La maison Wenger, superbe établissement du canton du Jura vient de subir les remontrances d’un étudiant genevois choqué de voir certains gibiers « menacés » à la carte du restaurant étoilé. N’écoutant que son courage qui ne lui disait rien, le chef, Jérémy Desbraux, a décidé de retirer ces plats du menu proposé.
En Suisse, la cuisine de gibier est une tradition gastronomique bien ancrée ; chaque automne les grandes tables comme les établissements moins prestigieux offrent à leur clients l’occasion de déguster les délices issus de la chasse.
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Un étudiant « choqué ».
Le restaurant de la célèbre maison Wenger ne fait pas exception et propose entre autres grouses et bécasses. Un étudiant genevois dont on ne sait pas s’il s’est rendu compte de ceci en allant au restaurant ou en consultant la carte sur internet s’est dit choqué que ces espèces « menacées » soient proposées au menu. Il a donc écrit au chef pour lui dire qu’il trouvait « moralement » répréhensible de servir ces oiseaux aux clients.
Nous aimerions dire à ce parangon de vertu et arbitre des élégances morales que les grouses et bécasses proposées par le chef ne proviennent pas de Suisse mais de pays où elles ne sont pas considérées comme en danger, que la chasse des ces espèces est légale, même en Suisse et qu’il n’a pas à chercher à imposer ses critères moraux aux autres. Il lui suffit de ne pas aller dans cet établissement si cela ne lui convient pas.
Hélas, une certaine frange de la population a tendance à penser que ses choix personnels doivent être considérés comme le mètre étalon des comportements sociaux et ce type d’enfant gâté estime que le monde doit se plier à leurs caprices. Et bien non mon petit, vous pouvez hurler et tempêter autant que vous voudrez, vous n’avez aucune légitimité à nous imposer ce que nous devons manger.
Une réaction décevante
La réaction du chef de la maison Wenger est décevante. Il suffit qu’un activiste de salon lui fasse un reproche pour qu’il cède et annonce ne plus mettre ces espèces au menu. Ne serait-il pas plus digne de dire poliment mais fermement à cet étudiant d’aller faire un tour en Grèce ? D’autant plus que le site internet de cette belle maison annonce fièrement « Nous croyons fermement que l’authenticité du terroir et la richesse de nos traditions sont les fondements sur lesquels reposent notre savoir-faire, tant en cuisine qu’en accueil. » Et bien, puisque vous y croyez fermement, défendez ce terroir et ces traditions tout aussi fermement !
La seule remarque un peu agacée du chef a été de dire que les clients sont friands ce ces oiseaux et « qu’il y a davantage de demande que d’offre. Ce que nous n’achèterons pas, d’autres le feront. » Il ajoute fort justement qu’il y a des problèmes beaucoup plus importants et évoque les viandes du Brésil ou d’Argentine, produites dans des conditions socio-environnementales douteuses. « Des produits qu’on trouve dans bon nombre de restaurants suisses », déplore Jérémy Desbraux.
J’aimerais lui dire, qu’en cédant à cet étudiant, il l’a encouragé à reproduire son caprice dans d’autres établissements et qu’il n’a pas rendu service à ses collègues restaurateurs en capitulant en rase campagne.
Le politiquement correct est une forme de dictature douce et insidieuse qui déforme le réel, empoisonne les relations sociales et empoisonne notre manière d’appréhender le monde. Au lieu d’affirmer fièrement ses choix, on se pliera à la doxa ambiante qui est toujours le plus petit dénominateur commun. Au lieu d’être un exemple on devient un suiveur.
Nos sociétés occidentales sont prisonnières de ce politiquement correct qui, à force d’être démenti par le réel, est devenu une bousole qui indique le sud. Heureusement, ce mur de fausses certitudes est en train de se fissurer et nous devons tous participer à l’abattre pour retrouver le sens des mots, la liberté d’agir et la fierté d’être ce que nous sommes.
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L’on ne saurait trop regretter qu’un enfant gâté se méjuge en ayant la prétention, fort déplacée, de faire la leçon à un professionnel talentueux.
Tout porte à considérer que cet étudiant cherche désepérément à exister, et, pour ce faire, devrait se concentrer sur ses études au lieu de céder aux chimères des cercles bobos et/ou radicaux-écolos.
Que le chef d’un établissement prestigieux ait cédé à une démarche « lunaire » est regrettable.
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