À l’automne dernier, lors du vote de la loi de finances, le député de l’Aisne, Eddy Casterman avait proposé un amendement visant à retirer le bénéfice de la réduction d’impôt pour les dons faits aux associations anti-chasse.

L’amendement avait été rejeté car la gauche et les députés du parti présidentiel avaient voté contre. Cette tentative, bien que n’ayant pas été couronnée de succès, avait eu néanmoins le mérite de nous faire connaitre un député qui défend la chasse et la ruralité à l’Assemblée nationale.

Chroniques cynégétiques a eu le plaisir de lui poser quelques questions. Voici cette interview.

Eddy Casterman a été élu dès le premier tour (58% des voix) dans la 3ème circonscription de l’Aisne lors des élections législatives de 2024. Il est membre du mouvement Identité-Libertés de Marion Maréchal. Il appartient au groupe chasse et pêche de l’Assemblée nationale.

Chroniques cynégétiques : Harcèlement, menaces et provocations à l’encontre des chasseurs ne sont jamais sanctionnés. Quelle solution ? L’incident avec Pierre Rigaux en forêt d’Orléans montre que les provocateurs savent qu’ils ne risquent rien

Eddy Casterman : A l’instar des agriculteurs et des pêcheurs, les chasseurs sont en première ligne face à des groupuscules animalistes de plus en plus violents qui véhiculent la haine de la France rurale. L’activiste extrémiste Pierre Rigaux est aujourd’hui le prescripteur de nombreux militants écologistes qui mènent une guerre contre les chasseurs, cherchent à provoquer l’incident et à installer un climat de terreur dans nos territoires. Nous ne sommes plus dans le registre du libre débat citoyen, mais bien dans l’entrave pure et simple d’une activité parfaitement légale et surtout indispensable à la défense de nos écosystèmes. En tant que passionné de chasse, de pêche et de traditions rurales, je suis convaincu qu’il faille renforcer l’arsenal législatif et réglementaire pour protéger la chasse et restaurer la tranquillité publique dans nos forêts et nos campagnes. Dès l’étude de la première version du projet de loi de finances 2025, j’ai déposé et défendu un amendement pour supprimer l’agrément qui permet de défiscaliser les dons versés aux associations écologistes radicales soutiennent la violence anti-chasse, et je relancerai la proposition de création d’un délit d’entrave à la chasse au sein du groupe d’études chasse et pêche de l’Assemblée nationale. Enfin, je crois nécessaire que, nous chasseurs, nous intensifions notre travail de communication et d’information auprès des usagers de la nature, afin de prévenir et lutter en amont contre la radicalisation animaliste. Par exemple, je suis favorable à la généralisation des manifestations « un dimanche à la chasse » qui sont autant d’occasions de faire tomber certains préjugés véhiculés par la propagande des extrémistes verts. 

CC : Le Royaume-Uni est en passe d’interdire l’importation de trophées de chasse africains. En France, les Verts et LFI avaient essayé sans succès de déposer une PPL allant dans le même sens. Ce sujet reviendra sur la table un jour ou l’autre. Comment s’y opposer ? Sur qui peut-on compter à l’Assemblée nationale ?

EC. Je vais être franc, je n’ai pas d’appétence particulière pour la chasse aux trophées. En revanche, je refuse que l’on proscrive une pratique déjà très encadrée, sous le prétexte qu’elle susciterait une réprobation d’une majorité de l’opinion publique. Je ne doute pas non plus que ceux qui sont sincèrement préoccupés par la protection de la faune africaine, finiront par défendre la chasse aux trophées qui, aussi paradoxal que cela puisse paraître, permet de financer des programmes de conservation et de lutte contre le braconnage.

CC : Les chasses traditionnelles ont été interdites au nom de la protection de la biodiversité. On leur reproche surtout de faire vivre un patrimoine régional, une identité, une appartenance. Peut-on envisager de revenir sur ces interdictions ? La directive oiseaux de l’UE ne les interdit pas formellement. Il suffit de bien argumenter, ce que les différents ministres de l’écologie n’ont jamais voulu faire car cela allait à l’encontre de leur idéologie.

EC. Je n’ai jamais considéré qu’il y avait des modes de chasse moins légitimes que d’autres. La chasse, qu’elle soit au filet, à la glu ou au vol, est une œuvre de civilisation et a le droit de cité au même titre que tout autre manifestation du patrimoine culturel immatériel de la France.

En revanche, permettez-moi de ne pas partager votre optimisme concernant la législation européenne. S’il ne fait de mystère pour personne que le ministère de l’écologie s’abstient sciemment de défendre la chasse lorsqu’elle est attaquée devant les juridictions françaises et européennes, il n’en demeure pas moins que c’est bien la directive « oiseaux » qui sert de catalyseur aux associations anti-chasse dans leur guérilla judiciaire contre la chasse à la glu, la prolongation de la chasse à l’oie, contre la régulation des cormorans, ou plus récemment, contre la chasse de la palombe au filet. Le combat doit être mené y compris sur le front bruxellois, pour réviser certaines législations européennes inspirées de l’écologie punitive. Sur ce sujet comme sur d’autres, je compte beaucoup sur la vigilance et la détermination des députés français du groupe des conservateurs et réformistes européens emmenés par Marion Maréchal.

CC : L’aventure de Willy Schraen aux européennes avec l’Alliance Rurale fut un échec. Que vous a inspiré cette aventure politique du président de la FNC ?

EC. Je ne souhaite pas m’immiscer dans le fonctionnement interne de la Fédération nationale des chasseurs d’autant que nous avons des équipes départementales, professionnelles, passionnées et engagées au service de notre passion commune et de la protection de l’environnement. A l’inverse, je suis beaucoup plus sévère sur certains choix politiques qui ont terni l’image de la chasse lors des dernières élections européennes. Si la liste « Alliance rurale » de Willy Schraen a réalisé moins de 2.5% des suffrages, c’est parce que les ruraux ont compris qu’elle était d’abord une entreprise de diversion et de dispersion dont le seul objectif était d’affaiblir les listes du camp national menées par Jordan Bardella et Marion Maréchal.


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