La transhumance vient d’être inscrite au patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Cette pratique est à la fois un mode d’élevage naturel et respectueux, et un bénéfice pour la biodiversité et les paysages. Cependant, la présence des grands prédateurs menace cette pratique.

Une pratique vertueuse

Au-delà d’une pratique agricole, la transhumance est aussi l’expression d’un patrimoine vivant et une richesse économique et sociologique pour les régions rurales.

La transhumance est, non seulement, un garant d’élevage de qualité mais aussi un bienfait pour la biodiversité des zones concernées. Le pâturage régulier par le bétail contribue à maintenir certains paysages ouverts, en empêchant la prolifération excessive de la végétation. Cette pratique favorise par conséquent la biodiversité tout en minimisant le risque d’incendies, en particulier dans les zones du sud de la France grâce au débroussaillage fait par les troupeaux. Pour les communes, c’est un entretien gratuit de grands espaces.

« La France, don du ciel pour une part, mais aussi travail de générations de paysans qui l’ont amoureusement “faite”, policée, jardinée. »

Raymond Delatouche1

Pour les paysans, cela permet de libérer des parcelles sur lesquelles ils peuvent produire du fourrage pour l’hiver. L’herbe est un véritable piège à carbone et sa consommation évite de faire appel aux céréales. Avec le pâturage naturel, chacun est gagnant : l’agriculteur et l’environnement.

En montagne, ces grandes étendues d’herbe rase pâturées l’été par les animaux retiennent le manteau neigeux en hiver et limitent ainsi les risques d’avalanche. Enfin, dans les zones inondables, les prairies absorbent l’eau en cas d’inondation et limitent le ruissellement.

Une pratique en danger

Cette inscription ne doit pas être synonyme de mise au musée, bien au contraire, il faut que ce soit l’occasion de donner un nouveau souffle et de mettre en oeuvre toutes les mesures pour pour que la transhumance perdure.

Les ministres de l’agriculture et de la culture se félicitent de la nouvelle et déclarent dans un communiqué qu’ils soutiendront les politiques publiques visant à protéger cette pratique, par exemple du « risque de prédation par le loup ».

Nous savons que la montée en estive est abandonnée dans beaucoup de secteurs. La raison en est simple ; les grands prédateurs revenus sur notre territoire mettent cette pratique et la viabilité économique de beaucoup d’élevages en danger2. L’addition est lourde pour les éleveurs comme pour le contribuable. Plus de 12 500 animaux reconnus prédatés par le loup3 l’année dernière et plus de 33,9 millions d’euros dépensés :

  • 3 490 000 € pour l’indemnisation des pertes
  • 30 420 000 € pour la mise en place des moyens de protection

Souhaitons que les paroles soient, pour une fois, suivies d’actes et que les sonnailles puissent se faire entendre encore longtemps dans nos campagnes.


Références

  1. La chrétienté médiévale, un modèle de développement, éditions Téqui ↩︎
  2. Des crocs dans les montagnes. Pyrenees-Pireneus ↩︎
  3. Face au loup, les éleveurs abandonnés : le coup de grâce porté à notre pastoralisme ↩︎

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