Le 12 août est une date importante en Écosse et dans le Yorkshire car c’est l’ouverture de la chasse à la grouse (lagopède rouge). Ce jour si particulier pour les chasseurs du Royaume-Uni est riche d’enseignements. Il démontre que la passion de la chasse transcende les clivages sociaux, que la nature ne se régule pas seule et que ses opposants sont tout aussi dogmatiques et incompétents que les anti-chasse français.

Le Glorious Twelfth

La date du 12 août a été adoptée comme jour d’ouverture de la chasse à la grouse par le Scots Game Act de 1773. Cet édit proclame que « nul n’est autorisé à acheter ou chasser la grouse entre le 10ème jour de décembre et le 12ème jour d’août ». Cette date est devenue presque sacrée pour tous les chasseurs d’outre-Manche, certains vont même jusqu’à l’appeler « le nouvel an de la chasse ». C’est à partir de 1850 que la chasse à la grouse a gagné en popularité. Ceci est dû au développement des chemins de fer qui ont permis d’aller en Écosse plus facilement et aussi à l’arrivée de nouveaux types de fusils. En effet, c’est à ce moment que sont apparus les fusils à chargement par la culasse, ce qui permettait un rechargement plus rapide. C’est l’époque des tableaux gigantesques et, osons le dire, stupides ; à titre d’exemple, en 1915, le duc de Westminster tira 2929 grouses lors de l’ouverture.

Mondain et populaire

C’est un évènement à la fois mondain et populaire. Mondain car la famille royale et l’aristocratie britannique avaient coutume de s’y rendre, ce qui a « donné le ton » pour toute la gentry. Populaire, car cela attire énormément de chasseurs moins fortunés mais qui veulent participer à cet évènement une fois dans leur vie. De plus, les écossais aiment ce jour et, comme pour la vénerie en France, il y a parfois plus de spectateurs que de participants. La chasse montre ainsi qu’elle est capable de rassembler et de transcender les barrières sociales. Oui, la chasse à la grouse est chère mais est-ce important quand on sait que l’argent ainsi dépensé par certains va directement bénéficier aux habitants de la région et à la sauvegarde de la biodiversité ? La chasse à la grouse, c’est environ 2500 emplois et 100 millions de livres de bénéfices annuels. Les territoires à grouse couvrent plus de 220 000 hectares de terres en Angleterre et en Écosse. Cette chasse ne se pratique que sur des animaux sauvages, il n’existe pas d’élevages de grouse destinées à être relâchées ; il faut donc des espaces suffisants pour que l’espèce se développe bien.

C’est aussi un jour très attendu par les meilleurs restaurants de Londres qui vont pouvoir mettre ce célèbre gibier à la carte. Vous trouverez en bas de cet article une recette particulièrement savoureuse à l’attention de ceux qui auraient la chance d’avoir des grouses à déguster1.

Le dogmatisme écologiste détruit et ne protège pas

La chasse à la grouse se pratique dans les paysages superbes des landes d’Écosse et du Yorkshire.

Malheureusement, ce biotope est menacé par le dogmatisme de soi-disants protecteurs de la nature. Les récents incendies en Écosse démontrent encore une fois l’inanité de décisions prises par des autorités incompétentes sous la pression de lobbies dogmatiques. Celui qui a ravagé des milliers d’hectares dans la région de Cannich en juin dernier, et qui a été l’incendie le plus important jamais enregistré au Royaume-Uni, aurait pu être bien moins grave si la RSPB (Royal Society for Protection of Birds – l’équivalent britannique de la LPO) n’avait pas fait pression pour que le muirburn (incendies contrôlés) soit interdit. Depuis des lustres, les écossais pratiquent ce muirburn, il s’agit de déclencher des feux contrôlés et limités pour bruler l’excès de bruyère et créer des bandes pare-feu. Aux yeux des écolos verdâtres, cette pratique met en danger des espèces. Malheureusement, du fait de cette interdiction, les incendies gagnent en intensité car ils ont du carburant et rien pour les arrêter. Comme le disait un responsable agricole en 2019 à propos d’incendies du même type, aggravés par les mêmes causes : « les écologistes ont harcelé les agriculteurs et autres gestionnaires fonciers avec une législation draconienne qui détruit notre environnement et ne le protège pas ».2 Et, en effet, les espaces détruits par ces incendies mettront des années à retrouver une faune et une flore riche et variée. De surcroit, ces incendies relâchent des milliers de tonnes de C02 ; celui de mai 2019 dans le Flow Country aurait libéré environ 700 000 tonnes de gaz à effet de serre dans l’atmosphère selon le WWF.

Bien entendu les députés verts du parlement écossais se répandent dans les médias pour dire leur désolation, à l’image de Ariane Burgess qui déclare : « Mes pensées vont d’abord aux deux pompiers qui ont été blessés. Les Highlands sont en première ligne de la crise climatique, ne vous y trompez pas. » Chère madame, vous êtes responsable de ce désastre !

Et, évidemment la RSPB lance un appel aux dons à la suite de l’incendie de forêt de Cannich car le feu a détruit la moitié de leur réserve naturelle Highland Corrimony. Il y aura certainement des gogos pour donner quelques livres à ces gens qui sont responsables de cette catastrophe. Cela ne vous rappelle pas, Pont-Scorff, Valfanjousse et autres ratages de nos zozos français ?

L’interdiction du muirburn n’est qu’un alibi pour interdire la chasse

A l’inverse, les propriétés qui gèrent correctement leur terrain permettent de préserver un bon nombre d’espèces menacées comme le courlis cendré. Il suffit de parcourir des landes bien gérées pour se rendre compte que nous sommes dans un paysage protégé extrêmement riche. Le célèbre ornithologiste anglais David Scott a récemment fait un inventaire des espèces qui trouvent un biotope favorable dans une lande gérée pour la chasse à la grouse. Il déclare : « La lande est un bon exemple de la façon dont le succès de la reproduction peut différer selon la façon dont l’habitat est géré. Je surveille beaucoup de landes gérées et une zone comparative de landes non gérées. Les différences sont flagrantes, c’est le moins qu’on puisse dire. Je ne propose pas d’entrer dans un grand débat ici sur les deux systèmes, cependant – mes opinions personnelles sont basées sur ce que je rencontre sur le terrain et que je vois de mes propres yeux au quotidien3. » Il en dresse une liste impressionnante dans cet article que je vous invite à lire.

Les preuves scientifiques ne doivent pas céder le pas au dogme anti-chasse. Car, en effet, ce qui dérange les activistes de la RSPB, c’est que cette gestion de la nature est mise en oeuvre par des propriétaires qui pratiquent la chasse à la grouse. Pour détruire cette chasse, quoi de mieux que de détruire le biotope dans lequel elle se pratique ? Avec ce genre de militantisme de l’extrême, la RSPB démontre son totalitarisme et sa politique de la « terre brulée » (ce qui n’est pas qu’une figure de style en l’occurrence).

Pour eux, mieux vaut une terre détruite que des chasseurs heureux.

—> Lire aussi : Countryside alliance la défense de la ruralité en Grande Bretagne

Le Glorious Twelfth cible du parti travailliste

Comme en France, les partis de gauche en mal d’électeurs emboitent le pas des écolos extrémistes pensant compenser ainsi ce qu’ils perdent par ailleurs. Le parti travailliste, qui a bien changé depuis ses débuts et ressemble presque à notre LFI, s’attaque lui aussi à la chasse à la grouse. Il utilise les éléments de langage fournis par les activistes anti-chasse, à l’image de cette membre travailliste de la chambre des lords, Sue Hayman :

« Il existe des alternatives viables au tir à la grouse, comme le tir simulé et le tourisme animalier. Le moment est venu de revoir correctement cette pratique. »

Il est vrai que ses études de littérature, sa carrière dans une librairie puis dans les services sociaux en font une spécialiste incontournable de la faune sauvage.

D’ailleurs la « chasse simulée » ne vous rappelle pas la proposition de loi farfelue, loufoque, grand-guignolesque de ce député français (LREM) qui voulait interdire la vénerie et remplacer les cerfs par des robots qui « reproduiraient la forme et le comportement de l’animal chassé » ?

Qu’avons-nous fait pour devoir supporter un personnel politique aussi médiocre ?


Sources :

  1. Salade chaude de grouse au levain et Stilton
  2. North coast wildfire fuelled by rank heather due to lack of traditional muirburn
  3. Moor than meets the eye

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4 commentaires sur « Glorious twelfth, l’ouverture de la grouse. Les anti-chasse se déchainent. »

  1. Bravo Denis pour ce papier.
    Puis je ajouter que le brûlage contrôlé des bruyères a aussi pour objet la régénération de jeunes pousses indispensables à la nourriture des poussins dans les deux premières semaines!
    Amitiés

    Aimé par 1 personne

  2. Magnifique prose mon cher Denis; tu nous plonge ainsi au coeur de l histoire des moors avec l émotion qui va avec; j ai vu les chiens courir, j ai senti le vent souffler j ai entendu les cris lointains des hommes fort et fier forgés par ces immenses collines … Tu as pointé du doigt la dangerosité des petits intellos verts lorsqu ils utilisent les faiblesses de nos démocraties. Merci Dénis

    Aimé par 1 personne

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