L’ONG de protection animale International Fund for Animal Welfare (IFAW) est accusée d’avoir déplacé 263 éléphants de manière irresponsable et dangereuse dans un parc du sud du Malawi sans prendre de dispositions pour assurer la sécurité des communautés voisines. On peut y voir beaucoup de points communs avec l’hypocrisie et l’irresponsabilité des nos associations pro-loups, pro-ours et anti- delphinariums…

Cette ONG a décidé de déplacer 263 éléphants du parc national de Liwonde dans celui de Kasungu. Depuis, les villageois habitant en bordure du parc se plaignent de la destruction de leurs cultures parfois de leurs habitations et du fait que certains d’entre eux ont été tués lors des incursions des éléphants hors du parc. 

L’ONG IFAW avait fièrement présenté ce transfert comme le plus grand jamais réalisé. Malheureusement, il s’est avéré être un cauchemar pour les populations rurales pauvres qui vivent à proximité du parc.

Ces habitants sont parmi les plus pauvres de la planète et une ONG occidentale rajoute à leur malheur au nom de la protection animale.

Les abords du parc de Kasungu sont maintenant des zones ravagées par les éléphants qui s’aventurent fréquemment hors du parc puisque celui-ci n’est pas clôturé. Les villageois zambiens ne sont pas épargnés non plus puisque le parc est frontalier de la Zambie et que la frontière n’est pas matérialisée par des clôtures. 

Au moins dix personnes ont été tuées par des éléphants dans les environs de Kasungu depuis le transfert et les dégâts causés aux cultures et aux biens par les animaux sont estimés à 4,3 millions de dollars, selon les données compilées par Warm Heart, une ONG créée en réponse au désastre en cours.

Le cabinet d’avocats anglais qui défend les habitants estime que 12 000 malawiens et zambiens ont subi des pertes depuis que le transfert a été réalisé. 

De plus, les éléphants n’ont pas non plus été épargnés, puisque l’on estime que pas moins de 80 pachydermes ont été abattus ou empoisonnés par des villageois défendant leurs cultures. Le manque d’étude d’impact a conduit à l’effet inverse de celui recherché. Au lieu de protéger les éléphants, ils sont devenus une nuisance et ont été traités comme tels par les habitants.

La réponse de IFAW

Évidemment, IFAW dément tout acte répréhensible et a déclaré ne vouloir répondre à aucune question de la presse, ce qui est extrêmement inhabituel pour cette ONG qui est d’habitude très prolixe pour vanter ses actions. Elle s’est contentée de publier la déclaration que voici  :

« IFAW est profondément attristé par tous les cas de conflits entre l’homme et la faune sauvage à Kasungu et dans ses environs, où il a travaillé pour aider le gouvernement et les communautés à développer des solutions durables pour réduire les conflits entre l’homme et la faune sauvage et promouvoir la coexistence. L’IFAW rejette toute allégation d’actes répréhensibles à son encontre à cet égard.  Son objectif reste de respecter son engagement à long terme envers les populations et les espèces sauvages du Malawi et de la Zambie ».

Le vocabulaire utilisé « attristé« , « solutions durables« , « promouvoir la coexistence » rappelle furieusement nos pro-loups en Europe qui font tout pour que les populations de ce prédateur se développent, se déclarent désolés des attaques sur les troupeaux et affirment vouloir assurer la cohabitation entre l’homme et le loup…

Construire une clôture, indemniser les villageois

C’est la première fois qu’une ONG de protection animale est confrontée à une action de groupe, l’équivalent britannique d’une action collective.

Le cabinet anglais qui défende les habitants demande que l’ONG construise une clôture à ses frais et indemnise les villageois. Il accuse IFAW de négligence et de mise en danger d’autrui en ayant transféré ces éléphants sans qu’une clôture ait été construite au préalable. Il affirme aussi que cette ONG a manqué à ses obligations en ne réalisant pas une étude d’impact préalable et en ne conduisant pas de consultations sérieuses avec les communautés concernées.

Tout ceci nous fait penser aussi à l’amateurisme des associations françaises qui ont milité pour la fermeture des delphinariums comme le Marineland d’Antibes. Elles n’ont aucune solution à offrir pour les animaux qui s’y trouvent, n’ont pas réfléchi au sort des salariés de Marineland ni au manque à gagner pour la municipalité et les acteurs du tourisme local.

Cette action en justice a des enjeux énormes tant financiers que politiques.

Ceci jette un éclairage peu flatteur sur les priorités des ONG de défense des droits et du bien-être des animaux en Afrique, alimentant l’idée que ces organisations et leurs sponsors privilégient la vie animale au détriment de la vie humaine sur le continent le plus pauvre du monde.

L’issue de cette action en justice pourrait contribuer à garantir qu’à l’avenir, les transferts d’animaux soient effectuées en prenant en compte le bien-être des communautés rurales avant celui des animaux. Cette affaire sans précédent contre une ONG de protection animale pourrait créer un précédent intéressant et significatif. 


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