À l’époque médiévale, la fauconnerie était une activité prisée des grandes familles et un symbole de statut social pour la noblesse et le clergé. Elle est d’ailleurs représentée dans de nombreux ouvrages ou oeuvres d’art, du manuscrit de saint Grégoire à la tapisserie de la reine Mathilde, du traité de Frédéric II de Hohenstauffen au Livre du roi Modus et de la Royne Ratio d’Henri de Ferrière.

C’est l’empereur Frédéric II qui a écrit au milieu du XIIIème siècle, ce qui est aujourd’hui considéré comme le premier livre complet sur la fauconnerie, le « De arte venandi cum avibus » (L’art de la chasse aux oiseaux). Il lui a fallu plus de trente ans pour l’achever .

En raison du coût élevé de l’équipement et des oiseaux ainsi que du temps considérable nécessaire pour les entraîner, la fauconnerie était une chasse réservée aux grandes familles qui se devaient d’avoir un fauconnier attitré à leur service. De surcroit, les premières armes à feu de l’époque étant peu précises, la fauconnerie était le meilleur moyen de chasser des oiseaux.

Une grande variété de rapaces était utilisée

Le célèbre Livre de Saint Albans, publié en 1486, qui décrit la vie des gentilshommes du XVème siècle traite de chasse, d’héraldique et de fauconnerie. Dans ce dernier chapitre, il dresse la liste des rapaces utilisés et les classe selon la préférences chasseurs de l’époque on y trouve le pèlerin, le gerfaut, le faucon sacre, le faucon lannier, l’émerillon, le hobereau, l’autour des palombes et l’épervier. Comme aujourd’hui, les fauconniers médiévaux préféraient faire chasser les femelles, plus grosses et plus agressives.

Avec les faucons pèlerins on chassait perdrix, faisans, canards, outardes, oies, hérons, bécassines, grues et parfois le lièvre. On utilisait les petits faucons comme l’émerillon pour la chasse aux petits oiseaux tels que les alouettes. La langue d’alouette était d’ailleurs un met de choix très prisé des familles aristocratiques.

Une chasse aristocratique et féminine

La sélection et l’entraînement des oiseaux était difficile, long et coûteux, ce qui rendait cette chasse plus élitiste encore que la chasse aux chiens courants.  Cette dernière était considérée comme une pratique proche de l’entraînement militaire, c’est pourquoi les jeunes gens issus des grandes familles devaient y exceller. Ce n’était pas le cas de la fauconnerie qui était un loisir apprécié des chasseurs plus âgés et des dames de la bonne société. Beaucoup d’illustrations que l’on trouve sur les traités de fauconnerie de l’époque montrent des dames chevauchant un faucon au poing.

En Europe, cette forme de chasse était réservée aux familles régnantes mais en 1215, en Angleterre, une nouvelle charte forestière a permis à tout « homme libre » de capturer des jeunes rapaces au nid et de les entraîner à la chasse, alors qu’auparavant c’était un crime passible d’aveuglement. Cette autorisatioin ne concernait néanmoins pas tous les rapaces. Les « faucons aux « longues ailes » (gerfauts et pèlerins) étaient réservés à la noblesse, le citoyen moyen ne pouvait détenir que des éperviers et des autour des palombes, principalement utilisés pour procurer de la nourriture à leur propriétaire.

Certains rapaces pouvaient coûter des fortunes et étaient des cadeaux prestigieux que les familles aristocratiques se faisaient entre elles.

Ils étaient même parfois utilisés pour payer des rançons. Au cours d’une croisade à la fin du XIVème siècle, le sultan ottoman Beyazid avait capturé le fils de Philippe le Hardi, duc de Bourgogne. Une rançon de 200 000 ducats d’or lui a été proposée pour le récupérer, mais Beyazid l’a refusée et a exigé (et reçu) quelque chose de plus précieux à ses yeux : douze faucons gerfauts blancs.

Rapaces et chiens

Chiens et rapaces étaient parfois utilisés ensemble. Le chien (souvent un lévrier à cette époque) servait à lever les oiseaux qui étaient ensuite pris par le rapace. Pour réussir à atteindre une bonne complémentarité entre eux, ils arrivait que chiens et oiseaux soient élevés et nourris ensemble.

Comment le faucon pèlerin devient le rapace préféré des rois d’Angleterre

La préférence des rois d’Angleterre pour cet oiseau vient du roi Henri II. Lors d’une partie de chasse au pays de Galles, près du château de Pembroke, Henri qui avait amené avec lui un faucon norvégien de grande réputation, décida de le lancer sur un faucon pèlerin pour tester la valeur combative de son oiseau venu du nord. C’est le faucon pèlerin local qui l’emporta. Depuis ce jour, Henri II veilla à ce que sa fauconnerie royale soit régulièrement pourvue en rapaces de cette région précise du pays de Galles.


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