Le 1er août 1391, Gaston Phébus, comte de Foix, décédait des suites d’une apoplexie après une chasse au cerf. Ce grand seigneur médiéval, passionné de chasse et de chiens, a écrit un traité sur la chasse qui devrait trouver sa place dans toute bonne bibliothèque de chasseur. Il expliquait sa passion de la manière suivante : « la chasse prépare à la guerre, assure une meilleure santé, permet de communier avec la nature et ouvre les portes du paradis. »

Qui était Gaston III, comte de Foix, vicomte de Béarn ?

Gaston Phébus

Gaston III de Foix-Béarn, comte de Foix et vicomte de Béarn (né en 1331, mort en 1391) est un grand seigneur du XIV° siècle qui hérite d’un domaine morcelé. Il s’avère être un fin diplomate, stratège et tacticien et profitera des conflits entre les maisons de France et d’Angleterre pour faire de ses terres un ensemble cohérent et assoir sa domination sur le piémont nord pyrénéen. Il a choisi son surnom de Phébus (ou Fébus), en référence au dieu antique Phoibos (Apollon) et au mythe solaire qui lui est associé. Ce grand seigneur avait compris l’intérêt de la communication et il a su cultiver son image considérant qu’elle était tout aussi importante que ses succès diplomatiques et militaires. Mais ce qui nous intéresse surtout est sa passion pour la chasse et le livre qu’il nous a légué.

Gaston Phébus, le chasseur.

Gaston Phébus est considéré comme un des plus grands chasseurs de son temps. L’abbé de Moissac dit de lui : « Il était passionné par la chasse et possédait mille chiens. » Le parc qui entoure son château est peuplé de cerfs et de daims, le château, lui-même est décoré de trophées, de tapisseries et de peintures représentant des scènes de chasse. Son érudition cynégétique est connue de tous les grands princes de l’époque et certains comme Jean d’Aragon ou le prince de Galles, connu à l’époque comme le Prince Noir, lui demandent des conseils.

Phébus chassant le lièvre, miniature du Maître de Bedford, tirée du Livre de chasse.

Gaston Phébus explique sa passion pour la chasse de la manière suivante : « elle prépare à la guerre, assure une meilleure santé, permet de communier avec la nature et ouvre les portes du paradis. » Il rejoint en cela Xénophon le philosophe grec du IVème siècle avant J.C. qui voyait dans la chasse une école servant à former le caractère des jeunes grecs. Dans son Art de la chasse, Xénophon entend former les jeunes à la vertu en les initiant à la cette pratique. Le titre du chapitre XII est éloquent : Utilité de la chasse, principalement pour la guerre. La chasse est aussi une école de vertu.

Le livre de chasse

Vers 1387, à l’âge de 57 ans, Gaston entreprend l’écriture de ce traité. C’est un véritable chef d’oeuvre qui est à la fois un recueil de souvenirs et un traité sur l’art de la chasse dans lequel l’auteur nous livre ses observations et ses conseils. Il sera rédigé en français alors que la langue maternelle de Phébus est la langue d’oc et connaîtra un succès immédiat dans les milieux aristocratiques de l’époque. Ce succès durera bien au-delà de la vie du comte puisque le fameux naturaliste Buffon l’utilisera encore comme référence à la fin du XVIII° siècle.

L’ouvrage est consacré à la vénerie médiévale, (venari en latin signifie chasser). Tous les aspects de la chasse médiévale, animaux à chasser, chiens, pages, valets et veneurs, pièges sont traités de manière précise, érudite et savante.

L’œuvre, dédié à son compagnon de chasse et de combat Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, comprend quatre livres:

  • Sur les bêtes douces et sauvages ;
  • Sur la nature et les soins aux chiens ;
  • Sur les instructions pour chasser avec des chiens ;
  • Sur la chasse avec des pièges, des collets et des arbalètes.

On peut y lire que « la chasse la plus noble est celle du cerf », que les daims, bouquetins et isards « ne sont pas si communs », que le loup fait de bonnes moufles mais que « sa peau a une odeur très désagréable ». Puis il décrit les chiens, pour lui, les dogues sont « mal taillés et malgracieux » alors que les lévriers sont « courtois et gracieux ».

Le livre original est illustré par des enluminures superbes qui sont de véritables oeuvres d’art. Le livre en contient 87 qui ont été réalisées par les plus grands maîtres de l’époque : le maître des Adelphes, le maître d’Egerton et le maître de l’Epître d’Othéa.

Exemples d’enluminures

La passion des chiens

Il existe aujourd’hui 17 exemplaires manuscrits de ce livre que l’on peut voir dans diverses bibliothèques. En France, nous pouvons l’admirer dans sept endroits : à la Bibliothèque nationale de France à Paris, à la Bibliothèque Inguimbertine de Carpentras, à la Bibliothèque municipale de Lyon, au Musée Dobrée à Nantes, au Musée national du château de Pau et à la Bibliothèque municipale de Tours. Vous pouvez aussi acheter une réédition parue chez Citadelle et Mazenod qui offre la reproduction intégrale (texte et illustrations) du manuscrit de la Morgan Library, l’un des rares et des plus beaux exemplaires conservés dans le monde.


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