Le 16 septembre dernier, Fleur Thomas, une éleveuse de Bonnebosq, dans le pays d’Auge, a retrouvé un des ses ânons dévoré par un animal sauvage. Elle est persuadée qu’il s’agit d’une attaque de loup. L’OFB et la préfecture le nient et réfutent cette hypothèse.

L’OFB et la préfecture nient une attaque de loup sans même attendre les résultats des analyses

Appelés sur les lieux de l’attaque, les agents de l’OFB ont procédé aux constatations habituelles, prélèvements d’empreintes et de crottes et ont annoncé qu’il faudra attendre six mois pour avoir des résultats. Ils ajoutent qu’il est peu probable qu’il s’agisse d’un loup. « Ce qui n’a pas permis de déterminer avec certitude la cause du dommage. Les éléments recueillis ne permettent donc pas de conclure formellement à une attaque de loup. » Comment peuvent-ils le savoir sans les résultats d’analyse effectuées par le laboratoire officiel Antagen ? Mystère…

Pour confirmer leurs doutes, ils mettent en avant qu’il n’y a pas de preuves de présence permanente de loup dans le Calvados.

L’éleveuse fait procéder à ses propres analyses

L’éleveuse n’accepte pas ces conclusions hâtives. « La façon dont la carcasse a été consommée et broyée est typique. Un renard ou un blaireau ne découperait pas aussi méticuleusement la cage thoracique. Là il faut avoir une puissance de mâchoire très importante. » Elle ajoute que le comportement du troupeau apeuré n’est pas cohérent avec la version officielle qui prétend qu’il s’agit d’un ânon mort-né dévoré ensuite par des charognards.

Fleur Thomas décide alors et fait procéder à des analyses génétiques par le laboratoire allemand FORGEN. Ces dernières, obtenues bien plus rapidement que celles du laboratoire français, concluent de manière catégorique à une attaque perpétrée par une louve.

OFB et préfecture nient l’évidence

Pris au piège, l’OFB et la préfecture ne veulent pas prendre ces résultats en compte et attaquent la crédibilité du laboratoire allemand au motif qu’il ne serait pas agréé en France pour pratiquer des analyses sur la faune.

Les relations houleuses entre l’OFB et le laboratoire allemand Forgen ne date pas d’hier. Rappelons-nous qu’en 2019, les autorités avaient déjà tenté de nuire à la réputation de FORGEN en lui faisant envoyer des échantillons falsifiés.

De plus, la présence de loups est confirmée depuis 2020 dans le Calvados. Il suffit, pour s’en rendre compte de consulter la Carte européenne de prédation, seul outil fiable en la matière car totalement indépendant des services de l’État.

La presse locale a-t-elle subi des pressions ?

A la suite des résultats d’analyses du laboratoire FORGEN, la presse locale a titré « Une attaque de loup confirmée chez une éleveuse dans le Pays d’Auge. » Quelques heures après, ce titre a été modifié ainsi « Suspicion d’une attaque de loup chez une éleveuse1. » La préfecture a-t-elle exercé des pressions pour changer le titre de cet article ?

Pourquoi cette attitude de la part des services de l’État ? Nier a priori et ne pas prendre en compte les évidences ne peut que les décrédibiliser encore plus auprès des éleveurs.

Il faut peut-être y voir l’influence de la nouvelle méthode d’estimation du nombre de loups en France. Ne pas admettre la présence permanente de loup dans le Calvados permet de ne pas inclure ce département dans le système de d’estimation et donc de minorer les chiffres. Les tirs de régulation étant un ratio (19%) calculé à partir de ces estimations, moins il y a de loups « officiels », moins il y a de tirs.

Il semble, qu’entre les éleveurs et le prédateur, l’OFB ait depuis longtemps choisi son camp. Pour preuve, le directeur de l’Office Français de la biodiversité (OFB) en région Provence-Alpes-Côte d’Azur-Corse qui déclarait en 2019 que « le loup a une mauvaise image à tort. »

Cette attaque sur un troupeau d’ânes confirme, s’il en était besoin, que ces animaux ne sont pas le moyen infaillible de protection contre les loups, contrairement à ce que voudraient nous faire croire les pro-loups qui cherchent par tous les moyens à éviter les tirs de régulation quitte à nous servir des fables, comme d’habitude démenties par le réel.

➠ Lire à ce sujet : Loups, la nouvelle méthode de comptage va-t-elle servir à minimiser les chiffres ?


  1. Suspicion d’une attaque de loup dans un élevage d’ânes du Calvados ↩︎

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6 commentaires sur « Loup. À quoi joue l’OFB en Normandie ? »

  1. L’OFB, dont les Inspecteurs de l’Environnement sont, pour environ 70% d’entre eux notoirement anti chasse, a, dès sa création, choisi son camp s’agissant du loup, et adopté un comportement sournois envers les acteurs du pastoralisme et les éleveurs en général, spécialement lorsqu’il s’agit de les indemniser des conséquences des méfaits du loup.

    Rien d’étonnant à cela, pour autant que l’on se remémore que l’ONCFS, prédécesseur immédiat de l’OFB, fut légitimement suspecté d’avoir, en son temps, favorisé passivement – (mais favorisé tout de même) – l’arrivée du loup dans l’arc alpin français à partir du Mercantour et Grand Paradis italiens.

    Là comme ailleurs, dans notre pays qui part à la dérive, « les dés sont pipés ».

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  2. Retour à la loi Grevy qui nous avait permis de vivre sans problème durant plus d’un siècle et sans que les écosystèmes soient pénalisés par son éradication. Les premières lois pour l’abattage des loups ont été prononcées pendant la révolution : 1). décret du 11 ventôse an III (1er mars 1795) 2) loi du 10 messidor an V (28 juin 1797) Cependant le loup continuant à occasionner de nombreux dégâts dont plusieurs attaques sur enfants, la loi du 3 août 1882 est promulguée par le président Jules Grévy, Cette loi met en place des primes d’abattage importantes dans le but assumé d’obtenir l’éradication du loup en France. Jusqu’en 1887 ce sont 4 712 primes qui sont versées. L’ampleur de la tuerie fait considérer cette loi comme le « coup de grâce » du loup en France. Le loup gris, traqué, massacré ou empoisonné, disparaît de France dans les années 1930. Il ne fait son retour timide que des décennies plus tard, en 1992[2], dans le parc national du Mercantour, à travers une expansion naturelle depuis l’Italie favorisée par l’exode rural et la protection de l’espèce.

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    1. Expansion naturelle ?
      Retour timide dans le Mercantour ?
      Non et non.
      Premières attaques autour du camp militaire de Canjuers en 1991 avant les observations « officielles » du Mercantour en 1992.
      Retour naturel. Non. Réintroduction !

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      1. Bonjour

        1 personne ne peut se revendiquer de la première attaque; La france fait 632 000 km²

        2 les loups italiens et espagnols surtout et accessoirement du nord n’ont aucun problème pour nous visiter et décider de s’installer

        3 la convention de Berne de 1979 et la directive européenne de 1992 ont proclamé la protection totale du loup ce qui a ralenti les velleités de les abattre.

        4 dés lors le loup comme tout animal sauvage a vite compris qu’il ne risquait rien et a conquis nos territoires en se multipliant et se répendant partout.

        5 des évasions accidentelles de parc animaler et d’autres provoquées par des illuminés sont connues et documentées

        6 des lachers des mêmes illuminés sont très probables

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  3. cette prédation me rappelle une attaque de lama en Lozère à Florac en 2016.
    « Les trois bêtes ont été attaquées sauvagement ce dimanche 9 octobre dans la soirée dans leur pré, deux sont mortes et une est très choquée. « 
    A cette époque j’avais obtenu les conclusions du propriétaire des lamas car le verdict était loup exclus.
    Extraits :  » Les conclusions de la DDT: « La cause de la mort de ces lamas reste indéterminée et la responsabilité du loup est écartée. ». (1er courrier)
    En m ‘appuyant sur un certain nombre d’arguments, j’ai demandé à la DDT de réviser le dossier. Suite à quoi j’ai reçu une réponse moins affirmative et expéditive que la première:
    «L’expertise a été quelque peu hâtive concernant l’exclusion de la mise à mort par prédation. Nous manquons d’information sur les cas d’attaque sur lama, et les caractéristiques de cette mise à mort restent très peu conventionnelles pour pouvoir attribuer ce dommage au loup avec certitude et rigueur scientifique. En conclusion: Il nous paraît justifié de réviser l’expertise portée sur ce constat en n’excluant pas la mise à mort par prédation mais sans pouvoir étayer une intervention par le loup. »
    Cordialement, Denis, je vous fait passer les conclusions par mail.

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