La Floride s’apprête à vivre sa première saison de chasse à l’ours depuis des années. La population est en hausse, l’aire de répartition de ces animaux s’étend et les biologistes estiment qu’il est temps de les gérer comme n’importe quel autre gibier. Que cela plaise ou non, c’est ainsi que fonctionne la gestion scientifique de la faune sauvage.

En 1974, les ours noirs de Floride avaient été classés comme « espèce menacée au niveau de l’État » et la Floride en avait interdit la chasse en 1994. 

Mais c’est maintenant officiel, la Commission de conservation de la faune sauvage de Floride (FWC) a voté le 13 août en faveur de la reprise de la chasse à l’ours dans l’état. Bien entendu, de nombreuses règles vont encadrer cette chasse dont la saison va durer trois semaines en décembre.

Les opposants sont furieux

Le vote est unanime puisque il est de 5 voix pour et 0 contre. C’est une défaite cinglante pour les groupes anti-chasse qui ont fait pression pendant des mois pour essayer de bloquer ce projet. Lors du vote, partisans et opposants s’étaient rassemblés devant la batiment de la commission. Ces derniers étaient armés de jolies photos d’ours et de pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Je ne suis pas votre trophée » et « Blessé, chassé, oublié ».

« Cette chasse est inutile et cruelle, à moins que vous ne nous présentiez des données scientifiques. Tout aussi troublante est l’utilisation de techniques cruelles telles que la chasse à courre, l’appâtage et le tir à l’arc. C’est tout simplement inhumain », a déclaré Marsha Biggs, opposante à la chasse à l’ours.

La gestion basée sur la science a gagné.

Les partisans, parmi lesquels figurent des biologistes, des naturalistes (des sérieux, pas les Rigaux locaux), des représentants des forces de l’ordre locales, ont témoigné des problèmes causés par les ours dans certaines régions de l’État. De plus en plus d’ours sont été signalés dans les zones habitées, dans des maisons, dans les parcs urbains et dans des écoles, où ils fouillent les poubelles et s’approchent des enfants.

En mai de cette année, la Floride a connu sa première attaque mortelle d’ours noir lorsque l’un d’entre eux s’est s’est introduit dans la maison de Robert Markel (89 ans), l’a attaqué et tué ainsi que son chien1.

Les biologistes de la Commission de l’État ont signalé que la population a augmenté de 50% entre 2002 et 2015, et des études démographiques récentes indiquent que les quatre plus grandes sous-populations d’ours sont stables ou en augmentation. On estime à 4 000 le nombre d’ours vivant actuellement dans l’État.

De plus, depuis 1992, les ours ont étendu leur aire de répartition de 17 % à 51 % en Floride.

Des règles strictes et équilibrées entre chasse et conservation

Cette année, la chasse se déroulera du 6 au 28 décembre et 187 permis seront attribués par tirage au sort. Les règles stipulent que pas plus de 10 % des permis annuels ne seront attribués à des non-résidents, le reste étant réservé aux habitants de Floride.

Les frais d’inscription s’élèvent à 5 dollars, et les chasseurs potentiels peuvent acheter autant d’inscriptions qu’ils le souhaitent. S’ils sont sélectionnés, les résidents devront payer 100 dollars pour obtenir un permis, et les non-résidents devront s’acquitter de 300 dollars.

Les règles créent également un programme de gestion des ours pour les propriétaires fonciers possédant plus de 50 hectares. Ceux-ci pourront obtenir un permis de chasse à l’ours, mais ils devront mener certaines activités de conservation et soumettre un plan de gestion de l’habitat des ours élaboré par un biologiste de la faune, entre autres conditions.

À l’avenir, les biologistes des services de l’État continueront à surveiller de près la population et à délivrer des permis en fonction de leurs observations. Plus précisément, les règles stipulent que les permis seront délivrés en fonction de la population d’ours, de la mortalité totale documentée des ourses adultes (mort naturelle, maladies, collisions routières) et de la réalisation des plans de chasse.

Malgré la défaite d’aujourd’hui, les opposants à la chasse continuent de lutter pour empêcher la chasse cette année. Une coalition d’associations appelée Bear Warriors United poursuit la FWC2 en justice au motif que l’agence aurait indûment retiré les ours noirs de la liste des espèces menacées de l’État en 2012. D’autres ont déclaré qu’ils prévoyaient d’acheter autant de permis que possible, puis de ne pas les utiliser s’ils étaient sélectionnés.

Pour les partisans de cette chasse extrêmement réglementée, cette décision sera bénéfique pour les ours, leur habitat et les habitants de Floride. Il faut maintenant convaincre ceux qui s’inquiètent et les rallier à la cause d’une gestion scientifique de la faune sauvage.

L’ours noir de Floride

Avant que la Floride ne soit colonisée par les Européens, les ours noirs occupaient tout le territoire de l’état actuel. On en trouvait même dans la partie supérieure des Keys. On estime leur population à cette époque à environ 11 000 individus.

Le mâle a un poids moyen de 150 kg (le plus gros mâle connu pesait 340 kg), les femelles pèsent généralement environ la moitié du poids des mâles. Les adultes mesurent entre 120 cm et 180 cm, et leur hauteur au garrot varie entre 70 cm et 110 cm. Ils sont omnivores, leur régime alimentaire se compose à 80 % de végétaux, à 15 % d’insectes et à 5 % de matières animales. En général, les matières animales consistent en charognes que les ours trouvent en fouillant les déchets.


  1. Florida confirms first deadly black bear attack in state history ↩︎
  2. Fish and wildlife conservation commission ↩︎

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