Il est impossible de ne pas avoir vu passer un article parlant des 13 millions de chasseurs européens qui seraient empoisonnés par le plomb issu de leur munitions. Toute la presse nationale et régionale reprend ce titre racoleur et mensonger sans aucune analyse critique.

Il s’agit en fait d’une campagne de communication savamment orchestrée par la Commission européenne qui cherche à faire interdire l’usage du plomb à la chasse sur l’ensemble du territoire et pas qu’autour des zones humides comme c’est déjà le cas actuellement.

Les arguments douteux de la Commission européenne

Ils sont basés sur les conclusions1 d’un rapport de l’agence européenne des produits chimiques (ECHA). Ce rapport est construit de manière à faire trembler dans les chaumières tout en camouflant ses faiblesse scientifiques. On commence par présenter des chiffres énormes de mortalité d’oiseaux puis on décrit les risques pour les humains qui en consommeraient. Et, plus loin, en tout petits caractères, on précise que cela n’est basé sur rien de sérieux, de rigoureux et de scientifique, que tout cela est potentiel, non évalué…


« L’utilisation de plomb dans la grenaille dans les zones humides entraînerait un risque pour les oiseaux d’eau, qui ingèrent la grenaille de plomb tirée, ce qui provoque des effets toxicologiques, y compris le décès. » Vous noterez l’utilisation du conditionnel sans une seule référence à une étude scientifique pour confirmer.

Ce rapport fourmille de notes de bas de page (cela fait sérieux…) sauf quand il s’agit de documenter les effets du plomb sur la faune sauvage. Là, on se contente d’écrire « de nombreuses études rendent compte de… » (Numerous studies have reported…). Lesquelles ? Pourquoi ne pas les citer et les donner en référence ?

Les risques pour les consommateurs de gibier

En ce qui concerne les risques pour les humains qui consommeraient du gibier tiré à la grenaille de plomb, l’agence décrit d’abord les conséquences de manière apocalyptique : « Chez les humains, l’exposition au plomb est associée à des effets sur le développement neurologique, à une altération de la fonction rénale et de la fertilité, à de l’hypertension, à des issues défavorables des grossesses et à la mort. » Si j’en crois ce rapport, je devrais être mort depuis longtemps…

Mais un peu plus loin le texte précise que « ce dernier risque n’ait été évalué que de manière qualitative par l’Agence. » et qu’il ne s’agit que de « risque potentiel ».

Traduction : c’est possible mais cela n’a pas été vérifié.

Pour vous convaincre du « sérieux » de ce rapport, il faut noter que, selon l’agence européenne, « L’exposition humaine au plomb provenant des munitions et du matériel de pêche se fait par inhalation et ingestion2. » Vous ne rêvez pas les chasseurs inhalent du plomb ! Certainement en « sniffant » leurs cartouches. A la lecture de ce rapport on peut se demander qui a sniffé quelque chose…

Les destructeurs de la Camargue en appui de cette désinformation

Pour appuyer cette propagande anti-chasse, les journalistes font appel à des « experts ». Ne riez pas, dans le Figaro, ce sont deux chercheurs de la tristement célèbre Tour de Valat. Cet institut qui s’emploie à détruire la Camargue sous prétexte de ré-ensauvagement. Leur militantisme anti-chasse est connu de tous les chasseurs du midi et les résultats de leur action sur la Camargue sont catastrophiques. Hausse de la salinité des eaux intérieures, fuite des oiseaux nichant habituellement, disparition de la flore inféodée à ce biotope si particulier. Il est dommage qu’un journal sérieux comme le Figaro se contente de ce genre de références.

Les recommandations de l’ANSES ne sont pas plus sérieuses.

Les opposants au plomb à la chasse citent souvent un rapport de l’ANSES3 de 2018 qui parle de consommation de gibier. Si on prend la peine de le lire attentivement, on constate :
•⁠ ⁠qu’il ne cite aucune étude scientifique ou médicale qui démontrerait un problème de saturnisme chez les chasseurs, qu’ils soient français ou européens.
•⁠ ⁠qu’il avoue ne pas disposer de données suffisantes pour conclure à un quelconque souci de santé publique.
•⁠ qu’il ne fait pas la différence entre le petit et le grand gibier. Il ⁠ignore apparemment que les chasseurs de grand gibier découpent et éliminent les parties touchées par la balle où pourraient se trouver des micro-traces de plomb et donc que ce soi-disant risque n’existe pas en ce qui concerne le grand gibier.

Bref, là aussi, les auteurs du rapport manquent de sérieux et ont « ouvert le parapluie » en appliquant le « principe de précaution ».

D’ailleurs sur le site du ministère de la santé, les causes du saturnisme en France sont répertoriées. Nulle part il n’est fait mention de la chasse. On peut aussi se demander pourquoi la FNC et son comité scientifique ne montent pas au créneau pour dénoncer ces mensonges et cette désinformation. On pourrait naïvement penser que c’est leur rôle…


  1. Opinion an Annex XV dossier proposing restrictions onLead and its compounds ↩︎
  2. « Human exposure to lead from ammunition and fishing tackle occurs via inhalation and ingestion. » Page 13 du rapport ↩︎
  3. AVIS de l’Anses relatif au risque sanitaire lié à la consommation de gibier au regard des contaminants chimiques environnementaux (dioxines, polychlorobiphényles (PCB), cadmium et plomb) ↩︎

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