Le sanglier est un animal sauvage, superbe, farouche, intelligent, capable de s’adapter à tous les biotopes ou presque. C’est aussi un animal enraciné dans notre histoire et dans notre culture. Pour toutes ces raisons, il mérite bien plus de respect que beaucoup de chasseurs ne lui en accordent.
Le sanglier n’est pas un cochon !
Le respect commence par l’appeler par son nom. Arrêtons d’utiliser le terme cochon pour parler des sangliers ! Certes, ils sont cousins dans le règne des mammifères mais ce ne sont pas les mêmes animaux. Vous vous appelez Frédéric, votre cousin s’appelle Patrick, peut-on vous appeler Patrick ?
Les deux font partie de la famille des Suidae (porcins) Le code international de nomenclature zoologique les classe clairement comme deux espèces différentes. Le cochon domestique (Sus domesticus), possède 38 chromosomes alors que le sanglier européen (Sus crofa) n’en a que 36. Certes, ils peuvent s’hybrider et donnent naissance à des animaux à 37 chromosomes parfois appelés cochongliers. Vous savez, ces bêtes que les anti-chasse nous accusent d’avoir relâchés dans la nature pour assouvir notre frénétique envie de tuer…
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Marcassin, quartannier, bête de compagnie…
La richesse du champ lexical concernant le sanglier démontre l’intérêt, voire la fascination exercée par cet animal. Le nombre de mots utilisés pour en parler permet de bien le caractériser, chaque mot apportant des indications précises. Tout chasseur devrait les connaitre.
- Sanglier : animal mâle. Le mot vient du latin populaire singularis, de singulus, seul.
- Laie : femelle. Mot qui vient du francique lêka (haut allemand liehe)
- Laie suitée : femelle suivie de sa progéniture
- Marcassin : de 0 à 6 mois
- Bête rousse : de 6 mois à 1 an
- Bête de compagnie : de 1 à 2 ans
- Ragot : 2 à 3 ans
- Tiers-an : 3 à 4 ans
- Quartannier : 4 à 5 ans
- Vieux sanglier : 5 ans et plus
- Compagnie : groupe de sangliers toujours dirigé par une laie.
Quant à Keiler, mot d’origine germanique mais communément utilisé en France, il désigne un vieux mâle solitaire qui peut parfois être accompagné d’un page (jeune sanglier). Ce terme n’est donc pas à utiliser pour désigner le plus gros animal d’une compagnie comme on a pu le voir récemment sur le post d’une célèbre influenceuse…
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Un animal enraciné dans notre histoire
Le sanglier est présent dans la tradition hyperboréenne et dans de nombreux mythes indo-européens. La plus ancienne représentation connue d’un sanglier est une peinture de la grotte d’Altamira ; elle est d’époque magdalénienne. (Paléolithique supérieur, 12000 ans).
Dans la gaule celtique de nos ancêtres, c’est un animal qui revêt une importance fondamentale, il est abondament représenté sur tous les objets de la vie quotidienne et sur nombre de monnaies.


Dans la religion et les mythes
Le symbolisme religieux du sanglier est aussi très marqué chez nos ancêtres les gaulois (car oui, ce sont bien nos ancêtres malgré ce que disent ceux qui veulent nier notre passé et notre identité). Peut-être est-ce parce que cet animal se nourrit en particulier du gland, le fruit du chêne, qui est l’arbre druidique par excellence.
Les mythes et les légendes celtes abondent de héros ou de rois devant combattre des sangliers. La légende irlandaise de Diarmat nous parle du sanglier de Benn Gulbain qui a tué cinquante guerriers avant d’être mis à mort par le héros.

Dans la célèbre histoire d’amour entre Isolde, la fille du roi d’Irlande, et Tristan, un chevalier de Cornouailles, le sanglier est présent aussi. Le bouclier de Tristan représente un sanglier et Isolde rêve de la mort d’un grand sanglier, ce qui est interprété comme le présage de la fin de Tristan.
Dans un des épisodes du cycle arthurien, le héros avec l’aide d’Arthur et de ses chevaliers doit combattre le sanglier Twrch Trwyth afin d’obtenir la main d’Olwen fille du géant Yspaddaden.
Ces chasses épiques servaient à l’initiation des jeunes hommes et menaient les héros vers l’accomplissement de leur destin. Le sanglier symbolise aussi l’hospitalité, l’abondance et servait de repas dans l’Autre Monde où il se renouvelait perpétuellement.
Le sanglier faisait partie du repas mortuaire, la consommation de cette viande assurait la renaissance, la jeunesse et la santé. C’est pourquoi il est nourriture sacrificielle lors de Samain, le 1er novembre, fête du dieu Lug.

Contrairement à ce qui est montré dans les albums d’Astérix, le grand gibier n’était pas une nourriture quotidienne pour les gaulois. Leur alimentation carnée était surtout issue d’animaux d’élevage.
Les Romains, eux, étaient friands de sanglier. Ils le chassaient beaucoup et même parfois dans des parcs comme cela est rapporté par Pline l’ancien. Sa consommation donnait lieu à de somptueux banquets, que l’on peut voir sur certaines mosaïques. Le plus célèbre de ses banquets est le festin de Trimalcion, dans le Satiricon de Pétrone. L’animal y est présenté aux convives de manière spectaculaire à travers une mise en scène rappelant la chasse.
Dans la tradition guerrière

Les Celtes admiraient les redoutables qualités agressives du sanglier, et sa capacité à se défendre jusqu’à la mort. Il en est venu à symboliser le courage, la bravoure et la férocité qui faisaient la réputation des Celtes. Il est utilisé comme symbole guerrier ou d’appartenance à une tribu. Des statues de sangliers accompagnaient souvent des images de guerriers armés et des représentations de sangliers ornaient les épées, les boucliers et les casques. De nombreux guerriers portaient des peaux de sangliers lorsqu’ils partaient au combat.
C’est sa représentation que l’on utilise pour les carnyx, ces trompes de guerre celtiques de l’âge du fer (entre 200 avant J.-C. et 200 après J.-C.) dont le son répandait la terreur sur les champs de bataille.

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Bonjour. Bel article sur ce vigoureux animal. Alors vivent à la grecque tous ces chasseurs qui agrainent et se clôturent ? Cela déshonnore ce beau trophée et notre fière activité. Laissons nos campagnes se reposer l’hiver, ouvrons, guettons. Faisons confiance à cette force de la nature qu’est le sanglier et conservons notre oeil vif de chasseur !
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Très bon article ! Très bien documenté et expliqué !
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Merci !
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Très bel article, bien documenté
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