Chasses traditionnelles, violences faites aux chasseurs, loup, OFB… Nous avons abordé de nombreux sujets lors de cet entretien avec une députée particulièrement combative et impliquée dans la défense de notre patrimoine régional.

Chroniques cynégétiques: Madame la députée, vous avez attiré attiré mon attention en parlant de chasse, et en particulier de la chasse traditionnelle de la grive. Qu’est-ce qui vous a amené à vous intéresser à ce dossier ?

Marie-France Lorho : En ce qui concerne la chasse de la grive aux appelants, vous savez sans doute que le Vaucluse est un département rural et un des plus pauvres de France ; la chasse est donc ici une chasse populaire et ancrée dans des traditions très vivaces. J’ai été interpellée pendant mon premier mandat par des chasseurs de grives qui étaient inquiets et furieux que la capture à la glu soit interdite. La disparition de ces traditions régionales et populaires est une mauvaise chose. Cela nous coupe de nos racines.

La capture à la glu a été interdite en 2021 lors du passage de Barbara Pompili au ministère de l’écologie ; celle-ci, fidèle à ses engagements militants, n’a rien fait pour défendre cette chasse traditionnelle alors que c’était son rôle comme ministre. Les arguments avancés pour « tuer » ce mode de chasse sont mensongers et ne sont basés sur aucune étude scientifique.

Aujourd’hui, on peut encore chasser la grive avec des appelants, à condition que ceux-ci soient nés en captivité et bagués pour identification conformément à l’arrêté du 2 juillet 20241. Cela concerne donc les grives capturées à la glu avant son interdiction. Or, la longévité d’une grive est d’une dizaine d’années. Au bout d’un moment, ces appelants vont disparaître. La chasse de la grive aux appelants va donc disparaître puisque c’était le seul moyen d’avoir des appelants légalement et que l’élevage de grives n’existe pratiquement pas. Les conséquences de l’interdiction de la glu sont maintenat concrètes pour tous les chasseurs provençaux.

CC : Vous avez aussi interpellé le gouvernement à propos des violences que subissent les chasseurs de la part de groupuscules extrémistes.

MFL : Absolument. Ces injures, sabotages, menaces et parfois violences que subissent les chasseurs sont inacceptables. Malheureusement leurs auteurs ne sont presque jamais sanctionnés. Ces actes sont parfois dangereux, en particulier lorsque des miradors sont sabotés. Un chasseur peut tomber avec son arme chargée et se blesser. De plus, ces miradors sont installés pour la sécurité, il est inadmissible qu’ils soient détruits. Il faut absolument que ces actes cessent et que la loi soit appliquée.

CC : Vous faites partie du groupe chasse et pêche de l’Assemblée nationale. Ne serait-il pas envisageable que ce groupe se saisisse de certains sujets techniques et les défende à l’Assemblée et auprès du gouvernement ? Nous savons tous que ce groupe existe mais on entend assez peu parler de lui.

MFL : Le groupe chasse et pêche2 a été recréé suite à la disssolution de juin dernier, il est maintenant complet et compte 92 membres. En effet, il a été assez discret ces derniers temps mais nous avons l’intention d’être plus actifs qu’auparavant et de défendre certains dossiers.

CC : Ne serait-il pas possible d’établir des liens avec certains associations comme l’ANDCTG3 qui défend la chasse traditionnelle de la grive ou l’UNACOM4 qui défend la chasse des migrateurs ?

MFL : Oui, ce serait une bonne idée, je vais le suggérer aux autres membres du groupe. Cela nous permettra de bénéficier de leur expertise. Ce seraient des dossiers travaillés en amont par ces associations et relayés par le groupe.

CC : Je voulais aussi parler du loup. Vous êtes député du Vaucluse, un des endroits de France qui a été parmi les premiers touchés par le « retour » de cet animal.

MFL : Il y a un préfet chargé de mettre en place le plan loup au niveau national, mais les chasseurs et surtout les éleveurs et les bergers, souffrent énormément de la présence de ce prédateur. Comme vous le disiez, nous sommes particulièrement concernés dans la Vaucluse, dans le secteur du Ventoux mais aussi en plaine les attaques sont nombreuses. Il semble qu’il n’y a pas de politique coordonnée. On en parle, on sait que le loup revient, qu’il attaque mais il manque un fil conducteur, une règle qui permette une véritable réponse. C’est un sujet dont peu de parlementaires se sont emparés. Lorsque nous interpellons les services concernés nous n’avons que des réponses techniques mais cela manque de vision globale. Je constate d’ailleurs que lorsqu’on parle de ce sujet, on est attaqué par les mêmes personnes qui attaquent aussi la chasse.

CC : Parlons maintenant, si vous le voulez, de l’OFB qui est au coeur de polémiques récentes.

MFL : En effet, certains demandent même la dissolution de cet organisme. Je pense que sans le dissoudre il serait possible de faire en sorte qu’il soit mieux accepté. Il faut réfléchir aux modes de contrôle, revoir la façon de faire et d’aller chez les gens. Il faut des contrôles mais avec une méthode différente. Moins d’acharnement et plus de pédagogie et de conseil.

CC : Le dernier sujet que j’aimerais aborder concerne votre parti, le Rassemblement National. Quelques chasseurs considèrent qu’il y a un courant anti-chasse assez important chez vous. Certaines déclarations de votre présidente Marine Le Pen ainsi que de cadres du parti commeBruno Bilde ou David Rachline les inquiètent.

MFL : Le rassemblement National est un parti qui défend la France et donc ses traditions, son patrimoine et son histoire. Mais, lorsqu’on parle de sujets de société comme la chasse, les opinions personnelles des uns et des autres sont diverses. Et c’est d’autant plus vrai lorsque le groupe parlementaire est importants, ce qui est la cas du groupe RN aujourd’hui. Un des avantages de ce parti est que nous avons une liberté totale de pensée à propos des sujets de société. Des personnes commes Bilde et Rachline sont plutôt des citadins et se sont des sujets sur lesquels ils ne sont pas interpellés par leurs électeurs. Mais il faut rassurer les chasseurs, nous sommes nombreux du RN au sein du groupe chasse et pêche à l’Assemblée nationale5.


  1. Arrêté du 2 juillet 2024 portant modification de l’arrêté du 4 novembre 2003 modifié relatif à l’usage des appeaux et des appelants pour la chasse des oiseaux de passage, du gibier d’eau et de certains corvidés et pour la destruction des animaux nuisibles ↩︎
  2. Groupe d’études : chasse et pêche. Assemblée nationale ↩︎
  3. Association nationale de défense des chasses traditionnelles de la grive ↩︎
  4. Union nationale des associations de chasseurs d’oiseaux migrateurs ↩︎
  5. Il y a 29 députés du RN au sein du groupe chasse et pêche pour 92 membres au total, ce qui est, en effet, une bonne proportion. (NDLR) ↩︎


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