Les Landes n’avaient pas vu de loup depuis plus d’un siècle ; il a suffit de l’arrivée d’un seul de ces prédateurs pour que les éleveurs locaux décident de quitter leurs zones habituelles de pâturage. C’est tout un modèle économique et une forme d’élevage qui sont menacés.

L’arrivée du loup dans cette région a été officialisée par l’OFB dans un communiqué du 31 mars : « Dans le cadre de ses missions de suivi de la faune sauvage, l’OFB a détecté la présence d’un loup gris sur le territoire de la commune de Castets, dans le sud du département. » Les premières prédations avaient eu lieu en février, l’OFB a donc lancé une enquête qui a conclu à la présence effective du prédateur. D’après l’organisme et la préfecture, il s’agirait d’un individu isolé.

Les militants de l’observatoire du loup déclarent qu’il s’agit d’une louve et « quelle est en phase découverte du territoire, donc elle attaque les troupeaux. » Cet observatoire qui ne fait pas mystère de son parti-pris pro-loup trouve toujours des excuses au prédateur lorsqu’il attaque les troupeaux, phase de découverte, tir ayant désorganisé la meute, troupeaux non ou mal protégés, braconnage… Tout plutôt que de reconnaître la nocivité de l’animal.

Le maire de Castets est surpris.

Philippe Mouhel, le maire de Castets est surpris de cette arrivée inattendue. « Ce qui est plus surprenant, c’est que nous ne sommes pas, à Castets, frontaliers d’un territoire où le loup aurait déjà été repéré. J’aurai plutôt pensé qu’on allait le détecter en Haute Lande, plutôt qu’ici, où c’est finalement assez urbanisé, où il y a l’autoroute à proximité. »

L’OFB et surtout les associations pro-loup vont encore avoir du mal à expliquer cette arrivée surprenante. Selon l’observatoire du loup, le prédateur serait présent de manière « aléatoire » dans les Landes depuis 2014. Comment expliquer alors que cette soi-disant présence ne se soit accompagnée d’aucune prédation, ni d’aucune trace alors que, dès la première observation, des attaques ont eu lieu ? Toujours selon l’observatoire du loup, ce ne serait pas le seul animal présent dans les Landes. D’où leur viennent toutes ces informations ?

« On s’en va dès ce soir. »

Après trois attaques en moins d’un mois, Clément Grenet décide de ramener ses bêtes en Chalosse. Il décrit pourtant ces pâturages comme étant normalement « un paradis pour les brebis. »

Le pâturage est grillagé et entouré d’un fossé et pourtant le loup a attaqué. Les mesures de protection préconisées (chiens de protection, clôtures sécurisées, présence humaine renforcée, enclos de nuit systématiques) sont inefficaces. C’est d’ailleurs ce que constatait l’INRAE dès 20201. « Au fil des années, ils ont appris à contourner les moyens de protection, et surtout ils semblent ne plus craindre les humains proches du bétail. »

Une lutte inégale

Les éleveurs et bergers qui doivent faire face à cette situation se battent sur tous les fronts : contre le prédateur, contre l’administration, contre les militants pro-loups et contre une opinion publique majoritairement citadine qui n’a aucune conscience des conséquences de la prédation sur les éleveurs, et sur la pérennité de l’élevage. Tous les habituels défenseurs du « bien-être animal » confortablement installés dans leur canapé n’ont pas un mot pour les animaux d’élevage horriblement dévorés. Je les invite à constater par eux-même la réalité de l’expansion du loup en France grâce à la carte européenne de prédation2 qui est probablement l’outil le plus exhaustif en la matière.

Un modèle économique et une forme d’élevage en péril

Le loup met en dange toute une filière économique. Malgré toutes les déclarations du gouvernement, les coûteux plans loups successifs et les mesures d’accompagnement, les éleveurs ne peuvent pas lutter efficacement contre un prédateur qui n’a plus peur de l’homme et se joue des protections déployées sur le terrain. La moitié des attaques se déroulent en journée et en majorité sur des troupeaux protégés, parfois très proches des routes et des habitations.

Au plus fort de la saison pastorale il y a entre 700 000 et 900 000 ovins qui pâturent dans les zones à forte concentration de loups. Les études montrent que la part des ongulés domestiques peut monter jusqu’à 50% du régime alimentaire du prédateur à cette période qui est pourtant cruciale pour les éleveurs.

L’élevage en plein air est le garant d’une alimentation de qualité, accessible à tous, c’est un élevage respectueux des animaux et il permet le maintien d’une activité économique en mileu rural. De surcroit, il rend des services éco-systémiques importants.

La disparition des petites exploitations rurale a conduit à la disparition de l’activité humaine dans beaucoup de zones de campagne. Conséquences : les paysages se referment, la biodiversité qui est inféodée aux espaces mixtes disparaît et le risque d’incendie augmente. Avec le réchauffement climatique, la fermeture des paysages va vite devenir un enjeu important. Le pâturage permet de garder un paysage entretenu et des zones coupe-feu efficaces.

Qu’apporte le loup en échange ?


  1. Loup et élevage : bilan de 27 ans de coexistence ↩︎
  2. Carte européenne de prédation ↩︎

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