Les bonnes nouvelles pour la chasse sont tellement rares depuis huit ans qu’il ne faut pas bouder son plaisir. La ministre a reculé, sa mauvaise foi a été démasquée, ses arguments fallacieux ont été mis à mal, le dogmatisme anti-chasse a subi une défaite. Félicitons tous les acteurs de ce succès sans en oublier aucun, analysons cette séquence et faisons un peu de prospective.
L’union fait la force
La FNC a reçu l’aide indispensable des associations spécialisées comme l’ANCGE et l’UNACOM. Notre fédération nationale a pris en compte leurs succès juridiques (UNACOM contre certains arrêtés) et leur expertise naturaliste indiscutable (ANCGE). D’ailleurs le communiqué de la FNC du 27 juin au soir associe les logos de la FNC à ceux de ces associations (ANCGE, UNACOM, LSF).
La mobilisation immédiate des chasseurs, principalement dans les régions où la chasse au gibier d’eau est très présente, a certainement été aussi une des clés du succès.
Nous ne saurons jamais assez remercier tous ces chasseurs qui savent se mobiliser, s’organiser et militer pour notre passion.
Des groupes spontanés se sont créés et ont commencé à installer des pancartes, des banderoles, à interpeller les automobilistes sur les ponts de Normandie et de Tancarville… Les chasseurs de la baie de Somme dont nous connaissons tous le dynamisme (pour ne pas dire plus…) ont réactivé le collectif des Chasseurs en colère… Bravo et merci !
La levée de bouclier dans le monde politique
Des acteurs politiques de tous niveaux se sont insurgés contre ce projet d’arrêté. Des maires de communes rurales aux députés, sénateurs et président de région, beaucoup sont venus nous soutenir. Nous les remercions. Il y a deux leçons à tirer de cette séquence politique.
Dans un premier temps, il est indispensable de bénéficier de relais chez les élus. Putôt que de chercher à créer un CPNT bis qui ne fera jamais recette ou de présenter des listes vouées à l’échec à telle ou telle élection, il est plus efficace de bénéficier de soutiens au sein des partis politiques existants. C’est ce que font les animalistes et les anti-chasse pour faire avancer leurs thèses. Leurs rares succès sont d’ailleurs dus à cet entrisme (Dombreval chez les macronistes, Diard chez les LR…) et pas aux deux partis politiques ouvertement animalistes et/ou antispécistes (parti animaliste et REV) qui n’obtiennent aucun résultat électoral.
Dans un second temps, il est important d’analyser les soutiens politiques dont nous avons bénéficié.
Un seul groupe parlementaire s’est clairement prononcé contre cet arrêté. Un collectif de 42 parlementaires Identité-Libertés, RN et UDR a publié dans le JDD une lettre ouverte1 demandant à la ministre de renoncer à son projet.
Un président de région est monté au créneau, c’est Xavier Bertrand, tous les chasseurs de Hauts de France savent son soutien à la chasse ; il l’a démontré une nouvelle fois. Le président de la région AURA qui se targue pourtant de son soutien à la chasse a été étrangement silencieux tout comme le président de la région PACA, Renaud Muselier, pourtant chasseur lui-même. C’est dommage.
Quarante sept députés (sur 95) du groupe Chasse2 de l’Assemblée nationale ont signé un communiqué de presse3 pour s’opposer au projet de la ministre. Il faut noter qu’aucun des députés de gauche présents dans ce groupe ne l’a signé.
Le groupe d’études Chasse et Pêche du Sénat a, lui aussi, fait part de son désaccord en publiant un communiqué de presse très ferme. L’intervention du sénateur Cuypers (LR) lors des questions au gouvernement a été claire et nette, « Nous demandons le retrait de ce projet. »
Parmi les absents notables à cette mobilisation, notons celle des « influenceurs » chasse qui brillent par leur absence ou leur service minimum. Sans doute en train de préparer un prochain shooting photo…
Les résultats de la négociation
Le communiqué de presse de la FNC résume ce qui a été obtenu. Voici ce qu’il faut en retenir :
- Le canard milouin (pas malouin, madame la ministre) passe en gestion adaptative. Le moratoire le concernant est abandonné. La gestion adaptative va donc être relancée pour cette espèce, espérons que cela fonctionnera mieux que lors de la tentative de 2019-2020.
- Pas de moratoires non plus pour les cailles et les grives mauvis.
- La chasse de la grive ferme comme avant le 20 février et non le 10 comme voulu par la ministre.
- Pas de fermeture anticipée non plus pour les canards siffleurs, pilets, souchet et la sarcelle.
- Instauration de PMA (prélèvements maximums autorisés) pour les canards (hors colverts) et la caille des blés
- Canards : 25 canards par nuit de hutte – 15 canards par chasseur et par jour.
- Cailles : 15 oiseaux par jour et par chasseur.
- Ouverture de la tourterelle des bois au dernier samedi d’août ( quota à 10 560).
- La gestion des lagopèdes et bécassines reste au niveau départemental (SDGC).
- Instauration d’un moratoire pour l’eider (sauf à Saint-Pierre et Miquelon).
- Le courlis cendré et la barge à queue noire restent en moratoire pour une année.
- Et belle surprise, rétablissement pantes à alouettes et tenderies aux vanneaux…
Ne pas crier victoire trop tôt
Il y a une phrase importante dans ce communiqué :
« dans l’attente des prochaines négociations européennes qui auront lieu en fin d’année 2025 ».
ll ne faut donc pas crier victoire trop tôt. Il y a fort à parier que nos opposants, déçus de notre victoire d’étape, mettent toutes leurs force dans la bataille à venir. C’est là que nous devrons être attentifs et c’est là que la FACE doit jouer pleinement son rôle puisque c’est elle qui défend les intérêts des chasseurs au niveau européen.
- Gibier d’eau : le gouvernement doit cesser d’ignorer les chasseurs ↩︎
- Composition du groupe d’études : chasse et pêche ↩︎
- Communiqué de presse ↩︎
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Cher Denis,
Je lis toujours avec beaucoup de plaisir tes chroniques, et je partage souvent les avis et les commentaires qui sont les tiens ; fervent défenseurs de notre passion, je m’attache à comprendre les différences de cultures , de pratiques et de méthodes de chasse qui sont pourtant bien éloignés de ma Haute Saône natale. Toutefois je me bats pour les défendre, même si elles me sont bien étrangères. En revanche , je ne comprends pas cette remarque dans ton article ci dessus ; tu évoques ceux qui ont tenté un « CPNT bis » ou » des listes vouées à l’échec »….Je crois sincèrement que ceux qui l’ont fait , avaient d’excellentes intentions et, déçu par la politique et ceux qui la composent, ont tenté de défendre la chasse par une autre voie, avec des résultats somme toute décevant certes, mais ils ont tenté ! Alors , ne tombe pas dans ce journalisme poisseux qui consiste à dénigré les uns pour flatter les autres, surtout lorsque la chasse est gagnante dans ses combats. D’autant que tout ceux qui ont eu un jour leur tête sur une affiche électorale, ont eu cette occasion rare d’avoir une tribune et de défendre la chasse…et on fait avancé notre passion dans le bon sens. Tout ceux qui se sont battus un jour ont une part de responsabilité quand les choses vont mieux. Je te souhaite une excellente continuation et avec toujours le plaisir de te lire, bien amicalement, Ludovic BURI.
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