Texte rédigé par un chasseur du Sud-Ouest.

Le 24 septembre 2025, par une décision du Conseil d’État, c’est un pan entier de notre histoire rurale qui s’est éteint…

La chasse à l’alouette n’est pas une fantaisie, encore moins un « archaïsme » folklorique : c’est une pratique qui plonge ses racines dans la Terre autant que dans les coeurs. Elle a façonné le rythme des campagnes du Sud-Ouest, accompagné les veillées d’automne, transmis des gestes simples mais nobles, de père en fils, de grand-père en petit-fils, dans un lien transgénérationnel intime et discret…

Les pantes à alouettes n’ont jamais été des engins de destruction. Elles ne prenaient que quelques oiseaux de passage, lumineux, que la migration, parfois, posait par un sifflement hasardeux au pied d’un filet. 

Là, résidait le miracle : un instant suspendu entre l’homme et la nature, un prélèvement minime, respectueux, qui jamais n’a mis en péril ni l’espèce ni les équilibres. Une école de patience, d’humilité, de proximité avec la terre et les saisons, comme souvent…

Aujourd’hui, par « un trait de plume », malicieusement, selon la technique du salami, ceux qui ne connaissent rien de la vie des champs, rien des odeurs de la rosée ni des levants d’octobre, se sont permis d’abolir une tranche de ce lien ancestral, de ce lien social. Dans leurs bureaux parisiens, loin des sillons, loin des villages où l’on vit simplement, ils décrètent que cette tradition doit mourir. 

Quelle violence symbolique ! Ils sont donc nombreux ainsi, ceux dont la certitude de détenir la vérité est inversement proportionnelle à la qualité et la fiabilité de leur souvent maigre connaissance, leur interdit d’écouter l’autre ou de goûter aux charmes éventuels de la différence….

Car ce qui tombe, ce n’est pas seulement une pratique, c’est le cœur d’un peuple discret et laborieux. Ce sont ces gens du Sud-Ouest qui n’ont jamais fait de bruit, qui n’ont jamais revendiqué autre chose que le droit de vivre selon leurs coutumes, dans le respect de la nature et de leurs écosystèmes. 

En interdisant la chasse à l’alouette, c’est un pont entre générations que l’on brise, c’est une mémoire que l’on efface, c’est une part d’âme populaire que l’on mutile. Et demain, que restera-t-il de nos campagnes, si tout ce qui les a faites, patiemment, humblement, est balayé par des décisions venues d’en haut ?

Le grand Sud-Ouest a mal ce matin. Mal de voir son cœur populaire, son cœur battant, réduit au silence tandis que l’arrogance et la violence planent et sifflent sur les villes de France…


En savoir plus sur Chroniques cynégétiques

Abonnez-vous pour recevoir les derniers articles par e-mail.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.