Aujourd’hui au Sénat, le sénateur de Seine et Marne Pierre Cuypers (LR) a interpellé la ministre de la Transition écologique lors des questions au gouvernement à propos de son projet d’arrêté attaquant la chasse des migrateurs.
Voici quelques unes des perles tirées de la réponse d’Agnès Pannier-Runacher.
« Je pense en effet à la chasse à la polombe… « Après le fuligule mAlouin, voici la pOlombe… Oui, la ministre a défendu la chasse à la palombe mais cela justifie-t-il d’attaquer la chasse d’autres espèces ? On peut d’ailleurs se demander si les garanties concernant les palombes n’expliquent pas le silence de de certaines fédérations à propos de ce projet d’arrêté…
« Je défends cette chasse traditionnelle pour plusieurs raisons, l’espèce est abondante… » Très bien, alors appliquons ce principe aux espèces citées dans le projet d’arrêté. Aucune n’est réellement dans une situation préoccupante, à part peut-être le milouin.
« Notre boussole c’est l’état de conservation des espèces. » Les chasseurs ont la même boussole, c’est pourquoi ils s’investissent toute l’année pour la sauvegarde des milieux que vous saccagez par ailleurs avec vos éoliennes qui ne font pas la différence entre espèces protégées, espèces en déclin ou autre.
« Les scientifiques mandatés par l’Union européenne a (sic) relevé le déclin de neuf espèces de gibier d’eau. » Faux ! Les expertises européennes envisagent des mesures de gestion adaptative pour trois espèces seulement ! De plus ni le lagopède, ni la caille des blés, ni la grive mauvis ne sont des espèces de gibier d’eau, elles sont pourtant concernées par votre projet d’arrêté.
« Les recommendations de la Commission européennes sont claires, elles sont connues depuis 2024. Moratoire ou baisse des prélèvements de 50%. » Ces recommendations ont été refusées et le groupe d’experts européens a présenté d’autres conclusions. La ministre semble l’oublier.
« Les demandes s’appliquent bien dès 2025. » Quelles demandes madame la ministre ? Il serait bon d’être claire. Pour le moment l’Union européenne et la Commission ne demandent rien à la France.
« Ce n’est pas une lubie de la France, c’est la mise en oeuvre d’un processus. » La ministre s’appuie sur des conclusions qui ont été refusées au niveau européen et s’abrite, pour justifier sa décision, derrière un soi-disant processus européen qui n’existe pas. Elle n’a aucun courage politique. C’est pas moi monsieur, c’est l’autre !
« En France nous proposons de tenir une ligne simple, réduire les prélèvements sur les espèces en déclin, les augmenter là où les populations progressent et réserver les moratoires sur les espèces les plus menacées. » Le problème est que les études concernant ces populations proviennent de l’UE. D’où la cruelle absence de données scientifiques venant des chasseurs pour opposer aux chiffres de la Commission et du ministère des chiffres issus d’études incontestables. Comment se fait-il que nos structures fédérales ne soient pas encore dotées d’un institut scientifique sérieux, capable de produire des études pour nous défendre ?
Des négociations sont en cours.
« Les projets d’arrêté ne sont que des projets. » Faut-il voir là un début de négociation possible ? Ce qui semble se confirmer dans la suite de la réponse.
« La fédération nationale des chasseurs nous a fait des contre propositions ce matin. » Lesquelles ? Il serait bon que les personnes que nous avons élu pour nous représenter nous tiennent au courant et que la démocratie interne fonctionne dans le monde de la chasse. Pourquoi la FNC ne fait-elle pas des points d’étape pour nous tenir au courant ? Qui dit négociation dit concessions de part et d’autre. Qu’avons-nous mis dans la balance ? Quels seront les sacrifices consentis par la FNC ? Qu’offre la ministre ?
La réponse du sénateur Cuypers à la ministre est la seule réponse possible : « Retirez le projet de décret. » Nous souhaitons tous que ce soit la position de la FNC.
« Mais les faits sont têtus et nous avons une obligation d’avoir des arrêtés qui tiennent la route devant le contentieux. » La ministre évoque ici un éventuel contentieux européen. Encore une fois, par manque de courage politique, elle s’abrite derrière l’Europe. De surcroit, rien n’indique que la France, si elle abandonnait ce projet d’arrêté serait mise en cause par l’Union européenne.
Cette réponse faite au sénateur Cuypers n’est qu’un écran de fumée pour essayer de masquer une incroyable incompétence ou pour camoufler une décision purement française prise sous influence des lobbies anti-chasse bien installés au ministère de la Transition écologique. Espérons que les négociateurs issus des associations spécialisées sauront tenir tête à la ministre.
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