Errare humanum est, perseverare diabolicum.

L’Alliance Rurale, anatomie d’une chute, pourrait-on aussi titrer. Dès les débuts nous avions émis des doutes sur l’utilité, les motivations réelles et les chances de succès d’une telle aventure. Depuis son lancement, cette liste accumule les déconvenues, et les erreurs tactiques. L’arrivée de Jean Lassalle, non seulement n’a pas convaincu – les intention de vote stagnent toujours à 1%, voire moins – mais plus encore, a contraint certains membres à quitter le navire.

Amateurisme et absence de programme

Oui, la France rurale a besoin d’être défendue et valorisée, oui, elle est oubliée, méprisée et délaissée mais, au vu des évènements récents, on peut se demander si c’est l’Alliance Rurale qui est la mieux placée pour la défendre.

On ne fait pas de politique sans programme. Un programme, c’est la mise en forme d’un corpus idéologique en vue de convaincre les citoyens et de gagner pour mettre en oeuvre ces idées. Or, l’Alliance Rurale s’est lancée sans programme car cette liste ne défend pas des idées mais juste un mode de vie. Ce n’est pas suffisant pour exister et encore moins pour convaincre. La défense d’un patrimoine ne peut être dissociée de la défense du peuple dont il est issu.

On ne se lance pas, non plus, dans une élection nationale sans structure en mesure de donner une assise locale et de relayer le message dans toutes les régions et les départements. L’Alliance Rurale n’a pas cette structure. Nous osons espérer que Willy Schraen ne comptait pas sur les fédérations départementales pour relayer et porter sa communication politique ; il y aurait mélange des genres. D’ailleurs, n’aurait-il pas été souhaitable qu’il démissionne de son mandat de président de la FNC avant d’annoncer sa candidature aux européennes ?

Si on ajoute à cela, des erreurs de communication et des erreurs tactiques, il ne faut pas s’étonner que les français ne soient pas convaincus. Tous les sondages d’opinion donnent la liste à 1% ou moins, que ce soit avant ou après l’arrivée de Jean Lassalle.

On peut aussi se demander si ce dernier est un atout ou un handicap pour la liste. Comme nous le disions plus haut, l’annonce de son arrivée n’a pas changé la donne dans les sondages. Les français le trouvent sympathique et authentique mais l’état de notre pays et la situation internationale demandent plus que l’accent du terroir. Est-il la bonne personne pour s’attaquer aux technocrates verts bien installés au sein des institutions de l’Union Européenne ?

Son arrivée a d’ailleurs provoqué le départ de quelques-uns des membres fondateurs de l’Alliance Rurale. S’agit-il de déception de se voir rétrograder à une position moins favorable ou de désaccords plus fondamentaux quant au programme, au positionnement politique et à la manière de gérer la liste ? Les divers communiqués montrent en tout cas que la rupture est actée et définitive. Étaler ses désaccords en public à quelques mois de l’échéance n’est pas bon, c’est même catastrophique.

Avec quel argent ?

La question de l’intendance est aussi importante. On considère qu’il faut de 1,5 à 2 millions d’euros pour lancer une liste aux européennes. L’Alliance Rurale a-t-elle cet argent ? Willy Schraen assurait que non et déclarait vouloir lancer une souscription nationale pour collecter les fonds nécessaires. Les élections ont lieu le 9 juin, c’est à dire dans moins de trois mois et cette souscription n’est toujours pas annoncée. C’est déjà trop tard. Faut-il en conclure que la liste est mort née et que l’aventure n’ira pas jusqu’au bout ?

Il faut savoir renoncer

Nous sommes de plus en plus nombreux à souhaiter que Willy Schraen prenne conscience de l’échec fort probable de sa liste et qu’il annonce son retrait. Les conséquences d’un mauvais score seraient encore pire que celles d’un abandon. Nous en parlions dans un article du 5 octobre qui analysait les conséquences d’un éventuel échec électoral.

Les risques de nous voir définitivement marginalisés et sans aucune influence auprès des élus et du gouvernement sont trop lourds de conséquences pour l’avenir de la chasse. Imaginez que l’Alliance Rurale obtienne un plus mauvais score que le Parti Animaliste…

Dire tout ceci n’est pas attaquer Willy Schraen. Il est un très bon président de FNC et a été la personnalité qu’il nous fallait en cette période où nous sommes attaqués de toutes parts. Il s’est battu sans compter pour défendre notre passion, et a obtenu des succès. C’est un homme combatif, sincère et honnête et nous avons eu beaucoup de chance de l’avoir à la tête de la FNC. Pourquoi se lancer dans cette aventure qui risque de plus nous desservir que de nous aider ?

5 commentaires sur « Alliance rurale, il faut savoir renoncer »

    1. Il faut quand avoir present à l’esprit que le RN n’est pas particulièrement pro-chasse et que nombre de ses cadres importants sont même opposés à notre passion
      Marine Le Pen n’aime pas la vénerie et le dit. Bruno Bilde et David Rachline relaient la propagande de AVA, ce groupuscule qui harcèle les veneurs. Il n’y a plus aucun défenseur de la chasse au bureau national depuis l’éviction de Paul Heni Hansen-Catta. La proximité du RN avec Brigitte Bardot influe sur la ligne de ce parti.

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      1. Quelques membres du bureau du RN ne sont pas représentatifs des électeurs RN, et, s’ils accèdent au pouvoir ils composeront avec leurs électeurs. Ici, en Touraine, la grande majorité des chasseurs vote RN. Il s’agit donc clairement d’une manoeuvre pour détourner ces électeurs patriotes. Schraen n’a d’ailleurs jamais fait mystère de sa proximité avec l’Elysée. Quant à Reconquête!, ils défendent farouchement la ruralité et ses modes de vie, dont la chasse. Là aussi, il serait très dommageable que ses sympathisants se fassent enfumer par la soi-disant Alliance Rurale.

        D’autant que, de toute façon, il est très clair qu’ils n’auront aucun député. En effet, pour avoir ne serait-ce qu’un député, il faut un minimum de 5% des voix (et scrutin à un seul tour). Et que, même si la liste n’explose pas d’ici les élections, ils savent très bien qu’ils ne feront même pas 1%. Or, ce ne sont pas les gauchos qui vont voter pour eux. Alors, quelle est la raison d’être de cette liste, si ce n’est pour déshabiller les listes des rares partis qui eux sont réellement attachés à nos traditions ?

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