Le saccage de notre agriculture et de la pêche, le mépris du monde rural, les attaques incessantes contre la chasse, l’enlaidissement de nos campagnes par l’implantation d’éoliennes, tous ces thèmes viennent d’être mis sous les projecteurs de l’actualité…
Il s’agit d’une entreprise de déstructuration de notre pays, de déconstruction de notre mode de vie, d’effacement de notre patrimoine et donc de notre identité. Faire ce constat n’est pas suffisant, il faut en tirer des conclusions politiques.
Aujourd’hui, certains s’emparent de ces sujets et disent vouloir défendre le monde rural. Hélas, les annonces des uns et des autres se ressemblent toutes dans leurs insuffisances. Faire des constats est une chose, nommer la cause du mal et le combattre efficacement en est une autre. Il semble bien que les défenseurs de la ruralité aient des difficultés à aller au bout de leur raisonnement. Les mots d’ordre, les phrases, les slogans sont fades et se gardent bien de clairement désigner l’adversaire. Pour se débarrasser d’une mauvaise herbe, il ne faut pas seulement couper ce qui dépasse, il faut arracher les racines.
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Une France mal en point
Notre indépendance énergétique est en danger, les prix de l’électricité explosent à cause de l’embargo sur le gaz russe décidé par l’Union européenne et de la fameuse transition énergétique imposée par l’Allemagne avec le concours de la Commission européenne gangrenée par les verts et leur idéologie de décroissance.
La chasse est attaquée par des groupuscules animalistes et antispécistes qui ne représentent rien mais qui bénéficient de l’aide de la bureaucratie européenne qui, au nom de la biodiversité, restreint de plus en plus nos libertés.
L’agriculture française va mal. Au début des années 2000 elle était encore le premier exportateur mondial d’agroalimentaire devant les Etats-Unis. Elle occupe désormais la cinquième place. La crise de l’agriculture française est la conséquence de l’irresponsabilité des hommes politiques français qui se sont soumis aveuglément aux injonctions de la Commission européenne. Les agriculteurs sont matraqués par un système technocratique kaflkaïen et pour bien s’assurer qu’ils se soumettent, ils sont espionnés et harcelés par les agents des innombrables organismes que notre état sait créer avec tant de talent.
Le monde rural est délaissé et méprisé. Dans les campagnes, les services publics disparaissent, les écoles et les maternités de proximité ferment. Tout ceci alors que la France est la championne du monde des impôts avec un montant de prélèvements obligatoires représentant en 2022 46,1 % du PIB. Où va donc l’argent de nos impôts ?
L’actualité récente nous donne l’occasion de faire une comparaison. Dans sa grande mansuétude, le gouvernement annonce un plan d’aide de 150 millions d’euros pour le monde agricole. C’est exactement la somme qui a été injectée depuis 2014 dans le fameux quartier de la monnaie à Romans sur Isère au titre des plans banlieues. En trente ans, ce sont au total 100 milliards d’euros qui ont été dépensés au titre de ces « plans banlieues » successifs. Pour le résultat que l’on sait…
Nommer l’ennemi pour mieux le combattre
Le monde agricole est en crise. A qui la faute ?
Les pêcheurs du golfe de Gascogne doivent rester à quai. A qui la faute ?
Notre indépendance énergétique est en danger. A cause de qui ?
La chasse, la pêche de loisir, les traditions taurines sont attaquées. Par qui ?
Le monde rural est délaissé. Au profit de qui ?
Constater que la France va mal, que les politiques menées depuis trop longtemps nous conduisent à la catastrophe, s’offusquer des attaques contre notre agriculture, contre la pêche, contre notre patrimoine culturel sans nommer leurs auteurs et sans combattre les idéologies qui en sont la cause est inefficace et stérile. « La révolte des agriculteurs est l’expression d’une France qui refuse la vassalisation à l’Union européenne » dit Michel Onfray. En bon philosophe, il dit beaucoup en peu de mots et pose la vraie question. La France veut-elle encore exister comme Nation ou devenir une subdivision de l’Union européenne ? Il s’agit donc bien d’un combat pour notre existence. C’est la définition même du politique.
Certains disent qu’ils sont « fiers des traditions et des cultures dans lesquelles nous avons grandi. » Mais comment défendre nos traditions et nos cultures sans prononcer le mot identité ? Pourquoi ce manque de volonté ? Pourquoi cette pudeur ? Peut-être parce que les réponses font peur à la bien-pensance qui règne aussi dans nos rangs.
Dire non à une Union européenne devenue dictatoriale grâce aux renoncements de nos dirigeants serait politiquement incorrect ?
Rappeler qu’en 2005, les français avaient dit non par référendum au traité de Maastricht et qu’ils ont été trahis par leurs élus de l’époque serait politiquement incorrect ?
Dénoncer les décisions de la Commission européenne dans les domaines de l’énergie, de l’environnement et du patrimoine serait politiquement incorrect ?
Dire que tout ceci a été rendu possible par les votes combinés au Parlement européen de la gauche, des verts et du groupe Renew Europe auxquels appartiennent les députés du parti présidentiel serait politiquement incorrect ?
Dénoncer les partis politiques français qui ont accompagné et parfois précédé ces mesures serait politiquement incorrect ?
Dire que la France en rajoute avec cette fameuse « sur-transposition » de normes déjà ubuesques serait politiquement incorrect ?
S’attaquer fermement aux idéologies antispécistes et animalistes et montrer du doigt le travail de l’extrême gauche qui cherche la « convergence des luttes » au travers de combats sociétaux serait politiquement incorrect ?
—> Lire aussi : La liste rurale, bonne ou mauvaise idée ?
Mettre les mots sur les maux
Je ne le pense pas, bien au contraire. Ce qui serait incorrect ce serait de ne pas mettre les mots sur les maux. Ce serait de ne pas désigner l’adversaire. Entrer dans le combat politique sans vouloir faire de politique serait comme aller à la guerre sans armes.
Carl Schmitt disait : « La distinction spécifique du politique, à laquelle peuvent se ramener les actes et les mobiles politiques, c’est la discrimination de l’ami et de l’ennemi. »
La tiédeur, la mollesse, le consensus mou n’ont jamais donné qu’un résultat : la défaite. Pour être politiquement efficace, il faut nommer l’ennemi ; il faut dénoncer et combattre ceux qui veulent détruire notre identité en s’attaquant à tout ce qui la fonde.
On ne peut pas défendre un patrimoine et une culture sans défendre l’intégrité et l’identité du peuple dont ils sont issus.
—> Lire aussi : Je maintiendrai
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