Le Glorious Twelfth est sans aucun doute une date emblématique dans le calendrier des chasseurs. Hélas, au Royaume-Uni, comme en France, les mensonges de nos opposants volent encore plus vite que les grouses. Vous trouverez ici quelques éléments qui permettront de distinguer la fiction des faits.

Voici 12 mensonges couramment entendus au sujet de la chasse à la grouse et de la gestion des landes. A chacun d’entre eux est apportée une réponse claire et scientifiquement étayée.

Mensonge 1 : les landes non gérées sont plus accueillantes pour la biodiversité que les landes gérées

Vérité : Les landes à tétraonidés1 sont des refuges incroyablement importants pour la faune et la flore.

Les landes gérées par les gardes-chasse accueillent jusqu’à cinq fois plus d’espèces d’échassiers en danger, y compris le courlis cendré, une espèce emblématique menacée au niveau mondial.

Une étude sur les oiseaux nicheurs des hautes terres dans certaines régions d’Angleterre et d’Écosse a révélé que les densités de pluviers dorés et de vanneaux huppés étaient jusqu’à cinq fois plus élevées sur les landes à tétraonidés gérées que sur les landes non gérées. Le nombre de courlis a doublé sur les landes gérées et le chevalier gambette s’est également avéré plus abondant.

Mensonge 2 : les landes à grouse provoquent des inondations

Vérité : Ce sont les conditions météorologiques extrêmes qui provoquent les inondations, et non la gestion des landes.

Loin de chercher à créer des landes plus sèches, les gestionnaires savent que lorsqu’il s’agit de landes à tétraonidés, « plus c’est humide, mieux c’est ». Les inondations peuvent être limitées en bloquant les fossés de drainage historiques, en restaurant les zones de tourbe nue et en réintroduisant les sphaignes2.

Mensonge 3 : le brûlage contrôlé détruit les réserves de carbone

Vérité : les recherches montrent que le brûlage contrôlé peut fixer le carbone sous forme de charbon, augmenter la diversité des espèces de sphaignes qui absorbent le carbone et réduire les émissions de méthane (qui contribuent au changement climatique) par rapport à la fauche.

Dans de bonnes conditions, le brûlage contrôlé peut protéger les tourbières et aide à atteindre les objectifs en matière d’émissions nettes zéro carbone.

Mensonge 4 : les grouses sont un gibier d’élevage

Vérité : la grouse est un oiseau véritablement sauvage qui ne peut être élevé et relâché. On ne les trouve que dans les îles Britanniques et elles sont étroitement associés aux landes de bruyère, car la bruyère est leur principale source de nourriture.

La gestion des terres contribue à créer un habitat où les grouses, ainsi que de nombreuses autres espèces figurant sur les listes des éspèces menacées, peuvent vivre et se reproduire. 

Cette chasse est une chasse de gestion adaptative3. Chaque année, les propriétaires font procéder à des comptages. C’est à l’issue de ceux-ci que sont décidés les quotas d’oiseaux chassables. Même si les chiffres ne permettent pas la chasse, l’investissement dans les terres, l’infrastructure et le personnel est toujours nécessaire. Seul le secteur privé fait cet investissement.

D’ailleurs cette année le Glorious Twelfth ne s’annonce pas glorieux à cause des mauvaises conditions météo du printemps. La grouse est un oiseau sauvage, contrairement au faisan et à la perdrix rouge, sa population n’est pas maintenue ou augmentée par des lâchers d’oiseaux qui ont été élevés ou qui ont éclos en captivité. Nichant au sol, elles sont particulièrement vulnérables pendant la saison de reproduction, et le froid et l’humidité constants d’avril et de mai ont entraîné l’échec de nombreux nids. Bien que les grouses puissent avoir une deuxième couvée si la première est perdue, nombre d’entre elles n’ont pas survécu au mauvais temps qui s’est poursuivi en juin et juillet, et les poussins qui ont éclos n’ont pas trouvé les insectes nécessaires à leur survie.

En conséquence, de nombreux domaines ne disposent pas de suffiemment d’oiseaux cette saison, et ont dû annuler la plupart, voire la totalité, de leurs journées de chasse. Ce n’est pas seulement un coup dur pour les propriétaires qui comptent sur ces revenus pour aider à compenser le coût de leur gestion ; cela entraînera également une perte de revenus pour toutes les personnes employées occasionnellement les jours de chasse, que ce soit comme rabatteurs, chargeurs, ramasseurs ou personnel de restauration. Les journées annulées auront également un impact considérable sur de nombreuses entreprises locales, avec des réservations d’hébergement et des recettes dans les magasins et les pubs considérablement réduites, sans les dépenses des chasseurs. Ce que beaucoup de gens oublient, c’est que la chasse aux grouses concerne des communautés entières dans les hautes terres. Pour celles-ci, il s’agit d’une partie importante de leur vie, à la fois d’un point de vue économique et d’un point de vue social, car cela permet d’attirer dans ces contrées des gens du monde entier.

Mensonge 5 : les landes à grouse sont à l’origine du déclin des busards cendrés et d’autres rapaces au Royaume-Uni

Vérité : les busards Saint-Martin et les autres rapaces prospèrent sur les landes à grouses. L’habitat et la régulation des prédateurs leur permettent de se nourrir et de se reproduire avec succès.

EN 2021, la Moorland Association a rapporté que le nombre de busards cendrés a atteint un niveau record grâce à la gestion des landes à grouse. Les chiffres indiquent qu’au moins 77 poussins se sont envolés de 24 nids, dont 19 se trouvent sur des landes à grouse.

De même, la population britannique de buses a augmenté de 465 % entre 1970 et 2015.  Globalement, sur les 18 espèces de rapaces qui se reproduisent régulièrement au Royaume-Uni, 15 sont actuellement en augmentation.

Mensonge 6 : le reboisement est la solution à tous les problèmes écologiques

Vérité : le reboisement est certes utile et profite des avantages de la réhumidification des landes. Mais c’est dans les landes à grouse et les terres agricoles qui les entourent que des espèces en danger, comme l’emblématique courlis cendré, souvent décrit comme l’oiseau le plus menacé du Royaume-Uni arrivent à survivre et à se développer ; pas dans les forêts.

Les questions écologiques sont sérieusement prises en compte par les propriétaires terriens. Au cours des dix dernières années, près de 3 000 km d’anciens drains agricoles ont été comblés pour réhumidifier la tourbe et l’équivalent de 2100 terrains de football ont été plantés. Grâce au travail environnemental effectué dans ces landes du nord de l’Angleterre, l’équivalent de l’émission carbone de plus de 33 000 voitures est éliminé de l’atmosphère chaque année.

Mensonge 7 : les récentes attaques contre la chasse ont été couronnées de succès

Vérité : Au cours des deux dernières années, les contestations des pratiques légales de chasse sont, en effet, devenues plus fréquentes et plus complexes, mais elles n’ont abouti à rien. Bon nombre de ces actions en justice se sont retournées contre leurs auteurs.

Les opposants à la chasse sont loin d’avoir gain de cause : une pétition demandant l’interdiction de la chasse à la grouse en battue a été rejetée à une écrasante majorité lors d’un débat parlementaire au début du mois d’octobre 2022.

Loin d’être utiles, leurs attaques sont contre-productives pour la biodiversité. En 2019, lorsque la chasse a été supendue, les prédateurs qui n’étaient plus gérés s’en sont donnés à coeur joie ; ils ont détruit d’innombrables nids, ravagé les cultures et attaqué le bétail.

Mensonge 8 : les landes à grouse sont le terrain de jeu d’une minorité et sont interdites au public

Vérité : un grand nombre de landes à grouse sont d’accès libre et le public peut profiter de ces espaces naturels.

La gestion des territoires de chasse aux tétraonidés est en grande majorité soutenue par des investissements privés et de fait nécessite peu d’argent public. De surcroit, ce travail de conservation ainsi que la chasse génèrent plus de revenus pour les communautés locales que toute autre alternative. Plus de 30 millions de personnes visitent chaque année les landes à grouses situées dans les parcs nationaux des Yorkshire Dales, du Peak District et des North York Moors. Ces paysages regorgent de vie et abritent une faune diversifiée.

Mensonge 9 : les grouses chassées ne sont pas consommées

Vérité : la grouse est un gibier délicieux et très prisé des chasseurs et des restaurateurs. La saison de cette chasse est attendue avec impatience par tous les gourmets de Grande-bretagne. Certains restaurants étoilés ont mis en place un système qui leur permet d’être livrés le soir de la chasse ou le lendemain matin.

Comme tous les gibiers, la grouse est une viande maigre, riche, polyvalente et très saine ; elle contient un tiers de moins de graisse que le poulet.

Mensonge 10 : les gardes-chasse sont souvent agressifs

Vérité : c’est plutôt l’inverse qui est vrai.

Les statistiques montrent que près des deux tiers des gardes-chasse du Royaume-Uni ont reçu des insultes et des menaces, voire ont été agressés en raison de leur profession. Leur investissement au profit de la nature et des communautés locales est exemplaire. A titre d’exemple, depuis 2016, ceux des North York Moors ont collecté plus de 100 000 livres sterling pour des associations caritatives locales. L’année dernière, ceux du Peak District ont éteint plus de 1 000 feux de forêt, contribuant ainsi à réduire le nombre d’interventions des pompiers.

Mensonge 11 : les incendies de forêt sont causés par les gardes-chasse

Vérité : selon Natural England, 92 % des incendies de forêt se produisent au printemps et en été, périodes pendant lesquelles le brûlage contrôlé n’est pas autorisé. Il ne l’est qu’entre octobre et avril dans les hautes terres et est strictement réglementé par la loi.

Les gestionnaires des landes à grouse sont bien équipés pour gérer les incendies et aident souvent les pompiers locaux à lutter contre les feux de forêt sur les landes.

Mensonge 12 : le Glorious Twelfth n’est qu’une partie de chasse pour super-riches

Vérité : le 12 août est une date emblématique qui est bien plus qu’une date de chasse.  Elle marque en effet l’ouverture annuelle de la saison de chasse au Royaume-Uni et c’est alors toute une communauté qui célèbre le dur labeur effectué tout au long de l’année pour la conservation de ces espaces naturels. 

Bien sûr, le 12 août ou Glorious Twelfth est réservé à quelques chasseurs aisés mais c’est l’occasion de lancer la saison car la chasse à la grouse ne se limite pas au 12 août et celle-ci se poursuit ensuite à des tarifs plus bien plus abordables permettant à beaucoup d’en profiter.


  1. Tétraonidé : nom de famille d’oiseaux galliformes des zones tempérées et froides de l’hémisphère Nord, aux tarses emplumés, aux doigts bordés d’écailles assurant un bon appui. (Exemple tétras, lagopèdes et gélinotte.) ↩︎
  2. Sphaigne : Mousse des marais dont la décomposition est à l’origine de la formation de la tourbe. ↩︎
  3. Cette gestion adaptative est prise en compte par les propriétaires et n’a nul besoin d’un organisme bureaucratique étatique pour décider si oui ou non on peut chasser. C’est toute la différence entre le pragmatisme anglais et la technocratie française. Un organe devant metre en oeuvre la gestion adaptative a été créé en France. Il comprenait des représentants des chasseurs, des naturalistes et des gens du ministère de l’écologie. Il a dû se réunir 4 ou 5 fois et a arrêté de fonctionner tellement les positions étaient irréconciliables. ↩︎

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Un commentaire sur « Pour en finir avec les mensonges sur la chasse à la grouse »

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