S’il fallait encore quelques exemples pour nous démontrer que nos autorités considèrent la ruralité avec dédain, l’actualité récente est là pour nous les fournir. Entre fêtes de la chasse et rave-parties, il semble y avoir une application de la loi à deux vitesses et des citoyens plus « égaux que les autres »…

La fête de la chasse doit s’interrompre à midi.

Le 15 août 2025, la fête de la chasse de Vernoil-le-Fourrier (Maine-et-Loire) a été contrainte, sur ordre de la préfecture, de s’interrompre à midi alors qu’elle devait se dérouler toute la journée. Toutes les autorisations avaient été demandées, les organisateurs en étaient à la 8ème édition de cet évènement et avaient parfaitement respecté l’ensemble des procédures administratives pour la tenue d’un tel rassemblement auquel 10 000 personnes étaient attendues.

Alors pourquoi cette décision ? Le département avait été placé en niveau « élevé » pour les feux de forêt à partir du 11 jusqu’au mardi 12 août 2025, par un arrêté de la préfecture qui stipulait que « l’accès du public aux bois et aux forêts est interdit à partir de 12 h. » Une demande de dérogation avait été faite mais la réponse négative de la préfecture n’a été reçue que la veille de la fête. En plus de la grande déception du public et des organisateurs, ces derniers doivent faire face à une lourde perte financière.

Dans ce cas précis, on peut constater que les autorités n’ont fait preuve d’aucune tolérance, ont traité les organisateurs avec beaucoup de légèreté puisque la réponse négative à leur demande de dérogation n’a été envoyée que le veille de l’évènement. On peut aussi se rendre compte que public et organisateurs se sont pliés sans broncher aux directives préfectorales. La fête de la chasse a fermé ses portes à midi. Pas de véhicules qui forcent le barrage des gendarmes, pas de réaction agressive du public. Des citoyens sans histoire qui respectent la loi. Normal, diront certains. En effet, il est normal d’obéir à la loi ; malheureusement le « deux poids, deux mesures » permanent des autorités laisse à penser qu’il existe des citoyens « plus égaux que les autres ».

La rave party de Fontconjouse

Les 2500 « teufeurs » qui se sont rassemblés dans l’Aude semblent bénéficier de plus de mansuétude que le public des fêtes de la chasse. Évènement non déclaré et donc non autorisé, installation sur des terrains privés sans accord des propriétaires, saccage de terres agricoles au coeur d’un territoire récemment ravagé par un incendie gigantesque, mépris total pour les habitants et agriculteurs, présence abondante de produits stupéfiants comme dans tous ces évènements…

Tout cela ne suscite dans un premier temps qu’une déclaration molle de la préfecture locale qui rappelle que la zone « est interdite à toute circulation, du fait de sa dangerosité et du risque d’incendie qui demeure sévère« . La loi est pourtant claire. En France, les free-parties sauvages relèvent d’un régime spécial : déclaration obligatoire au-delà de 500 personnes, pouvoir d’interdiction du préfet, saisie du matériel et amendes. Il y avait pourtant un arrêté préfectoral, actif depuis les incendies, et un arrêté municipal, pris dès la mi-juillet, interdisant tout accès au massif.

Devant le scandale suscité par cet évènement, le ministère de l’intérieur décide d’agir et donne un ultimatum aux fêtards. Pourquoi a-t-il fallu attendre trois jours pour que ce soit mis en oeuvre ? La préfecture a même déclaré « Cette nuit, la rave-party s’est poursuivie dans le calme. La musique a été définitivement arrêtée. Si un incident a nécessité l’intervention des gendarmes, celui-ci est resté marginal. » Tout va bien, l’illégalité flagrante dont font preuve ces gens se déroule dans le calme, il n’est donc pas nécessaire d’intervenir…

Les habitants sont furieux. L’un d’entre eux déclare « « Ils n’ont pas à être là. Je leur conseille de ne pas revenir dans la région. On nous interdit d’y aller, on ne peut pas récolter, et eux, ils viennent, ce sont les rois du pétrole ? On les laisse rentrer et tout faire. Ce n’est pas normal. » Le maire de Fontjoncouse, commune dans laquelle se déroule cette rave-party fait part de son exaspération. « La tension est en train de monter. Après les incendies qu’on a connus, les habitants sont à bout de nerfs, on a des gens qui ont tout perdu, et ceux-là qui font la fête au milieu, ça va mal finir. » Devant ce manque évident de soutien et la lenteur des autorités, les agriculteurs locaux ont décidé de passer à l’action et ont un peu « rudoyé » quelques participants et apporté quelques modifications aux carrosseries des voitures des teufeurs. « Viril mais ça joue » comme le disent les arbitres de rugby. Il faut espérer que ce ras-le-bol ne se traduise pas par des condamnations plus lourdes que celles infligées aux organisateurs et participants.

En Italie, le gouvernement de Giorgia Meloni a fait adopter une loi pour réprimer sévèrement ces fêtes illégales, les peines peuvent aller jusqu’à six ans de prison et plusieurs dizaines de milliers d’euros d’amendes. Beaucoup de participants à la rave-party de l’Aude venaient d’Italie puisque la loi française est bien plus clémente.

On peut aussi se demander qui va supporter les coûts du nettoyage et de la remise en état de la zone puisque ces aimables teufeurs laissent derrière eux un champ de ruines jonché de détritus, des parcelles piétinées et des clôtures arrachées..

Fort avec les faibles, faible avec les forts.

Encore une fois, le « deux poids, deux mesures » est flagrant. Nos autorités sont bien plus strictes à l’encontre des citoyens sans histoire qu’avec ceux qui bafouent ouvertement la loi. Les participant à une rave party illégale ne risquent qu’une amende de 135 euros. A titre de comparaison, le chasseur qui avait tué un ours en 2021 dans les Pyrénées a été condamné à quatre mois de prison avec sursis alors qu’il ne faisait que se défendre contre l’animal qui était en train de l’attaquer.

Faut-il aussi rappeler l’étrange mansuétude dont font preuve nos autorités à l’égard des actes de sabotage ou d’obstruction à la chasse ? Les personnes et groupuscules qui organisent ces actions ne sont jamais condamnés.

Il semble que l’état ne fasse que plier et céder face aux minorités agissantes qui pillent, cassent et brûlent et soit sans pitié à l’encontre des citoyens sans histoire. Non seulement les barbares ne sont pas ou peu sanctionnés mais l’état met en place tout un arsenal juridique destiné à brider la légitime contestation de cette situation. On ne compte plus les lois liberticides dirigées contre la population qui respecte la loi et paie ses impôts. Qu’il s’agisse de répression routière, de contrôle des armes, de restriction de la liberté d’expression et d’opinion, d’impôts excessifs, le zèle judiciaire, fiscal et policier ne s’applique que contre la population qui tient ce pays à bout de bras.


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