Deux touristes turcs venus « documenter les effets du changement climatique » et photographier des ours polaires ont cherché à créer le buzz avec une vidéo attaquant la chasse aux ours. Les habitants n’ont pas apprécié et les deux donneurs de leçon ont dû s’excuser auprès des inuits et supprimer leur vidéo.
Choqués de voir que l’ours pouvait être chassé et se voyant refuser l’accès à la zone de chasse, les deux touristes ont décidé de publier une vidéo sur Instagram (supprimée depuis) qui s’intitulait « Stop hunting polar bears » (arrêtez de chasser les ours polaires). « Certains chasseurs les poursuivent pour les tuer par sport », nous dit Süha Derbent dans la vidéo. « Nous pensons qu’il s’agit d’une injustice inacceptable. Diffusez ce message à tous ceux que vous connaissez. S’il vous plaît, arrêtez de chasser les ours polaires. »
Les habitants réagissent à cette attaque contre leur mode de vie.
Les habitants du Nunavut n’ont pas vraiment apprécié la chose et se sont empressés de le faire savoir. Paul Irngaut, président du conseil des Nunavut a déclaré :
« Ces gens-là ne savent même pas de quoi ils parlent lorsqu’ils viennent dire que c’est mal. Ils devraient d’abord poser des questions avant de faire de tels commentaires. »
Un autre habitant d’Artic Bay s’est un peu emporté à propos de ces deux touristes venus de Turquie pour leur donner des leçons de morale :
« Nous vivons ici, au milieu de cette nature depuis longtemps. On vient nous faire la leçon et nous dire qu’il faut conserver la nature et la respecter, mais c’est ce que nous faisons ! Ce n’est pas aux étrangers qui ne vivent pas ici de décider ».
Les habitants du Nunavut ont le droit chaque année de chasser un nombre limité d’ours polaires. Ils peuvent, soit les chasser eux-mêmes, soit vendre la license à des chasseurs étrangers. Cette chasse est soigneusement réglementée et toute la communauté en bénéficie puisque cela génère des revenus et des emplois.
Des excuses avant de partir
La télévision locale a interviewé ces deux touristes turcs avant leur départ et ils se sont platement excusés.
« Nous n’avions pas à critiquer les chasseurs qui sont dans leur droit. Je m’excuse personnellement si nous les avons offensés, mais ce n’était pas notre intention. »
L’hypocrisie et l’ignorance des donneurs de leçons
Cet incident illustre bien l’hypocrisie, la condescendance et l’ignorance de ces donneurs de leçons que nous, chasseurs, connaissons bien. Ici, il faut reconnaître que nous avons à faire à la quintessence de cette duplicité.
Ces deux touristes ont parcouru 10 000 km en avion pour « documenter les effets du réchauffement climatique ». Sacré bilan carbone pour un voyage sans intérêt puisque ni l’un ni l’autre ne sont des scientifiques.
En fait ils sont photographes professionnels. L’un d’entre eux, Süha Derbent a déjà certainement fait trois fois le tour du monde pour prendre des photos qu’il vend ensuite et qu’il publie dans de beaux livres d’art. Le réchauffement climatique n’est qu’un alibi à un voyage touristique qui sera plus « instagramable » avec le hashtag « globalwarming ».
Son activisme contre le « réchauffement climatique » semble être à géométrie variable puisqu’il fait sponsoriser certains de ses voyages1 par BP (compagnie pétrolière) et Emirates (compagnie aérienne). Il y a les grands principes et les petits arrangements… Cela ne vous fait-il pas penser à Yann Arthus Bertrand et à ses hélicoptères ?
Débarquant pour la première fois dans un pays étranger dont ils ne connaissent ni la culture ni l’histoire ni les modes de fonctionnement, ces deux touristes turcs s’arrogent le droit de critiquer le mode de vie des Inuits qui vivent ici depuis toujours. Cela ne vous fait-il pas penser à Allain Bougrain-Dubourg qui vient critiquer la chasse aux alouettes et se prend des coups de pelle ?
La réaction des habitants du Nunavut est exactement celle des chasseurs de nos régions qui en ont assez d’être jugés par des étrangers et des incompétents.
« Ce n’est pas aux étrangers qui ne vivent pas ici de décider »
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