S’il fallait encore un exemple pour démontrer l’abandon de la France rurale par nos politiques, le dernier rapport de la Cour des comptes est édifiant. Selon ce rapport, seuls 20% des jeunes ruraux sont diplômés de l’enseignement supérieur contre 32% au niveau national.

Un rapport qui pointe du doigt l’inégalité entre les territoires

Ce rapport1 fait suite à une enquête menée dans les départements de Haute-Marne, de la Meuse, des Vosges et de la Haute-Saône. Le rapport est édifiant et démontre l’abandon des territoires ruraux par les gouvernements de ces 40 dernières années alors que 100 milliards ont été déversés depuis 1977 sur d’autres zones au travers des multiples « plans banlieues » dont on mesure quotidiennement l’inefficacité.

Cet argent gaspillé serait mieux utilisé ailleurs, dans des régions où les jeunes ont envie de de s’instruire et de servir leur pays. La Cour des comptes en donne une illustration parfaite en notant que, si l’accès à l’enseignement supérieur est moins fréquent pour les jeunes des zones rurales, ceux-ci obtiennent de meilleurs résultats.

« Les étudiants issus des territoires ruraux ont de meilleurs résultats aux examens. Ainsi, l’université de Lorraine a enregistré en 2022 des taux de réussite supérieurs à la moyenne pour les étudiants ayant obtenu leur baccalauréat en Haute-Marne (100 % de réussite en licence professionnelle et en diplôme d’ingénieur, 96 % en master) et dans la Meuse (92 % de réussite en licence et 100 % en diplôme d’ingénieur). La même année, les étudiants de Meurthe-et-Moselle validaient leur licence à 88 %, leur licence professionnelle à 92 %, leur master à 96 % et leur diplôme d’ingénieur à 90 %. »2

Des freins de tous types

L’accès à l’enseignement supérieur est freiné par divers facteurs :

  • Manque d’information sur l’offre de formation
  • Manque de filières situées à proximité
  • Manque de moyens financiers pour aller étudier dans la ville universitaire (selon le rapport de la Cour des comptes, cela coûte de 1000 à 1500 euros par mois)
  • Orientation principalement axée sur les filières professionnelles.

Il faut donc développer les formations locales mais cela ne suffit pas et ne pourra concerner toutes les filières. Permettre la mobilité des étudiants passe par la revalorisation des bourses qui doivent tenir compte de l’éloignement géographique. Si nos politiques étaient de bons gestionnaires, ils se demanderaient quel est le meilleur investissement, les jeunes ruraux sérieux ou ceux qui cassent tout ?

Une inégalité anticonstitutionnelle et nocive à notre pays

Cette inégalité de traitement est à l’opposé des principes fondamentaux du pacte national puisque l’égal accès à l’instruction, à la formation professionnelle et à la culture est, depuis 1946, un principe à valeur constitutionnelle dans notre pays. L’article 13 du préambule de la Constitution française garantit « l’égal accès de l’enfant et de l’adulte à l’instruction, à la formation professionnelle et à la culture. »

Pourquoi sacrifier les jeunes ruraux et privilégier ceux qui ne font rien pour mériter les privilèges que l’état leur accorde ?

Ne serait-il pas temps que l’on inverse la tendance et que les avantages soient attribués en fonction du mérite ? Ces jeunes ruraux sont la force vive de notre pays et ils sont oubliés et méprisés par les gouvernants et l’intelligentsia parisienne. Vous savez, ceux qui se sentent plus chez eux dans les grandes métropoles étrangères que dans nos campagnes. « Quand je vais à New-York ou à Berlin, je me sens plus chez moi culturellement, que quand je me rends en Picardie. » disait Raphaël Glucksman.

Ce sont les mêmes qui refusent de comprendre la douleur d’un village dont l’un des jeunes vient de se faire assassiner par des voyous venues de la banlieue voisine. Ce sont ceux qui donnent des leçons à nos agriculteurs ou qui traitent les chasseurs de tous les noms parce qu’ils tuent la maman de Bambi…


  1. Rapport public annuel 2025 Les politiques publiques en faveur des jeunes, Volume 1 – L’accès des jeunes des territoires ruraux à l’enseignement supérieur : l’exemple du Grand Est et de la Bourgogne-Franche-Comté ↩︎
  2. Rapport public annuel 2025. Les politiques publiques en faveur des jeunes. Volume 1 – L’accès des jeunes des territoires ruraux à l’ensiegnement suoérieur. Page 209. ↩︎

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