Les loups sèment la panique aux Pays-Bas

Depuis l’été dernier des loups causent de gros problèmes dans la province d’Utrecht aux Pays-Bas et en particulier dans une forêt appelée « les collines de la crête d’Utrecht » qui est une zone très fréquentée par les promeneurs et les familles de la région. Chiens dévorés, enfants attaqués, les autorités locales ont décidé d’interdire les promenades dans ce massif.

En juillet, c’est un caniche qui a été emmené par un loup sous les yeux de sa maitresse, un peu plus tard, une petite fille en promenade avec un centre aéré a été attaquée et une autre renversée. En août, un autre chien a été agressé et mordu. Bien entendu, il faut ajouter à cela les attaques sur le bétail des éleveurs qui sont nombreux dans la région.

Les autorités ont décidé de fermer provisoirement une partie du bois et déconseillent “aux promeneurs (avec ou sans enfant) et aux propriétaires de chiens” de s’y promener.

—> Lire aussi : Vautours, loups, les nuisances du réensauvagement

Les citadins commencent à ouvrir les yeux

Cette mesure est peu appréciée par la population. Les commentaires des hollandais dans la presse en font état. Comme celui-ci envoyé au quotidien De Telegraaf : “Un domaine naturel a été fermé, et on risque 100 euros d’amende si on s’y aventure. Les meutes de loups grossissent et s’étendent. Soyons clairs : dans un pays densément peuplé comme les Pays-Bas, le loup n’a pas sa place !”

Tant que les attaques ne touchaient que les éleveurs, la population était assez perméable au discours habituel à propos des loups (bienfait pour la biodiversité, il faut apprendre à vivre avec, la nature reprend ses doits… et autres sornettes débitées par les admirateurs du prédateur). Mais les attaques de l’été sur des promeneurs et les restrictions qui ont suivi agacent le hollandais moyen. C’est assez typique du citadin qui ne commence à s’émouvoir que si son petit confort est en danger.

« Je me méfie un peu de ces citadins qui vivent complètement en dehors de la nature, ne s’en rapprochent un peu que pendant les vacances, et l’exaltent d’autant plus facilement qu’ils sont mieux protégés contre ses coups ! »

Gustave Thibon – L’homme devant la nature

Le loup avait disparu des Pays-Bas depuis 150 ans et a réapparu « naturellement » en 2015. Les habituels spécialistes avaient alors assuré aux néerlandais que tout se passerait bien.

Évidemment les faits leur ont donné tort. A tel point que les autorités ont été obligées de publier ce communiqué : « Les experts en loups indiquent que les loups ne s’approcheront pas naturellement des groupes de personnes. Mais en même temps, il y a eu des exemples ces derniers temps où les loups se sont rapprochés de groupes de personnes, y compris des coureurs ou des cyclistes. Traduction : les experts sont incompétents. (NDLR)

—> Lire aussi : Changement de statut pour le loup en Europe

Le loup dans une pays très densement peuplé

L’enthousisame du début a donc laissé la place au principe de réalité. Hugh Jansman, écologue à l’université de Wageningue expliquait : « Jamais les loups ne se sont établis dans un pays aussi densément peuplé en humains et troupeaux. »

Il n’y aurait qu’une quarantaine de loups aux Pays-Bas, issus, selon les spécialistes, de souche d’Europe centrale pour les loups de l’Est du pays et de souche alpine pour ceux du Sud¹.

• Densité population en France : 105 habitants au km²

• Densité population aux Pays-Bas : 400 habitants au km², ce qui est la plus forte densité en Europe.

Si en France les loups peuvent aller et venir dans des zones peu peuplées, ce n’est pas le cas aux Pays-Bas. La France a une surface forestière de 17 millions d’hectares (soit 31% de sa surface totale) ; aux Pays-Bas, ce n’est que 310 000 hectares soit 9% de la surface du pays.

Le prochain petit chaperon rouge sera-t-il néerlandais ?

---

1. Le fameux loup italien que l’on retrouve aussi en Hollande… Incroyable cette capacité de déplacement ! A l’inverse, le loup espagnol, lui n’a jamais franchi les Pyrénées puisque les départements français frontaliers de l’Espagne n’en recensent aucun. Bizarre, vous avez dit bizarre, comme c’est bizarre… ↩︎