Le propriétaire écolo-woke d’une marque de bière anglaise est contraint de revendre un domaine écossais de 3700 hectares acquis en 2021 après l’échec lamentable de son opération de ré-ensauvagement et de reconstitution d’une forêt « primaire ». Encore un exemple qui démontre que la naïveté et le wokisme ne sont pas les compétences requises pour gérer correctement la nature.

En France, nous ne connaissons pas la marque de bière Brewdog. Nous ne perdons rien, les bières produites sont de qualité moyenne mais elles sont rendues encore plus imbuvables par les quantités astronomiques de discours moralisateurs qui les accompagnent1. Le modèle marketing de de Brewdog repose sur la controverse et le conflit, ce qui lui a bien réussi dans un premier temps mais son positionnement woke et donneur de leçons semble agacer les consommateurs et les pertes de l’entreprise ont doublé ces deux dernières années2. James Watt, le PDG à l’origine de ce positionnement idéologique a quitté ses fonctions à la suite d’allégations d’un environnement de travail toxique et d’accusations de comportements inappropriés. Comme souvent, les moralisateurs bien-pensants sont les derniers à mettre leurs discours en pratique…

Le PDG achète le domaine de Kinrara

Au sommet de sa croissance en 2021, le fondateur James Watt a annoncé l’achat, pour 10 millions d’euros, du domaine Kinrara, d’une superficie de 3700 hectares, dans les Cairngorms, affirmant que Brewdog allait faire du « ré-ensauvagement » et planter « la plus grande forêt jamais vue » en Écosse afin de contribuer à la régénération des anciennes forêts et qu’elle compterait des millions d’arbres. La mégalomanie de ce PDG l’a incité à déclarer que cette « forêt perdue » serait plus grande que « 17 pays réels » et à affirmer qu’elle serait « capable de séquestrer jusqu’à 550 000 tonnes de CO2 chaque année ».

Il a réussi à faire co-financer son projet de plantation d’arbres à hauteur de 2,7 millions de livres (3,1 millions d’euros) par le gouvernement écossais aux mains d’une coalition incluant les verts. Lors de la vente du domaine, les comptes ont montré que les plantations ont en fait été majoritairement réalisées avec l’argent public et pas avec celui du fringant PDG. Les contribuables apprécieront certainement cette utilisation judicieuse de leur argent…

Gardes chasse licenciés

Les terres achetées par Brewdog étaient un ancien domaine de chasse et, évidemment, cela n’était pas conforme aux idées de James Watt qui a fait licencier les six gardes-chasse qui vivaient et travaillaient sur le domaine et a immédiatement arrêté toute forme de chasse et de pêche sur les terres acquises.

Ses méthodes ont immédiatement suscité des inquiétudes chez les professionnels compétents et ceux-ci avaient raison d’être inquiets puisque, deux ans après, plus de 50% des arbres plantés sont morts. Brewdog, qui espérait en tirer un bénéfice grâce au piégeage de carbone, se retrouve avec une énorme dette et vient d’annoncer la vente de Kinrara à un « gestionnaire d’actifs naturels ». Le prix n’a pas été divulgué, mais compte tenu de l’engouement actuel pour les terres écossaises, il ne serait pas surprenant que Brewdog ait réalisé un profit immérité sur un domaine où il n’a fait que causer de graves dommages pendant la courte période où il en a été le gardien.

Plantation de pins sylvestres à Kinrara. Aucun n’est vivant.

L’exemple de ce qu’il ne faut pas faire

Kinrara est l’exemple de ce qu’il ne faut pas faire dans la gestion des terres des Highlands. L’ironie veut que, dans son désir désespéré de rompre avec l’utilisation traditionnelle des terres (chasse et pêche), le lobby de gauche écolo écossais en faveur de la réforme agraire ait permis ce type d’exploitation.

Il existe peut-être des désaccords entre les propriétaires fonciers traditionnels et les écologistes sur la manière de gérer les Highlands mais les deux groupes arrivent maintenant à trouver des terrains d’accord pour le bien de ces terres et de la biodiversité qu’elles abritent. Il existe de nombreux exemples de collaboration fructueuse entre des propriétaires fonciers et des organisations environnementales pragmatiques. C’est là le modèle à suivre pour l’avenir des Highlands.

On ne peut certainement pas en dire autant de Brewdog, qui a simplement utilisé Kinrara et ceux qui y travaillaient comme des pions dans son jeu marketing et financier.

De gros intérêts financiers bien cachés derrière le discours moralisateur écolo

L’exemple de Kinrara met en lumière les malversations et les mensonges de certains investisseurs peu scrupuleux qui achètent des dizaines de milliers d’hectares sous les prétexte de ré-ensauvager et de recréer des forêts primaires pour « le bien de la planète ».

Il s’agit en fait de générer des revenus en vendant des crédits carbone. Ce genre de montages financiers n’existe pas qu’en Écosse. La France est concernée ainsi que le reste du globe. Des centaines de milliers d’hectares sont ainsi détournés de leur vocation première. Ces achats sont parfois présentés comme étant faits pour réensauvager, créer des forêts primaires et sauver la planète.

Ce que l’on appelle maintenant les « accaparements verts » touchent aussi les terres agricoles et mettent donc en danger la production alimentaire dans de nombreux pays. De plus, cela fait artificiellement augmenter le prix des terrains, ce qui empêche l’installation d’agriculteurs qui ne peuvent pas financer l’achat.

Les personnes à l’origine de ce juteux business sont les mêmes qui vont utiliser des influenceurs (coucou Hugo) et des personnalités pour vous donner mauvaise conscience, vous inciter à ne plus prendre l’avion, à ne plus circuler en voiture, à ne plus chasser et à ne plus manger de viande. Pour paraphraser Michel Audiard, « on déjà vu des faux culs mais eux sont des synthèses ! »


  1. En France aussi nous avons à subir les discours politiques de certaines marques. Ben & Jerry, par exemple, le fabricant de glaces, utilise sa notoriété pour nous inciter à accueillir tous les migrants de la planète et à le faire avec le sourire… ↩︎
  2. Comme pour Jaguar qui paye cher ses campagnes de publicités woke, sa glorification de la « diversité » et sa volonté de « casser les codes ». Les amateurs de Jaguar ont largement critiqué ce positionnement qui trahit l’héritage de la marque. Les ventes ont d’ailleurs beaucoup diminué et la marque a décidé d’arrêter ce positionnement controversé. ↩︎

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