On peut parfois se demander si ceux qui sont sensés défendre la chasse ne se trompent pas de direction et d’arguments. Je lisais récemment un « article » écrit par une nouvelle chasseresse. A ses yeux nous sommes un des derniers bastions du patriarcat. Chère madame, ce n’est pas le cas et il suffit d’un peu de curiosité et d’ouverture d’esprit pour s’en rendre compte.

Avec son petit billet, on croirait lire un papier de Médiapart ou de Libé écrit par une admiratrice de Sandrine Rousseau. Même champ lexical, même victimisation, mêmes poncifs éculés à propos des chasseurs.

Cette dame « en a marre d’avoir comme représentation des héros masculins ». Nous allons combler cette lacune, ce manque de culture cynégétique et lui présenter quelques modèles féminins de chasseresses. Sans aller jusqu’à invoquer Artémis, Diane ou Atalante, nous pourrions lui citer bon nombre de chasseresses célèbres dont elle pourrait s’inspirer : la duchesse d’Uzès, Jacqueline Sommer, la fameuse Sissi impératrice, Diane de Poitiers, Karen Blixen, l’auteur de l’inoubliable roman La ferme africaine, George Sand, Annie Oakley et tant d’autres. Depuis toujours les femmes chassent et beaucoup sont devenues aussi célèbres si ce n’est plus que bien des chasseurs masculins.

Certaines ont marqué la chasse et nous leur devons beaucoup comme Jacqueline Sommer qui, avec son mari, est à l’origine des plans de chasse et d’une nouvelle pratique cynégétique plus soucieuse de la pérennité des espèces.

Si l’aspect rebelle lui paraît important, nous lui conseillerons de s’intéresser à la vie de la duchesse d’Uzès, une pionnière dans bien des domaines. La première contravention pour excès de vitesse en France, c’est elle ! La première femme lieutenant de louvèterie, c’est encore elle !

Et quand bien même n’y aurait-il pas de modèles féminins, où serait le problème de s’inspirer d’un homme ? En quoi le droit des femmes serait grandi de ne s’inspirer d’aucun d’entre eux et de les rejeter ? Si je devais me lancer en littérature, je n’aurais aucune retenue à prendre pour modèle, Marguerite Yourcenar, Jane Austen ou Georges Sand. Le sectarisme, le rejet de l’autre ne sont pas les valeurs que prône la chasse. Cette dame, si elle veut rejoindre notre famille, ferait bien de le prendre en compte.

Puisqu’elle est à la recherche de modèles féminins, je me permets de lui conseiller un livre très intéressant qui est consacré aux grandes figures féminines de la chasse : 

La chasse au féminin ; Dianes célèbres du Moyen Age à nos jours de Maxime Van Hanswijck De Jonge aux éditions Montbel.

Un peu plus loin, on peut lire qu’une autre chasseresse a dû « lutter contre l’ordre établi pour pratiquer le ball-trap ». Je ne sais pas d’où vient cette personne mais certainement pas de chez nous. Que ces réticences existent dans certains pays peu concernés par les droits des femmes, cela est possible mais en France en 2023, c’est tellement surprenant que l’on en vient à douter du témoignage. Le ball-trap est une discipline sportive plus féminisée que la chasse ; on compte aujourd’hui 7% de pratiquantes licenciées et 11% d’arbitres femmes pour les compétitions de la FFBT.

Pour revenir à la chasse, vous dites qu’il faudrait que les chasseurs mettent les femmes en avant dans leur combat. Et bien figurez-vous que c’est le cas et que nous ne vous avons pas attendu. Il se trouve que nos ambassadeurs les plus célèbres sont des ambassadrices : Johanna Clermont en France, Katie Van Slyke-Mabry aux États-Unis, Marie Hoffmann en Allemagne, Pilar Montero en Espagne etc, etc.

Alors, parler de « domination systémique patriarcale » me parait complètement hors de propos. Mon expérience personnelle va à l’encontre de ce cliché, j’ai toujours vu des femmes chasser autour de moi et ce depuis mon enfance. Je dirais même qu’il y en avait peut-être plus avant que maintenant.

Notons aussi que trois fédérations départementales de chasse sont dirigées par des femmes. C’est peu mais c’est toujours mieux que bien d’autres fédérations sportives. Nous pourrions aussi parler de la vénerie, ce mode de chasse extrêmement féminisé, bien plus que la chasse à tir et qui compte ou a compté de grands maîtres d’équipage féminins qui ont marqué l’histoire de la chasse à courre.

Il parait aussi que « les femmes doivent redoubler d’efforts pour s’y sentir légitimes ». Encore une fois, je pense que tout ceci n’est que préjugés, a priori et manque de connaissance de terrain. Toutes les femmes qui chassent ou presque s’accordent à dire qu’elles sont bien accueillies et que les hommes sont ravis de les voir en plus grand nombre. Nous les considérons tout autant légitimes que les hommes. La légitimité n’est pas donnée par le sexe mais par l’éthique et la passion.

Alors pour quoi enfiler tous ces poncifs comme certains enfilent des perles ? Pour être dans l’air du temps ? Pour marquer son territoire et brandir haut le drapeau des luttes féministes ? Défendre la chasse en agréant toutes les caricatures qu’en font nos opposants n’est probablement pas le meilleur moyen d’être efficace. Ce n’est pas non plus la manière de bien se faire accepter.


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7 commentaires sur « La chasse est-elle un bastion du patriarcat ? »

  1. Cher Denis,
    Merci pour ces précisions claires et argumentées.
    Vous pouvez rajouter à votre longue liste de femme œuvrant pour la chasse la nouvelle « Cheffe » de la délégation Française du CIC (Conseil International de la Chasse) Mme Catherine CHAMBAUD qui a pris ses fonctions le 22 Juin dernier, et qui a n’en pas douter au regard de son dynamisme, va elle aussi faire avancer l’image des femmes dans l’univers de la chasse.
    Souhaitons lui la bienvenue !

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    1. Mon Cher Jean-Philippe,
      exact. Mea culpa, mea maxima culpa, j’avais oublié notre nouvelle présidente. C’est d’autant plus impardonnable que je suis membre du conseil d’administration du CIC France…

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  2. Cher Monsieur,
    Sans compter sur l’histoire de la vènerie sous terre qui est marquée par de nombreuses femmes maîtres d’équipage dont plusieurs ont été et sont présidentes d’associations départementales ou siègent au Conseil d’Administration l’AFEVST. Mais pour n’en citer qu’une, j’évoquerai le rôle déterminant de Mme Francine Soudée, Fondatrice de L’Association Des Déterreurs en 1956, Maîtresse d’équipage, Lieutenant de Louveterie, éleveuse des fox terriers de Malvau. Elle a œuvré pour donner ses lettres de noblesse à un mode de chasse si particulier. Elle a milité pour la fin des empoisonnements des terriers, pour l’instauration d’une période de fermeture en phase avec le cycle reproductif particulier du blaireau.
    Bien à vous
    Jean Masson

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    1. Monsieur,
      Merci d’attirer mon attention à la fois sur la vénerie sous terre et sur cette dame que je ne connaissais pas. Si vous avez plus de détails à son propos, je suis intéressé. J’envisage d’écrire une suite d’articles sur les femmes qui ont marqué la chasse. Elles sont nombreuses.
      Cela fera taire quelques mauvaises langues adeptes du féminisme agressif.
      Bien à vous.
      Denis Plat

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  3. Moi-même femme pratiquant la chasse assidûment et avec bonheur, entourée d’hommes souvent très ouverts mais parfois également de réfractaires assez désagréables, je note qu’une fois de plus des hommes nous expliquent ce que nous devrions ressentir et nous « aident » à analyser notre vécu. Dommage…

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    1. Alors, pourrais-je avoir une explication à votre commentaire ? Il est pour le moins sibyllin. Où ai-je écrit ce que vous devez ressentir et à quel endroit ai-je analysé votre « vécu » ? Si vous voulez que la chasse au féminin soit analysée par des femmes, lancez-vous, écrivez ! Mais, par pitié, par avec ce jargon féministe à 2 sous

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