récemment que la chasse dite « aux trophées » pouvait être un bienfait pour la conservation des espèces.
La dette de la France est de 3200 milliards d’euros et elle ne cesse d’augmenter. Cette catastrophe nous concerne tous car les seules solutions auxquelles pensent nos dirigeants pour la réduire sont d’augmenter les impôts et de réduire les services publics au lieu de sabrer dans les dépenses et de supprimer les centaines d’organismes inutiles, voire nuisibles pour certains.
L’ADEME avec ses recommendations stupides et son budget faramineux sont à juste titre dans la ligne de mire en ce moment mais il y a d’autres organismes comme le Conseil Économique Social et Environnemental (CESE) qui méritent notre attention même s’il lui arrive d’écrire des rapports et de proposer des avis. En l’occurence, celui qui nous intéresse est proposé par un chasseur et parle de restaurer la nature.
Quelles mesures propose le CESE ?
Le CESE fait d’abord un constat, il est urgent de « rétablir les écosystèmes pour faire face à la crise écologique actuelle ».
Rétablir signifie ramener à un état antérieur. Quel est l’état auquel le CESE souhaite ramener nos écosystèmes ? Celui d’il y a 50 ans , 100 ans ou encore avant ? Il serait utile de le préciser car toutes les mesures proposées sont à étudier en fonction de la réponse à cette question.
Les mesures en question sont, hélas, assez représentatives de ce que la bureaucratie nationale propose habituellement. Augmentation des dépenses de l’État et des collectivités locales, création de structures publiques supplémentaires, reprise des diktats de l’Union Européenne qui fixe des objectifs contraignants aux États membres avec son règlement sur la restauration de la nature.
Trois axes ont été proposés pour « rétablir les écosystèmes ». Penchons-nous quelques unes de ces recommandations.
« Assurer une meilleure gouvernance. » Gouvernance… mot qui ne veut rien dire et tout dire. Il est beaucoup utilisé pour masquer l’impuissance des politiques face à certains situations qui lui échappent. Mais comme le mot vient du monde de l’entreprise cela donne l’impression de la modernité et de l’efficacité.
- « Développer un portage politique à haut niveau pour prendre des arbitrages favorables face aux politiques sectorielles. »
- Planifier au niveau territorial en s’inspirant de la démarche de préfiguration de schémas territoriaux de restauration écologique.
- Accompagner les acteurs localement avec un guichet unique géré par les agences régionales pour la biodiversité.
Qui peut traduire ce langage abscons typique de notre technocratie ? Quelles seront les mesures concrètes issues de ce prêt-à-porter de la pensée bureaucratique ?
« Renforcer les connaissances, mobiliser les compétences, et favoriser l’engagement populaire.
- Créer un centre de ressources national coordonné par l’Office français de la biodiversité.
- Engager une campagne nationale de sensibilisation et de mobilisation.
- Intégrer au plan national de restauration de la nature une trajectoire chiffrée pour développer la formation et la montée en compétences des professionnels
- Reconnaître l’engagement des propriétaires privés ou publics dans la restauration de la nature (via un label). »
Traduction : création d’organismes publics supplémentaires et donc recrutement de personnel, engagement de dépenses pour une campagne de communication, création d’un label et donc de contrôles qui permettront de l’attribuer ou non. Tout ceci étant réalisé avec de l’argent public. Si nous étions un pays en bonne santé financière, pourquoi pas mais encore une fois, la dette de la France est de 3200 milliards d’euros. S’agit-il de dépenses prioritaires et indispensables ?
« Développer les outils déjà existants mais peu accessibles ou insuffisamment attractifs.
- en relançant la dynamique des contrats dans le réseau Natura 2000, le déploiement, l’attractivité et l’accompagnement en faveur d’outils (obligations réelles environnementales et baux ruraux environnementaux) ».
Lorsqu’un chasseur entend le mot Natura 2000 il se méfie et il a raison. En théorie, la chasse n’est pas interdite dans les zones Natura 2000 mais une décision de la Cour de justice européenne avait condamné la France pour manquement à la directive 92/43 CEE, dite « habitats, faune, flore ». Cette directive impose aux États membres de Natura 2000 de limiter (ou d’interdire le cas échéant) les activités susceptibles d’avoir un effet significatif sur la qualité d’un habitat ou sur l’état de conservation d’une espèce. La France assurait que la chasse et la pêche n’étaient pas des activités perturbantes et qu’elles pouvaient donc s’exercer dans ces zones. Ce n’est pas l’avis de la cour de justice de l’UE qui a condamné la France à ce sujet. Est-il vraiment de notre intérêt de défendre l’extension des ces zones ?
Il faut aussi se rappeler que les associations anti-chasse utilisent la réglementation européenne pour que la chasse soit interdite dans les zones en question. Rappelons-nous aussi que la capture à la glu a été interdite en France car elle était jugée contraire à des réglementations européennes.
Il est intéressant de constater que le rapport du CESE est illustré par des exemples de restauration réussis. Nous en sommes ravis mais il faut aussi constater ques ces restaurations n’ont pas eu besoin des recommandations du CESE pour voir le jour.
Le CESE, à quoi sert vraiment ce « machin » et combien coûte-t-il ?
Le CESE compte 175 conseillers et 157 agents, son coût de fonctionnement s’élève à 45 millions d’euros. Compte tenu du nombre de rapports publiés, cela revient à 1,5 million d’euros par rapport ! Presque aussi bien que Mc Kinsey… Un membre du CESE perçoit un revenu de 3 845,20 € bruts mensuels. Sa gestion avait été épinglée par la cour des comptes en 2105 pour de nombreuses irrégularités comme l’inflation des primes et des indemnités, le régime de congés payés très avantageux pour les agents (54 jours annuels).
Le CESE fait double office avec bien d’autres organismes consultatifs : Conseil d’Analyse Économique, Cour des comptes, Ademe, CNESER… Certains députés demandent la suppression pure et simple du CESE qu’ils jugent coûteux et inutile2. De surcroit, ce conseil est décliné au niveau régional puisqu’il existe 23 conseils économiques sociaux et environnementaux régionaux (CESER).

En théorie, les citoyens ou le gouvernement peuvent saisir le CESE pour lui demander d’étudier une question et de donner un avis. En pratique, ces dernières années, seuls 2 rapports sur 29 ont été demandés par le gouvernement et aucun par les citoyens. Ce qui veut dire que personne ne se soucie vraiment des avis des cet organisme.
Le CESE s’auto-saisit donc et donne des avis que personne ne lui a demandé. Outre cette auto-saisine; qui sert à justifier son existence, il faut aussi s’intéresser aux avis donnés. Ils sont, en général, bien « dans l’air du temps » et parlent d’inclusivité, d’égalité de genre, d’accompagner l’euthanasie, de légaliser le cannabis, du droits des minorités sexuelles (LGBTQIA…), de la déconstruction nécessaire des anciens modèles… Bref, tout ce qui participe de cette emprise woke sur la vie publique et politique de notre pays et qui l’affaiblit alors qu’il aurait besoin de retrouver force et dynamisme.
- Pour restaurer la nature et face à l’urgence, donnons l’envie d’agir. – Rapport du CESE ↩︎
- Inefficace et coûteux : il est temps de débrancher le CESE ↩︎
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